Un petit séisme. Le 28 août dernier, le Théâtre du Châtelet, à Paris, annonçait le départ surprise de Ruth Mackenzie. La directrice artistique aurait été licenciée après un audit qui pointait des problèmes managériaux et financiers. Une personnalité qui, apparemment, divise…
Début septembre, une soixantaine d’artistes manifestaient leur soutien à Ruth Mackenzie dans une tribune publiée par The Guardian et La Lettre du Musicien. Parmi eux, le compositeur de musique électronique Rone. Il fut un des derniers artistes à avoir travaillé avec Ruth Mackenzie et explique son étonnement face au licenciement. "Pour moi, c’est vraiment un personnage un peu romanesque. C’est une personne rare qui m’a donné confiance. J’avais jamais travaillé avec des danseurs, c’était un projet assez ambitieux. Faire confiance à un jeune artiste, j’ai trouvé ça très courageux de sa part. Le spectacle a très bien marché. C’était juste avant le confinement. C’était complet. Pour moi il est vraiment lié à ce lieu et à Ruth Mackenzie."
Quand on lui parle de la brutalité évoquée de Ruth Mackenzie, Rone s’étonne "Je n’ai jamais été témoin de ça. J’ai assisté à beaucoup de réunions artistiques ou autres et Ruth Mackenzie était très à l'écoute, elle parlait peu. Je suis très surpris… Ça me dépasse complètement." Parmi les autres partisans, le metteur en scène anglais Martin Duncan précise qu’il a travaillé à maintes reprises avec Ruth Mackenzie et qu’il lui apporte un soutien sans faille.
Des méthodes controversées
Du côté des techniciens, ce serait plutôt une certaine souffrance qui se dégage comme l’explique Rémy Vanderheym, secrétaire général du Symptac, le syndicat national des professionnels du théâtre et des activités culturelles-CGT : "Pendant ces derniers mois, il n’y a pas eu d’élément particulièrement violent ou choquant, c’était plutôt une non prise en compte des équipes, le fait de vouloir travailler avec d’autres. Une incompréhension totale. Ils ont été mis de côté. Les choses se sont tendues et les salariés ont été en burn out_, ont été maltraités, les arrêts maladie se sont succédé. Il était temps qu’une décision soit prise par rapport à la dérive de ce management._"
Une personnalité qui divise
Pour ou contre Ruth Mackenzie, le sujet semble assez délicat. Bon nombre de personnes n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Quant au Théâtre du Châtelet, il a donné l’ordre à ses employés de ne pas évoquer le sujet pour l’instant. Enfin, Ruth Mackenzie, qui évoquait, le 28 août dans Libération, des formes de sexisme ou de xénophobie à son encontre, a décliné notre invitation sur la recommandation de son avocate. Il se murmure même que Ruth Mackenzie pourrait faire un procès, forcement retentissant, à son ex-employeur. Affaire à suivre…