Décès de Dominick Argento, compositeur américain reconnu pour ses opéras
Par Christophe DilysSon style musical, plutôt conservateur, plaisait plus au public qu'aux critiques, l'américain Dominick Argento est décédé le mercredi 20 février à son domicile à Minneapolis.
« For me, all music begins where speech stops. » (« Pour moi, la musique commence là où la parole s’arrête. »). Dominick Argento.
Cette phrase de Dominick Argento sonne comme un truisme, comme une de ces expressions qu’il est agréable de prononcer et de répéter comme un bon mot. Et pourtant, ce chant d’amour pour la voix prend tout son sens après examen affectueux du catalogue du compositeur américain. Toute sa vie, il aura à cœur de donner une mélodie à la voix américaine. Agé de 91 ans, Dominick Argento est mort ce mercredi 20 février 2019 à son domicile de Minneapolis.
Sa carrière semble presque anachronique, sortie du XIXe siècle : compositeur d’opéra, marié à la soprano qui assure la création d’un de ses cycles. Pour les Américains, il semble être un compositeur officiel. Dominick Argento est né à York en Pennsylvanie le 27 octobre 1927, de parents siciliens. Il intègre le Peabody Conservatory, sur les mêmes bancs que Hilary Hahn, Philip Glass ou encore Jessye Norman, d’abord en piano puis en composition, encouragé par Nicolas Nabokov (cousin de Vladimir). Il terminera son doctorat au Eastman School of Music.
Compositeur et professeur
Au Peabody, il rencontre la soprano Carolyn Bailey qui deviendra sa femme. Elle créera son cycle de mélodies Songs about Spring, et l’accompagnera à Florence lorsqu’il profitera de sa bourse de la fondation Guggenheim. En 1958, Dominick Argento est invité à enseigner à l’Université du Minnesota et en profitera pour honorer des commandes pour les ensembles locaux : le Minnesota Orchestra, le St. Paul Chamber Orchestra, le Guthrie Theatre et les Dale Warland Singers.
En 1963, il fonde avec l’écrivain John Olon-Scrymgeour le Center Opera Company et compose The Masque of Angels, un opéra en un acte. En 1971, le Center Opera lui commande Postcard from Morocco, un de ses opéras les plus donnés de nos jours : brillant, absurde, sans intrigue et parodique.
Le Center Opera Company est depuis devenu le Minnesota Opera, et accueille régulièrement des créations de Dominick Argento : The Voyage of Edgar Allan Poe en 1976, ou Casanova’s Homecoming en 1984.
Production surtout lyrique
Petite sélection pour mieux connaître Dominick Argento :
Cycle : Six Elizabethan Songs, From the Diary of Virginia Woolf, Songs about Spring.
Opéras : Casanova’s Homecoming, Miss Havisham’s Fire, The Voyage of Edgar Allan Poe, Aspern Papers, The Boor.
Sur son style : florilège de citations
Tradition
« Je suis sans doute un “traditionnaliste”. En réalité, je ne suis pas sûr que l’évolution de l’opéra doive se faire avec un langage plus complexe, plus avant-gardiste. »
« Les compositeurs que j’admire ont tous écrit de la musique pour toucher le public. »
Musique vocale
« La voix n’est pas qu’un instrument. Elle EST l’instrument par excellence, l’instrument original, qui fait partie de l’interprète plus qu’elle ne lui est ajoutée. »
Honneurs
Son cycle From the Diary of Virginia Woolf lui a valu un Prix Pulitzer en 1975. Il a également remporté, en 2003, un Grammy Award pour la meilleure composition classique contemporaine, Casa Guidi.