Hommage au tromboniste et compositeur Curtis Fuller

Une série de tweets de jazzmen américains ainsi que du magazine JazzTimes et du label Blue Note nous apprend que le tromboniste Curtis Fuller s'est éteint samedi 8 mai à l’âge de 86 ans. Six décennies d’une carrière marquée par une ligne claire et des couleurs soul.
Orphelin très jeune, Curtis Fuller commence à apprendre le saxophone baryton, mais choisit le trombone en 1953 pendant son service militaire, qu’il accomplit en compagnie des frères Adderley et de Junior Mance. Libéré en 1955, il fait partie de l'orchestre de Kenny Burrell, puis l’année suivante de celui de Yusef Lateef. Après une expérience qui tourne court avec Miles Davis au Café Bohemia en 1957 à New York, il joue avec Lester Young avant de s’intégrer à la section de trombones du grand orchestre de Gillespie. Il signe à cette époque un contrat avec Blue Note qui lui permet d’enregistrer avec John Coltrane, Bud Powell, Clifford Jordan. Il joue dans la formation de James Moody avant de rejoindre Benny Golson et Art Farmer dans leur Jazztet.
Après une brève expérience à la tête de sa propre formation, il est appelé par Art Blakey pour faire partie des Jazz Messengers lorsque la formation est élargie du quintet au sextet. Il y restera jusqu’en 1965 avec une éclipse l’été 1961 pour une tournée sud-américaine au sein de l’orchestre de Coleman Hawkins.
Après une carrière de six décennies, “The Boss of the Soul-Stream Trombone” a joué avec tous les gens d’importance. Derniers en date, à la fin du siècle précédent, les membres du Timeless All Stars ou du Giant Bones qu’il formait avec Kai Winding. Après avoir eu des problèmes de santé en 1994, il a continué d’enseigner, notamment au New England Conservatory de Boston, et même d'enregistrer.
Avec sa sonorité ample et puissante, son jeu précis, ses notes bien détachées et surtout son aisance dans les tempos rapides, Curtis Fuller est un instrumentiste techniquement très au point qui se situe dans la lignée de J. J. Johnson. Son style s’est toutefois un peu alangui au fil du temps. Musicalement, son inspiration prend ses racines dans le blues. Mais Curtis Fuller ajoute à ses talents du puncheur funky, un sens de la mélodie qui innerve la plupart de ses improvisations, au cours desquelles il invente des phrases dignes d’un trompettiste.
(d’après François-René Simon - in Le Nouveau Dictionnaire du Jazz)