Grands hymnes américains : It’s All in the Game, un tube aux origines surprenantes
Par Léopold TobischEn 1958, « It’s All in the Game » arrive au sommet du hit-parade américain. Son compositeur est unique dans l’histoire de la musique populaire : il s’agit d’un ancien vice-président des Etats-Unis. Voici l’histoire du seul tube composé par un résident de la Maison Blanche, Charles G. Dawes.
Il est courant de voir passer à la Maison Blanche tous genres d’artistes et musiciens prestigieux, tels que Jascha Heifetz, Vladimir Horowitz, Arthur Rubenstein, Leontyne Price, Mstislav Rostropovich, Pinchas Zuckerman, Itzhak Perlman, Isaac Stern, Frank Sinatra, Earl Hines, B.B. King, Aretha Franklin, Lionel Hampton et Stevie Wonder. Mais il est moins courant de voir passer le nom d’un de ses résidents dans le hit-parade.
Accomplissement rare, Charles G. Dawes est le seul à avoir été vice-président des Etats-Unis, auprès de Calvin Coolidge (1925-1929), et à avoir composé parallèlement un tube qui a atteint en 1958 le sommet des hit-parades américains et britanniques. Un titre prestigieux qui s’applique dans l'autre sens puisqu'il est également le seul compositeur d’une chanson du hit-parade à avoir été vice-président ! Comme si cela ne suffisait pas, Charles G. Dawes reçoit en 1925 le Prix Nobel de la Paix : il est ainsi le seul Prix Nobel à signer la musique d’un tube de musique populaire.
La musique d’abord…
En 1911, alors banquier et président de la Central Trust Company à Illinois, Charles G. Dawes décide de noter sur papier une mélodie qui semble le suivre de manière incessante. Pianiste et flutiste autodidacte, il transforme sans difficulté ces quelques notes en mélodie qu’il intitule Melody in A major et montre sa création à son ami le violoniste Francis MacMillan. A l’insu de Dawes, ce dernier envoie la mélodie à son éditeur, et ce n’est que quelques mois plus tard que Charles Dawes découvre sa mélodie dans un magasin de musique à Chicago !
Surnommée Dawes’s Melody, la mélodie se vend à grand succès, au grand déplaisir de son compositeur qui se sent pourchassé par sa création. Mais d’autres semble adorer la simple mélodie, notamment le violoniste Fritz Kreisler, qui en fait un de ses bis réguliers :
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…puis les paroles
Trois décennies plus tard, la mélodie est toujours un succès parmi les musiciens américains tels que le tromboniste et compositeur Tommy Dorsey. C’est notamment la reprise de ce dernier qui inspire à son tour le célèbre auteur-compositeur Carl Sigman, collaborateur de Duke Ellington, Glenn Miller et Guy Lombardo. En 1951, il ajoute ses paroles à Dawes’s Melody pour créer la chanson d’amour « It’s All in the Game ». Plusieurs artistes enregistreront la nouvelle chanson, dont Dinah Shore, Sammy Kaye, Carmen Cavallaro, et Tommy Edwards. Mais hélas, Charles G. Dawes n’entendra jamais sa composition chantée dans sa nouvelle forme puisqu'il décède seulement six mois avant, en avril 1951. Sept ans plus tard, le chanteur Tommy Edwards décide d’interpréter de nouveau la chanson, maintenant dans un style plus proche du « rhythm & blues » qui domine alors les ventes musicales :
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Réinterprétation pleinement dans l’air du temps, la chanson grimpe à la première position du hit-parade. C’est ainsi qu’un ancien vice-président des Etats-Unis se retrouve au sommet des hit-parades américains et britanniques. Et depuis sa sortie en 1958, It’s All in the Game ne cesse de régulièrement regravir le hit-parade avec les nombreuses reprises par de tels artistes que Bing Crosby, Nat King Cole, Louis Armstrong, Sammy Davis Jr, Van Morrison, UB40, Liberace, Barry White, Isaac Hayes, Elton John et Barry Manilow.