Franz Schubert : dix (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur

Publicité

Franz Schubert : dix (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur

Par
Wilhelm August Rieder, Portrait de Franz Schubert, 1875
Wilhelm August Rieder, Portrait de Franz Schubert, 1875
© Getty - Photo By DEA / A. DAGLI ORTI/De Agostini

Compositeur prolifique mais très mauvais enseignant, âme solitaire mais très entourée : voici dix petites choses que vous ne savez peut-être pas sur le compositeur de « L’Inachevée ».

Né en 1797 à Vienne, Schubert est le compositeur romantique par excellence. L’amour, la nature et surtout la mort sont ses thèmes de prédilection. D’un naturel calme et réservé, ses compositions sont le fruit de ses émotions.  

Elève de Salieri, compositeur précoce et âme tourmentée, voici dix (petites) choses à savoir sur le compositeur de La Jeune fille et la mort. 

Le petit champignon 

Schubert est connu pour sa petite taille, 1m56 seulement, qui lui permet d’échapper au service militaire. Trapu, ventripotent et avec une masse épaisse de cheveux bouclés, ses amis à le surnomment affectueusement « Schwammerl » qui signifie petit champignon. Quant à son caractère, en dehors de quelques fulgurances « brèves et concises [qui] révélaient une bonne dose d’humour », le compositeur reste un homme sérieux, silencieux et solitaire, qui rit rarement mais reste malgré tout souriant. 

Publicité

Schubertiades  

Le compositeur de La Truite réunit autour de lui un groupe d’amis -  éternellement célibataires comme lui - dont il est très proche. Tous  sont des artistes aux compétences hétérogènes et variées qui aiment à travailler ensemble. Ils se retrouvent régulièrement au cours de «  schubertiades », soirées où ils boivent, dansent, chantent et s’adonnent à diverses activités artistiques. 

« Schubert sut faire chanter les mots et parler la musique » Grillparzer, dramaturge autrichien.

Premier compositeur free-lance 

Franz Schubert a la particularité d’être le premier compositeur qui ne dépend  pas des commandes. Avant lui, tous occupent des postes tels que ceux de maître de chapelle ou concertiste en parallèle des commandes qu’ils reçoivent. Bien qu'il en soit techniquement capable, sa timidité ne le  pousse pas à entamer une carrière de concertiste. Quant au professorat,  il en eut une très mauvaise expérience et préféra rester libre de composer selon son bon vouloir.   

Une grande rapidité d’exécution

Son décès brutal à seulement 31 ans ne lui aura laissé que très peu de temps pour composer. Cependant, il est d’une efficacité redoutable et est capable écrire un lied en trente minutes. Aujourd’hui, le catalogue Deutsch recense 1009 œuvres achevées dont vingt-et-une sonates pour piano, quinze quatuors, près de six cents lieder, sept messes, presque dix symphonies... 

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Son autre métier 

Avant la fin de ses études, il est contraint par son père d'obtenir un diplôme d'assistant-instituteur pour qu’il l’aide dans son travail. Il s’avère que Schubert n’a pas la fibre pédagogique et n’hésite pas à «  rosser » ses élèves lorsqu’ils perturbent son cours par des bavardages qui l’empêchent de composer. Il parvient tout de même à écrire une symphonie, des lieder, un opéra, etc. Il ne compose pas moins de 144  Lieder dont vingt-huit pour le seul mois d’août 1815 incluant Le Rois des Aulnes. 

Echecs amoureux 

Comme  le veut le canon du romantisme, l’amour doit être malheureux quand il  est exprimé. Malheureusement pour lui, Schubert ne sait que trop bien appliquer cette contrainte. Il ne peut épouser Thérèse Grob qu’il fréquente près de trois ans faute d’argent. A 21 ans, il tombe sous le charme de Josephine (Pépi) Pöckelhofer qui travaille comme lui pour la maison Esterházy. Trois ans plus tard, il s’éprend de son élève Caroline Esterházy, de huit ans sa cadette qu’il aimera jusqu’à sa mort. 

Une omniprésence de la mort 

Chez Schubert, l’idée de la mort parcours toutes ses compositions depuis ses débuts. En mars 1811, il compose son premier Lied, Hagars Klage, « la plainte d’Hagar » à partir du texte biblique d’une mère qui pleure son enfant mort. Pour un jeune garçon de 14 ans, ce sujet semble particulièrement sombre. Son plus célèbre lied le Roi des Aulnes reprend le poème de Goethe éponyme, qui narre la traversée tragique des bois d’un père et son fils qui rencontrent la mort.  

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

L’opéra, le grand absent

Lorsque l’on pense à l’œuvre de Schubert, on pense à sa musique de chambre, ses lieder, ses symphonies... Mais l’on omet (voire ignore !) qu’il a également composé des opéras et des singspiele. Il s’avère que le peu créés sont de véritables échecs, en grande partie dû à la mauvaise qualité des livrets que la critique fustige contrairement à sa musique qui elle, reste appréciée. 

Dépression is the new « psychisme schubertien » 

Connu pour sa santé physique fragile, il est probable que sa santé mentale le soit aussi : « mes productions sont le fruit de mes connaissances musicales et de ma douleur » écrit-il dans son journal. Brigitte Massin, autrice de sa biographie, emploie le terme de « psychisme schubertien » pour définir un esprit tourmenté traversé par une mélancolie constante. Ces caractéristiques s’apparentent aujourd'hui à ce que l’on nommerait probablement un état dépressif voire la dépression. 

Modeste ?

« Artistes ? Artistes ? Vous êtes des ménétriers ! Rien de plus ! Parce  que l’un mordille un bout de bois et que l’autre se gonfle les joues sur  un corps de chasse ! Vous appelez ça de l’Art ? […] Je suis un artiste, moi […] Je suis Schubert ! Franz Schubert ! […] Quand le mot Art est  prononcé, c’est de moi qu’il s’agit et non de vous ! […] ». Voici ce que répond Schubert après que des musiciens d’orchestre lui demandent de leur composer des soli. Loin de son image de compositeur calme et réservé, il lui arrive d’entrer dans des fureurs telles qu’elles effraient ses amis. Fort heureusement, le naturel revient au galop : après avoir fini son monologue, Schubert accepte finalement de composer pour les instrumentistes. Ouf.  

Bibliographie : 

LHOPITEAU-DORFEUILLE Michèle, Franz Schubert, La Musique du Cœur, 2019, Lormont, éd. Le Bord de l’Eau, coll. Toutes les clés pour explorer la musique classique, 208 pages. 

MASSIN Brigitte, Franz Schubert, éd. Fayard, coll. Les indispensables de la musique, 1993, Paris,