Folle Journée de Nantes : 4 ans de prison avec sursis requis contre Joëlle Kerivin
Par Louis-Valentin Lopez, AFP
L'ex-directrice du festival comparaissait devant le tribunal correctionnel ce jeudi. Poussée à la démission il y a deux ans, elle est jugée pour abus de biens sociaux, abus de confiance et détournements de fonds publics.
"J'ai perdu pied partout, à tous les niveaux", a-t-elle expliqué à la barre ce jeudi, devant le tribunal correctionnel de Nantes. Quatre ans de prison avec sursis ont été requis par le parquet contre Joëlle Kerivin, l'ex-directrice de La Folle Journée de Nantes, poursuivie pour abus de confiance, abus de biens sociaux et détournements de fonds publics. Elle est accusée d'avoir détourné quelque 232 000 euros appartenant à la Société anonyme d'économie mixte (SAEM) La Folle Journée, et quelque 61 000 euros appartenant à l'Espace Simone de Beauvoir, un espace de défense des droits des femmes, qu'elle présidait.
"Quatre ans, même si bien sûr, c'est quatre ans avec sursis, c'est signe que le parquet estime que les faits sont largement constitués et qu'il n'y a pas d'excuses à trouver à Madame Kerivin", a indiqué Emmanuel Cheneval, avocat de René Martin, le fondateur de La Folle Journée. Les réquisitions sont "sévères" et "soulignent bien, à la fois la gravité en termes de montant, mais aussi la gravité qui tient compte du fait que Madame Kerivin a visiblement organisé un système pour échapper à tous les contrôles et trahir la confiance de tous ses partenaires", a-t-il ajouté.
"J'ai commis l'irréparable"
La défense, relatent nos confrères de France Bleu Loire-Océan, pointe la fragilité d'une personne surendettée, persuadée de pouvoir rembourser ses dettes et allant jusqu'à faire des faux pour simuler leur remboursement. "Elle travaillait beaucoup trop et elle a totalement perdu pied en terme de dépenses, ce qui l'a amenée à commettre l'irréparable, comme elle dit", a tenu à souligner l'avocat de la prévenue, Maître Arié Alimi. Tout au long de l'audience, Joëlle Kerivin, vêtue d'une longue veste beige et de lunettes noires, s'est effectivement confondue en excuses, expliquant avoir "fait n'importe quoi" et "commis l'irréparable" . "J'ai perdu pied partout, à tous les niveaux" et "j'ai abîmé des gens qui me sont très chers" , a expliqué Mme Kerivin, qui est poursuivie pour des faits survenus entre 2014 et 2021.
La ville de Nantes avait porté plainte pour irrégularités comptables et attendait "de savoir où avaient disparu ces plus de 300 000 euros d'argent public, de fonds publics prélevés par Mme Kerivin. On a un début d'explication, dans des vêtements (...) dans des brushing", a indiqué Christophe Boog, l'avocat de la ville. Le parquet a demandé d'obliger Joëlle Kerivin à indemniser les victimes. Il a part ailleurs requis un an de prison avec sursis simple et 12 000 euros d'amende pour le commissaire aux comptes, également poursuivi dans cette affaire. Le jugement a été mis en délibéré au 4 mai.