L'événement est assez rare dans la musique traditionnelle indienne. Lors d'un festival, une formation entièrement féminine s'est produite sur scène. Plus rare encore : les musiciennes ont mélangé les deux principaux styles du pays.
En Inde, la musique traditionnelle est surtout une affaire d'hommes. Donc, quand un ensemble entièrement féminin s'est produit au festival Monsoon Nirvana début août, l'événement a eu droit à un long article dans le journal Times of India. De plus, cette formation, composée de sept musiciennes venues de tout le pays, a mélangé les deux principaux styles classiques indiens : l'hindustani et la musique carnatique. La scène du Monsoon Nirvana, qui se tient à Hyderabad, dans la moitié sud de l'Inde, était un endroit propice pour cette expérience. Le festival sert de tremplin à de jeunes talents et les incite à aller au bout de leur créativité.
La musique hindustani est plutôt jouée au nord de l'Inde, alors que la musique carnatique vient du sud. Les deux styles se retrouvent rarement joués sur la même scène, et encore moins au sein d'une même formation. De plus, les femmes sont peu présentes dans ces styles musicaux. Les parents et les gourous (maîtres spirituels dans la religion hindouiste) n'encouragent pas les jeunes jeunes filles à se tourner vers ces activités.
Un début de changement
Dans les colonnes du Times of India, une des artistes parle de « blocage mental » et de « mépris » de la part des hommes. Pour les femmes, les barrières qui mènent aux scènes musicales sont difficiles à briser, surtout quand elles ne sont pas issues de familles musiciennes. Le parcours est alors encore plus éreintant.
« En Inde, tous les domaines sont dominés par les hommes », poursuit une des musiciennes. Elle a cependant l'espoir que les choses évoluent dans le bon sens. Preuve de ce début de changement, le chanteur et compositeur indien Ilaiyaraaja a rendu visite à des étudiantes pour répondre à leurs questions. Quand l'une l'a interrogé sur le manque de femmes dans la musique, il lui a conseillé de rejoindre le milieu artistique afin d'y apporter du changement. Il a ensuite invité les jeunes femmes à chanter avec lui, brisant les barrières sociales qui cantonnent encore les Indiennes hors de la musique.