Décès de la fondatrice du concours international de piano de Leeds, Dame Fanny Waterman
Par Aude Giger
La fondatrice du concours international de piano de Leeds est décédée le 20 décembre dernier à l'âge de 100 ans.
« Il était généralement impossible de lui refuser quoi que ce soit parce que la cause de la musique et des musiciens était sa passion ». Voici les mots choisis par la mezzo-soprano britannique Janet Baker pour évoquer Dame Fanny Waterman, disparue le 20 décembre dernier à l’âge de cent ans.
Fondatrice du concours international de piano de Leeds, elle laisse derrière elle le souvenir d’une pédagogue engagée, mais aussi d’une infatigable combattante : « elle avait un esprit fort et indomptable qui lui a permis à la fois de créer le Concours de Piano de Leeds et d’en déterminer la direction et les idéaux artistiques. Cela a eu un impact profond sur la vie et la carrière des jeunes pianistes, y compris la mienne », souligne le pianiste américain Murray Perahia, parrain du concours et lauréat en 1972, lors de sa quatrième édition.
C’est en 1961 que naît le projet d’une compétition internationale, dans la ville natale de Fanny Waterman. Celle-ci rend alors possible avec son époux le Docteur Geoffrey de Keyser et la pianiste Marion Thorpe la tenue d’une première édition deux ans plus tard en 1963… en dépit des réactions dubitatives manifestées à l’époque : un concours de cette ambition peut-il s’épanouir en-dehors d’une capitale, et plus encore dans une ville industrielle du nord de l’Angleterre comme Leeds ?
Le résultat controversé de cette première édition – le lauréat, Michael Roll, était un des élèves de la fondatrice – n’a su empêcher une très belle évolution dans le paysage international, rapidement consacrée par l’exposition de monuments du piano : Radu Lupu en 1969, Murray Perahia trois ans plus tard, Mitsuko Uchida et Andras Schiff en 1975, Boris Berezovsky en 1987… ou les français Michel Dalberto en 1978, Eric le Sage en 1990 et plus récemment David Kadouch en 2009.
Présidente et directrice de la compétition jusqu’à sa retraite en 2015, Fanny Waterman fut nommée officier de l’Empire britannique en 1971, commandeur en 1999 puis Dame commandeur en 2005. Elle aura marqué par sa droiture – lorsqu’elle interdisait à son jury de boire de l’alcool aux repas – ou par ses convictions et engagements, en réclamant notamment (avec succès) de porter le nombre de finalistes de trois à cinq, lorsque Radu Lupu avait été classé quatrième au deuxième tour de la troisième édition du concours.
Outre les souvenirs laissés aux nombreux participants du concours britannique, elle laisse derrière elle une méthode de piano « Moi et mon piano », développée dans une trentaine de volumes et largement diffusée à l’international.