Des nouveaux locaux pour les archives de Pierre Henry
Par Victor Tribot Laspière
Contrainte de quitter la maison dans laquelle étaient installés le studio et les archives de Pierre Henry, Isabelle Warnier, veuve du compositeur et directrice de l'association Son/Ré qui gère son oeuvre, vient de s'installer dans un nouveau local du 12e arrondissement de Paris.
Après la mort de Pierre Henry en juillet 2017, Isabelle Warnier, sa femme, avait été contrainte de quitter la maison du 32 rue de Toul (12e arrondissement de Paris). Le propriétaire lui avait laissé un an pour quitter les lieux puisque la maison doit être prochainement démolie pour laisser place à un programme immobilier. Mais il ne s'agissait pas d'une simple bâtisse, plutôt d'un véritable écrin pour l'oeuvre de Pierre Henry.
Le compositeur y était installé depuis les années 1970 et en avait fait un temple de la musique électro-acoustique et concrète. La maison accueillait son studio, ses machines ainsi que ses impressionnantes archives : des milliers de bandes magnétiques qui étaient la matière première des ses compositions. Malgré une importante mobilisation à l'époque, rien n'avait pu être fait pour sauver la maison de la rue de Toul.
Isabelle Warnier et Bernadette Mangin, assistante musicale de Pierre Henry, avaient lancé un appel à l'aide pour trouver de nouveaux locaux pour sauver les archives et le studio du compositeur. C'est désormais chose faite avec ces nouveaux locaux, situés 3 passage Hennel à deux pas de la gare de Lyon et trois pas de l'Opéra Bastille. La mairie du 12e arrondissement de Paris est venue en aide à l'association Son/Ré, dont le but est la diffusion et la promotion de l'oeuvre de Pierre Henry.
Isabelle Warnier ne cache pas son soulagement. « C'est une vraie bénédiction. Tout le patrimoine de Pierre Henry était stocké dans cette maison. Il y a encore un important travail à faire pour mettre en forme toutes ses archives. Il avait absolument tout gardé depuis le début de sa carrière. Et nous n'avions aucun lieu pour le faire ». Ces locaux, gérés par un bailleur social de la ville de Paris, sont mis à la disposition de l'association au moins jusqu'en 2021.
Isabelle Baratti-Elbaz, maire du 12e arrondissement se réjouit qu'une solution ait été trouvée. « C'était important de trouver un lieu qui préserve cette ambiance toute particulière qu'on trouvait dans la maison de Pierre Henry. Et c'était fondamental que cela reste dans le 12e arrondissement ». Plusieurs des peintures concrètes du compositeurs sont accrochées aux murs, des panneaux-sculptures faites à partir de diverses pièces électroniques ou de parties d'instruments de musique. Quelques machines audio du compositeurs sont également installées. L'association envisage d'organiser quelques sessions d'écoute auprès de visiteurs, une petite quinzaine à la fois, faute de place.
Après plusieurs mois de pourparlers, Isabelle Warnier a confié l'intégralité des bandes magnétiques à la Bibliothèque nationale de France où les plus de 10 000 pièces seront numérisées. Le studio de Pierre Henry, lui, a été confié au musée de la musique, à la Villette. Il y sera présenté dans un tout nouveau espace interactif où l'on pourra écouter plusieurs de ses œuvres. Son inauguration est prévue pour le début du mois d'octobre 2019.
Pierre Henry sera également mis à l'honneur à la Philharmonie de Paris lors d'un week-end spécial du 20 au 24 novembre. Au programme, la Messe pour le temps présent, chorégraphiée par Maurice Béjart et interprétée par les étudiants de l'école supérieure du centre national de danse contemporaine d'Angers. Ainsi que la monumentale Dixième Symphonie - hommage à Beethoven, donnée pour la première fois dans une version pour orchestres et chœurs. A partir des 9 symphonies de Beethoven, Pierre Henry a élaboré un dixième opus. Trois chefs d'orchestres, deux orchestres et deux chœurs pour une oeuvre hors-norme.