"De la scène à la pellicule" de R Campos, A Carou & A Poidevin-Sélection Prix du Livre FM-Claude Samuel 2022

Le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel a retenu cet ouvrage pour La Sélection 2022 :

Le livre

Au début XXe siècle, le cinéma naissant entretient des rapports étroits avec le spectacle vivant. Les procédés du théâtre, de l’opéra, de la féerie, du ballet ou du café-concert sont alors employés dans les théâtres de prise de vue, ancêtres des plateaux de tournage. Les artistes et techniciens qui construisent les décors, fabriquent les costumes ou réalisent les trucages cinématographiques œuvrent aussi dans les salles de spectacle à Paris et en province. Les metteurs en scène de cinéma ont souvent été régisseurs de théâtres. Devant la caméra, les acteurs reprennent les mêmes gestes expressifs que sous les feux de la rampe. Des histoires identiques sont racontées sur les scènes ou à l’écran. À chaque instant, le cinéma des premiers temps puise dans des traditions scéniques anciennes des ressources nouvelles. 

De la scène à la pellicule documente et interroge la théâtralité du cinéma en France, notamment à partir de productions du Film d’Art, réalisées entre 1908 et 1912. L’ouvrage contient une centaine d’illustrations, de nombreuses sources inédites et deux DVD. Pour trois des 20 films restaurés, l’accompagnement musical originel a été réinterprété, enregistré et synchronisé, permettant pour la première fois de retrouver les conditions de projection d’origine. La musique de L’Assassinat du duc de Guise (Camille Saint-Saëns) est jouée par l’orchestre de la Haute école de musique de Genève dirigé par Laurent Gay, celles de L’Empreinte ou La Main rouge (Fernand Le Borne) et du Retour d’Ulysse (Georges Hüe) sont interprétées au piano par Anne Le Bozec. 

Sous la direction de Rémy Campos, Alain Carou, Aurélien Poidevin avec les contributions d’Iris Berbain, Rémy Campos, Alain Carou, Quentin Gailhac, Agnès Hospitalier, Priska Morrissey, Aurélien Poidevin, Valentine Robert, Frédérick Sully, Stéphane Tralongo et des entretiens avec Béatrice de Pastre, Anne Le Bozec, Laurent Gay et Didier Henry. 

3 questions aux auteurs :

• Quelle est la place de cet ouvrage dans vos carrières ?

Cet ouvrage résulte de la rencontre de deux champs de recherche, l'un en histoire de la musique, l'autre en histoire du cinéma : deux disciplines qui travaillent très rarement ensemble. Pour Rémy Campos et Aurélien Poidevin, il s'agissait de donner une suite à un ouvrage paru il y a dix ans (La Scène lyrique autour de 1900), en explorant cette fois ce que le cinéma pouvait apporter à la connaissance des techniques de tous ordres mises en oeuvres dans le monde du spectacle d'avant 1914. Pour Alain Carou, il s'agissait d'achever une recherche au long cours sur Le Film d'Art, entamée il y a 15 ans. C'est cette rencontre qui a permis, notamment, de réaliser la première restauration au monde des trois premiers films de l'histoire du cinéma à avoir été accompagnés d'une partition d'accompagnement originale. 

• Qu’avez-vous cherché à montrer avec cet ouvrage ?

De la scène à la pellicule se demande ce qu'est la "théâtralité" du cinéma des premiers temps, théâtralité souvent alléguée, voire dénigrée, mais rarement définie. Il s'agissait de saisir en quoi les artistes, les pratiques et les oeuvres scéniques ont nourri le cinéma naissant. La musique de scène et les spectacles musicaux occupent une place centrale dans cette investigation, du music-hall à l'opéra, de la pantomime au ballet.

• Quels sont vos prochains projets ?

Rémy Campos : Je vais continuer à explorer les images photographiques et filmées autour de 1900. Aurélien Poidevin : J’aimerais pouvoir continuer à explorer le fonctionnement de l’Opéra de Paris tout au long du vingtième siècle.
Alain Carou : J'aimerais travailler sur les documentaires involontaires que constituent nombre de films de fiction des premiers temps tournés en extérieurs.