" Exposer la musique " d'Etienne Jardin - Sélection du Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2023

Sélectionné pour le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2023, " Exposer la musique. Le festival du Trocadéro (Paris 1878) " d'Etienne Jardin est publié chez Horizons d’attente.
Le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2023 a retenu cet ouvrage pour La Sélection :
Le livre
Avant de devenir un site iconique, le Trocadéro abritait une salle de concert aux dimensions exceptionnelles pour Paris (4700 places). Intégré au programme architectural de l’Exposition universelle de 1878, ce lieu accueille – dès son inauguration et durant cinq mois – l’un des premiers festivals en France dans le sens moderne du terme. Plus de cent auditions s’y succèdent pour présenter les différentes facettes de l’art musical français et étranger : pratiques professionnelles et amateurs, compositions contemporaines ou plus anciennes, chœurs et orchestres monstres ou formations de chambre. La musique ne sert plus seulement à embellir les cérémonies protocolaires. Il s’agit, bien au contraire, de l’exposer, en suivant l’exemple des beaux-arts. Comment se forme ce projet ? Et que nous raconte-t-il de l’époque qui le voit naître ? En s’appuyant sur un événement jusqu’alors peu étudié, ce livre revisite l’histoire du concert et y pose un nouveau jalon.
l’auteur
Étienne Jardin est le directeur de la recherche et des publications du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française (Venise). Docteur en Histoire de l’École des hautes études en sciences sociales, ses travaux portent sur la vie musicale au XIXe siècle. Il a cofondé la revue Transposition. Musique et sciences sociales et dirigé six ouvrages collectifs (parus chez Actes Sud, Brepols et Peter Lang). Exposer la musique est son premier livre personnel.
3 questions à Étienne Jardin :
- Quelle est la place de cet ouvrage dans votre carrière ?
Il y a quatre ans, en cherchant aux Archives nationales des informations sur la construction de la salle des fêtes du Palais du Trocadéro, je me suis trouvé face à de nombreuses liasses de documents relatives à « l’exposition musicale » de 1878. Il s’agissait d’un événement dont je n’avais presque jamais entendu parler et j’ai été très impressionné par la qualité de ces sources. L’idée de les exploiter dans une monographie s’est précisée assez vite quand Malika Combes, éditrice d’Horizons d’attente, m’a signalé son intérêt pour le sujet. Ce livre – qui est le premier que signe seul – me permet de pousser un peu plus loin les recherches sur le concert que je mène depuis quinze ans.
- Qu’avez-vous cherché à montrer avec cet ouvrage ?
Mon projet initial était de documenter au mieux cette série d’auditions si peu connue : la placer d’abord dans l’histoire du concert, puis décrire sa conception et ses réalisations, en prenant le soin d’identifier les artistes et les œuvres convoquées (tous les programmes peuvent maintenant être consultés en ligne sur le site Dezède dans un dossier dédié). Il me semble que cet ensemble constitue l’un des premiers – sinon le premier – grands festivals de musique contemporaine dans l’acception moderne du terme. Avec lui se dessine un lien entre les pratiques actuelles et celles du XIXe siècle. Cependant, au fil de l’écriture, une question supplémentaire s’est imposée : quand on expose des œuvres musicales, que montre-t-on ? L’influence des beaux-arts s’avère essentielle dans le développement de l’activité concertante : le musée et le Salon de peinture servent notamment de modèles. Cette constatation demande que l’on ouvre l’analyse des concerts – souvent restreinte à une étude de l’écoute ou du goût – aux aspects visuels.
- Quels sont vos prochains projets ?
Je suis actuellement en train de rédiger un texte sur le parcours du musicien Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910), pour un ouvrage dirigé par Peter Asimov et Yves Balmer. Avec la complicité de Martin Guerpin, je prépare aussi un livre collectif sur la vie artistique dans les casinos français (XIXe-XXIe siècle) qui paraîtra l’année prochaine. Je garde néanmoins en tête que l’histoire musicale du Trocadéro après 1878 (et jusqu’à sa destruction en 1937) reste à écrire.
Pour écouter Sous la Couverture de Philippe Venturini avec Etienne Jardin, c'est ici