Entretien avec le pianiste Rodolphe Menguy, Prix jeune soliste des médias francophones publics

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Entretien avec le pianiste Rodolphe Menguy, Prix jeune soliste des médias francophones publics

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le pianiste Rodolphe Menguy a reçu le Prix jeune soliste des médias francophones publics
le pianiste Rodolphe Menguy a reçu le Prix jeune soliste des médias francophones publics

Le pianiste Rodolphe Menguy a remporté le Prix jeune soliste des médias francophones publics. Entretien avec un musicien en pleine éclosion, curieux et avide d'ouverture.

Vous venez de remporter le Prix jeune soliste des Médias Francophones Publics. Que représente cette récompense pour vous ?

C’est un grand honneur, et une bonne nouvelle qui est tombée la vieille de mon anniversaire ! J’étais ému et heureux du soutien apporté par France Musique. Cette belle récompense m’encourage à continuer dans une période un peu particulière.

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Comment occupez-vous ces mois compliqués ?

Je travaille pour des concerts qui auront lieu au printemps prochain : la Suite en la de Jean-Philippe Rameau, et les Miroirs de Ravel associés à la Première année de pèlerinage de Franz Liszt. Ce sont des pièces extraordinaires qui se répondent merveilleusement bien. Je prépare également un programme de musique hongroise avec des Rhapsodies hongroises de Liszt, des pièces de Kodaly et de Bartók. Et je me projette vers le concours Reine Elisabeth qui se tiendra en mai prochain.

Vous avez déjà été nommé révélation de l’ADAMI en 2018

C’est une grande chance d’avoir obtenu cette récompense, et un soutien solide. J’ai pu enregistrer des vidéos promotionnelles lors du festival Pablo Casals à Prades et m’y produire, ainsi qu’au théâtre des Bouffes du Nord en octobre dernier. La rencontre avec les autres révélations a été extrêmement enrichissante, autant humainement que musicalement, au même titre que mon passage à l’académie Jaroussky.

Vous cultivez d’ailleurs un goût prononcé pour la musique de chambre

Les œuvres solo et les pièces de musique de chambre forment un corpus complet qui nourrit le musicien, je ne fais pas de distinction. J’essaye de jouer dans des configurations les plus diverses possible, ce qui me permet de découvrir du répertoire incroyable, comme par exemple des partitions de Thierry Escaich, Charles-Marie Widor ou Marcel Dupré pour piano et orgue – une formation que j’ai constituée avec un ami, Quentin Guérillot.

J’ai très grand plaisir à jouer avec violon et clarinette, dans les Contrastes de Bartók par exemple, alors que la tendance serait plutôt de réunir le piano et la clarinette avec un violoncelle.

Le quatuor est la formation classique que j’affectionne le plus, elle offre un équilibre parfait entre les instruments, et l’alto apporte une assise incroyable. J’aime particulièrement le deuxième quatuor de Fauré dont la musique de chambre est peut-être l’une des meilleures choses du monde !

Comment s’est déterminée votre orientation vers une carrière professionnelle ?

La musique a toujours été une démarche naturelle, guidée par une envie très profonde ; j’ai commencé l’instrument à trois ans alors que mon père était professeur de piano. Puis j’ai travaillé onze ans au conservatoire de Boulogne avant de rentrer au Conservatoire de Paris en 2015 dans la classe de Denis Pascal. J'y ai suivi également un cursus en écriture, harmonie et contrepoint. J’ai obtenu mon Master en juin dernier et j’y étudie toujours en diplôme d’artiste interprète.

Vous avez été remarqué notamment à l’occasion du festival de La Roque d’Anthéron en interprétant l’opus 110 de Beethoven...

J’avais été sollicité pour participer cet été à l’intégrale des sonates de Beethoven. Cela fait quelques années que je travaille l’opus 110, c’est pour moi une des sonates les plus émouvantes. J’y trouve quelque chose de testamentaire, comme si l’on percevait le regard d’un compositeur sur sa vie. Cela se traduit à la fois dans la forme, et dans l’atmosphère qui s’en dégage : la façon dont on s’enfonce dans l’Adagio assez terrible, d’une profondeur et d’une extrême gravité, après un premier mouvement lumineux et presque méditatif. Puis la fugue en majeur émerge de cette gravité avec une citation de Bach.

Quel est votre répertoire de prédilection ?

Je ne souhaite pas me cantonner à peu de compositeurs, je veux développer un répertoire large et garder une ouverture – avec le piano c’est sans fin, on découvre toujours de nouvelles choses. Continuer d’aborder de nouvelles pièces, me produire sur scène autant que possible, et jouer avec des amis que j’apprécie et que j’admire : c’est ce qui m’importe aujourd’hui !

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