Incroyable couac au concours Tchaïkovski

Publicité

Incroyable couac au concours Tchaïkovski

Par
Au Concours Tchaïkovski, l’inversion de l’ordre des partitions de An Tianxu a gâché sa performance.
Au Concours Tchaïkovski, l’inversion de l’ordre des partitions de An Tianxu a gâché sa performance.
- Capture d'écran / Medici.tv

Le Concours Tchaïkovski s’est achevé le 27 juin dernier avec une victoire française au Grand prix de piano. Mais l’événement a aussi été marqué par un incident : l’inversion de l’ordre des partitions de An Tianxu, couac qui a gâché sa performance.

Concurrent au tour final du Concours Tchaïkovski de Moscou, mardi 25 juin, le pianiste chinois An Tianxu monte sur scène, prêt à jouer le Concerto pour piano n°1 (si b mineur) de Piotr Ilitch Tchaïkovski, suivi de la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Sergueï Rachmaninov. Mais c’était sans compter sur une erreur administrative, qui a complètement chamboulé l’ordre de la prestation. 

Installé sur sa banquette, fin prêt, il lance un signe de la tête au chef d’orchestre Vasily Petrenko. Mais ce ne sont pas les grands accords de Tchaïkovski qui résonnent. À sa grande surprise, c’est le thème rapide de Rachmaninov qui ouvre le bal. Et l’entrée du piano sur cette pièce est quasiment immédiate, impossible pour lui d’attirer l’attention du maestro. Cette vidéo est disponible sur le site Medici.tv.

Publicité

Malgré la frayeur et le stress, le jeune pianiste de 20 ans ne se laisse pas désemparer. Il continue sa représentation, se rattrape comme il peut pour rejoindre l’orchestre. Le Concours Tchaïkovski a rapidement publié ses excuses, expliquant qu’il s’agissait d’une « erreur grossière » dans la commande des œuvres.

L'employé fautif suspendu

Après cette bourde, le jury, présidé par Denis Matsuev, a invité An Tianxu à rejouer son programme, mais l’artiste a décliné. Il quitte alors le concours avec une très mauvaise note. Loin derrière le Français Alexandre Kantorow, 22 ans, qui s’est illustré dans le Concerto pour piano n°2 de Tchaïkovski et le Concerto pour piano n°2 de Brahms.

Dans la foulée, l’Orchestre symphonique de la fédération de Russie a annoncé que l’employé fautif, qui aurait échangé les partitions sur les pupitres des musiciens, était désormais suspendu. An Tianxu, quant à lui, a reçu le prix spécial du jury, récompensant sa confiance en lui et son courage après ces péripéties.

Une situation rare, mais déjà vue

La réaction de An Tianxu face à ce faux départ de l’orchestre rappelle le moment de solitude de Maria João Pires, en 1999. La pianiste portugaise donnait alors une représentation lors d’un « lunch concert » à Amsterdam. Pour l’occasion, l’artiste avait préparé le Concerto pour piano n° 9 (mi b majeur), dit « Jeunehomme », de Mozart. L’orchestre quant à lui, entame une autre pièce du compositeur, le concerto n°20. 

La réplique de Maria João Pires est sans équivoque. Elle se prend la tête dans la main, en appelle affolée au maestro Riccardo Chailly, qui se veut directement rassurant : « Je suis sûr que vous y arriverez. Vous le connaissez si bien ! »

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

En effet, quelques instants plus tard, la pianiste rejoint l’orchestre dans le bon concerto, grâce à sa mémoire musculaire. 

Corruption et altercations, le chaos de l’édition 1990

La pire année pour le Concours Tchaïkovski est sans aucun doute 1990. Une grève gangrène les rangs des musiciens moscovites et la société russe est dans le chaos. Pas assez d’instrumentistes pour accompagner les participants au concours, mais également pas assez de traducteurs. Ce qui provoque des situations étranges sur scène et beaucoup d’incompréhension entre les artistes.

Le réalisateur américain Bill Fertik, dans son documentaire « Le neuvième Concours international Tchaïkovski », montre un pianiste totalement désemparé face à un piano désaccordé, en pleine répétition générale. On suit également un autre soliste qui, dans une séquence surprenante, tente en vain de suivre le tempo anormal pris par le chef d'orchestre soviétique. On voit ensuite le soliste belge Johan Schmidt s’en prendre au maestro, à la fin de la représentation.

Durant cette même édition de 1990, des tentatives de corruption des jurés sont dévoilées. Certains avouent aussi avoir reçu des pots-de-vin de la part de parents de candidats. Des scandales qui poussent Oleg Skorodumov, le président du comité d'organisation, à suggérer que ce pourrait être la dernière compétition Tchaïkovski. Après la dissolution de l'Union soviétique, le concours a heureusement été maintenu par la Fédération de Russie sous les auspices du ministère russe de la Culture.