La soprano américaine Jessye Norman est décédée lundi 30 septembre à New York, des suites d’une septicémie. Elle avait 74 ans, et c’est tout l’univers lyrique qui est aujourd’hui endeuillé.
Sa voix, sa présence, ses interprétations. Si la soprano américaine Jessye Norman nous a quittés, les souvenirs de la cantatrice ne disparaîtront définitivement pas. Sa famille a indiqué son décès, lundi 30 septembre, dans un communiqué transmis à l’AFP : « C’est avec une profonde tristesse et chagrin que nous annonçons la mort de la star internationale de l’opéra Jessye Norman ». La chanteuse a succombé à une septicémie, causée par les complications d’une blessure à la colonne vertébrale, à l’âge de 74 ans.
Une icône dans le monde entier
Née le 15 septembre 1945, à Augusta en Géorgie, dans un Sud encore ségrégationniste des Etats-Unis, Jessye Norman s’initie très tôt au chant, à l’église, au sein d'une famille qui milite pour les droits des noirs. L’opéra, c’est à la radio qu’elle le découvre, avec les voix de Rosa Ponselle, ou encore Marian Anderson, pionnière parmi les artistes lyriques noires.
Après des études de musique à Washington, à l’université Howard, elle part pour l’Europe et remporte le concours de l’ARD à Munich en 1968, avant d’être embauchée l’année suivante au Deutsche Oper de Berlin. Elle n’a alors que 23 ans et fait sensation dans le rôle d’Elisabeth dans Tannhäuser. Dans Aïda à la Scala, Hippolyte et Aricie à Aix-en-Provence, Didon et Enée à l’Opéra Comique, ou encore Les Troyens au Metropolitan Opera de New York en 1983, Jessye Norman conquiert les scènes du monde entier et devient une véritable icône du monde lyrique.
Elle multiplie par ailleurs les apparitions lors de cérémonies officielles. Démocrate, elle chante aux investitures des présidents américains Ronald Reagan et Bill Clinton. En 1986 elle chante pour le 60e anniversaire de la Reine Elizabeth II. Et s’il y a bien une image que le monde entier partage aujourd’hui, c’est son interprétation de La Marseillaise en 1989 pour le bicentenaire de la révolution française. Elle était drapée en tricolore place de la Concorde à Paris.
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Plusieurs fois récompensée, elle avait été décorée des mains du président américain Barack Obama en 2009. Elle venait de se retirer des scènes depuis quelques années.
Des hommages qui se multiplient
C’est la disparition d’une « soprano royale » titre le New York Times, une chanteuse « majestueuse » à la voix « somptueuse », « chatoyante ». Le journal qui revient sur sa carrière rappelle également son engagement contre le racisme, le modèle qu’elle représente aujourd’hui pour toute une génération d’artistes afro-américains, s’inscrivant elle-même dans la lignée de ses modèles, comme Marian Anderson qui lui avait permis de se dire que « chanter de l’opéra en français, en allemand c’était possible ».
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Le Metropolitan Opera « pleure Jessye Norman » indique l’institution au sein, qui lui a dédié représentation de Porgy and Bess de Gershwin le lundi soir. « C’est l’une des plus grandes artistes à avoir chanté sur notre scène » déclare son directeur, Peter Gelb. De nombreuses scènes saluent sa mémoire aujourd’hui, le Carnegie Hall, le Kennedy Center, tout comme ceux qui ont eu la chance de la partager avec elle, à l’instar de Philippe Jaroussky.
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« Nous nous souviendrons longtemps de Jessye Norman. De sa grâce inoubliable dans l’Aïda de Verdi, du temps qu’elle suspendait quand elle se produisait à Aix-en-Provence, de son émouvante Marseillaise pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989. Elle nous manquera. » écrit en France le ministre de la Culture, Franck Riester.
« Nous sommes fiers de ses réussites musicales et de l’inspiration qu’elle a été pour le public dans le monde », déclare sa famille. « Nous sommes également fier des causes humanitaires qu’elle a défendues ». L’école qu’elle avait fondée pour soutenir les jeunes artistes défavorisés socialement, la Jessye Norman School of Arts, fait part de sa grande tristesse aujourd’hui.
France Musique lui rend hommage au travers de ses programmes tout au long de la journée, et ce samedi dans Samedi à l'opéra, présenté par Judith Chaine.