Décès de Jacques Vanherle, amoureux du chant choral et directeur de festival
Par Clément Buzalka
Le directeur du Festival Polyfollia de Saint-Lô s’est éteint dimanche 16 août. Jacques Vanherle, grand passionné de chant et très connu en Normandie, avait 71 ans.
En 2004, le Festival Polyfollia voit le jour à Saint-Lô, préfecture de la Manche. À sa tête, un passionné : chanteur, professeur de chant, et même auteur d'un livret d'opéra (Les 7 Péchés Capitaux) et de nombreux spectacles (Opérafolies) ou concerts de musique vocale scénarisée, Jacques Venherle crée son premier festival et il le dédie à sa plus grande passion. À cette époque, le chant est véritablement ancré dans les gênes du Normand depuis très longtemps. Tout jeune, il fait la découverte du pouvoir de la voix. Sa mère regarde la télévision et se met à pleurer devant une représentation de la Callas. Des sanglots qui marqueront à jamais Jacques Vanherle, comme il racontait en 2012 au micro de France 3 Basse-Normandie.
Enfant, il intègre un chœur de garçons et se perfectionne dans le chant. Tandis qu’il mène des études puis une première carrière de professeur de lettres classiques (littérature française, latin-grec), il active plusieurs réseaux internationaux pour faire la promotion du chant choral en Normandie et partout en France.
Un leitmotiv : rendre le chant choral accessible à tous
En Normandie, où il vécut toute sa vie, son CV en dit long, là encore, sur son amour du chant. Fondateur du Centre d'Art Polyphonique de Basse-Normandie, de divers chœurs, associations et festivals, membre de l'Institut français d'Art Choral, membre du conseil d'administration de la Fédération Internationale pour la Musique Chorale (CIM-UNESCO), il est un inlassable « déménageur culturel » qui partage son temps entre la pédagogie de la voix, l'organisation musicale et la direction artistique.
Jacques Vanherle était animé d’un désir : rentre la musique polyphonique - la plus ancienne comme la plus contemporaine - accessible au plus large public. Avec le Festival Polyfollia, dont il sera pendant dix ans le directeur artistique, il met en lumière des ensembles vocaux émergents, les présente aux professionnels de la diffusion (théâtres, festivals, radios, etc.) en même temps qu'à un très nombreux public d'amateurs qui participe à la fête.
« La voix est un vrai outil pour partager des émotions fortes. Et le chant choral est un des meilleurs moyens pour se faire plaisir avec sa voix, et être mieux dans ses godasses. » - Jacques Vanherle, en 2012, sur France 3 Basse-Normandie.
Un homme engagé
Aujourd’hui, son équipe, pour la plupart devenus amis au fil des éditions du festival, saluent un « organisateur hors-pair, créateur et directeur emblématique, infatigable défenseur du chant choral ». Défenseur également des petites structures, Jacques Vanherle militait pour la diffusion dans des « petits lieux » de Normandie, où il faisait jouer des jeunes chœurs internationaux.
À 71 ans, il laisse derrière lui un très fort héritage culturel en Normandie. « Il était aussi un homme de cœur, toujours prêt à se mobiliser pour les causes qui lui étaient chères, à aller jusqu’au bout. Il n’était pas un homme des demi-mesures. Il était notre ami », conclue le communiqué de son ancienne équipe. Dernièrement, Jacques Vanherle s’était mobilisé pour le milieu culturel libanais, frappé de plein fouet par une crise économique, sanitaire, et par une catastrophe industrielle (avec l’explosion meurtrière du port de Beyrouth).