Jakub Józef Orliński : « Au fond, il n’y a que la musique qui compte »

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Jakub Józef Orliński : « Au fond, il n’y a que la musique qui compte »

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Le contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński
Le contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński
© Radio France - Lucie Bombled

Etoile montante de la scène lyrique, le contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński est en France pour la reprise de l'opéra Erismena de Cavalli à Saint-Denis. L'occasion de revenir avec lui sur une année de folle aventure, débutée par l'incroyable succès d'une vidéo de France Musique.

Jeune contre-ténor polonais de 27 ans, Jakub Józef Orliński a fait une entrée fracassante dans le monde de l'art lyrique. Vainqueur de nombreux concours de chant, il se fait remarquer à Aix-en-Provence en 2017 où il est lauréat HSBC de l'Académie du Festival. Sa carrière et sa notoriété font un bond grâce à une vidéo tournée issue de Carrefour de Lodéon sur France Musique, dans laquelle il chante un air de Vivaldi. Il s'apprête à sortir son premier disque solo chez Erato en octobre prochain. 

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France Musique : Il y a presque un an, vous étiez en France, au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, pour chanter dans Erismena de Cavalli. Et il y a eu cette invitation à participer au Carrefour de Lodéon sur France Musique, une prestation filmée qui a eu et continue d'avoir un incroyable succès sur Facebook et Youtube. Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé ce jour-là ? 

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Jakub Józef Orliński : Nous sortions de la première d’Erismena à Aix-en-Provence. Avec l’équipe, nous sommes allés fêter ça et j’ai reçu un message me disant que l’émission de Frédéric Lodéon cherchait un chanteur pour remplacer un invité ne pouvant plus venir. Seulement 5 minutes de chant pour combler l’émission. J’ai répondu oui tout de suite parce que j’adore chanter. Le lendemain matin, après une courte nuit, je me suis demandé si ma voix allait être assez en forme, notamment pour chanter un aria de Haendel. J’ai donc choisi de chanter Vedro con mio diletto de Vivaldi. Avant l’émission, j’ai demandé s’il fallait venir habillé comme pour un concert. On m’a répondu : « C_’est de la radio, sois toi-même et viens comme tu veux !_ ». Quand nous sommes arrivés avec mon pianiste, il y avait tout ce dispositif de caméras pour diffuser la vidéo en direct sur Facebook. Il faisait très chaud, c’est pour cela que nous étions habillés de façon très estivale. 

Cette vidéo connaît un succès incroyable. Plus de 2 millions de vues sur Facebook et plus d'un million sur Youtube. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ? 

C’est complètement fou ! Cela m’a énormément aidé à me faire connaître, surtout sur les réseaux sociaux. Il y a peu de temps, j’étais dans un avion direction Nantes et une femme m’a reconnu d’après la vidéo. J’ai pensé : « Oh mon Dieu, c’est incroyable ! ». Les gens ont adoré cette vidéo parce qu’elle est extrêmement bien réalisée. Le travail des ingénieurs du son est fabuleux et à l’image, nous paraissons tellement détendus et estivaux. C’est génial. 

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L’une des raisons du succès de cette vidéo est la façon dont vous êtes habillé. Short, basket, chemise ouverte, etc. Pensez-vous que cela puisse constituer une piste pour renouveler l’image de la musique classique ? 

En effet, et c’est ce que j’essaie de faire de plus en plus. Evidemment, il est important d’être bien habillé, de porter un smoking quand on chante dans une belle salle de concert. Mais il faut savoir aussi adopter une façon plus simple de faire lors d’événements plus détendus. Au fond, il n’y a que la musique qui compte. L’émotion et le message que nous envoyons doivent être vrais. 

Vous représentez une nouvelle génération d’artistes. Des jeunes gens décomplexés, à l’aise dans différents environnements, doués dans plusieurs domaines. Des artistes attachés à la tradition mais qui veulent lui donner un nouveau souffle et l’inscrire dans la modernité. Etes-vous conscient de cela ? 

Oui, je crois. Vous savez, il y a encore quelques années, je n’étais pas très fan d’opéra par exemple. Cela me paraissait trop figé, trop guindé. Ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait. Heureusement, j’ai assisté à certaines productions très modernes, où les chanteurs étaient très engagés. Ils ne faisaient pas que chanter sur scène. Et c’est ce que je cherche continuellement. Dans Erismena de Cavalli, c’est un vrai défi d’être à la fois chanteur, mais aussi acteur et danseur. Bien sûr, la musique prime. J’ai donc énormément travaillé ma voix pour être le mieux préparé possible pour la scène et donc pouvoir faire ce que je veux avec mon corps. Il y a de plus en plus d’artistes qui œuvrent en ce sens. 

Quel est votre programme à venir ? 

Beaucoup de choses sont en cours et j’ai très hâte que mon premier disque solo sorte. Ce sera le cas en octobre prochain. Il contient de nombreux airs rarement enregistrés, voire jamais. C’est un sentiment très curieux, de ramener à la vie des œuvres extraordinaires. Il y aura également de nombreux concerts pour accompagner la sortie du disque. 

Nous reprenons Erismena de Cavalli à Saint-Denis les 25 et 26 juin prochains. Il y a des concerts dans le sud de la France cet été. En octobre, je serai également à l’affiche de Rodelinda de Haendel à l’Opéra de Lille sous la direction d’Emmanuelle Haïm. Il y aura aussi des récitals à la Salle Gaveau à Paris, à la Chapelle royale de Versailles, avec l’ensemble Il Pomo d’Oro. 

Réécoutez l'interview de Jakub Józef Orliński, invité de Musique Matin sur France Musique :