Jazz au Trésor : Blindtest, Enregistrements insolites et surprenants, 1941-62
La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication chez Frémeaux de « Blindtest, Enregistrements insolites et surprenants, 1941-62 ».
Sous la houlette de Jean-Baptiste Mersiol, 22 curiosités sujettes à devinettes, un objet ludique mélangeant jazz, chanson française, histoire des techniques d’enregistrement et loufoqueries en tous genres. Envisagée comme un « blind test », cette anthologie est finalement un petit traité sur les expérimentations phonographiques des décennies 1940 à 1960. Enregistrements rares ou oubliés, balbutiements techniques, duos improbables, cet album porte bien son nom : « Blindtest, Enregistrements insolites et surprenants, 1941-62 »
Il est fort probable que nous ayons déjà entendu un grand nombre de ces chansons sans leur prêter l’attention particulière qu’elles méritent. Replacées dans leur contexte et leur histoire, ces plages sonores risquent de nous ouvrir des perspectives concernant les techniques de l’enregistrement sonore. S’agit-il d’une anthologie sur l’art sonore complétant celle qui sera prochainement éditée sur les débuts de l’enregistrement ? Est-ce un florilège de chansons surprenantes et inattendues dans l’histoire de la phonographie ? Est-ce une sorte de Saint Graal de raretés et de classiques réunis, indispensable à tous les passionnés de l’histoire de la musique ? C’est finalement peut-être un peu de tout cela qui est réuni dans un Blind Test ! Ce CD contient des moments d’histoire plutôt cocasses, des enregistrements improbables d’artistes dans les rôles ou les situations dans lesquelles ils n’avaient pas été forcément amenés à enregistrer.
- Sidney Bechet – The Sheik of Araby (1941)
Ce titre est considéré comme étant le premier enregistrement employant la technique « multipistes ». En effet, en 1941, Sidney Bechet a enregistré ce titre complet, seul, en jouant lui-même la clarinette, le saxophone soprano, le saxophone ténor, le piano, la batterie et la contrebasse l’un après l’autre. On attribue souvent à Les Paul l’invention de cette technique mais cela est faux. Bien entendu, le nombre de superpositions d’instruments implique une forte baisse de la qualité sonore dans cet enregistrement, ainsi nous entendons très peu la batterie qui est quasi effacée dans l’ensemble.
- Line Renaud – Sexe (1960)
Line Renaud déploie le mot « sexe » à plusieurs reprises dans ce titre minimaliste qui trouve sa place dans son album « Au casino de Paris ». Comme en France, cet album a également connu un grand succès aux Etats-Unis. Elle y interprète aussi des titres avec le Golden Gate Quartet. Ce disque reste une référence dans le monde du jazz, bien que devenu rare en France, des extraits sont régulièrement disponibles sur des compilations américaines.
- Dean Elliott & His Big Band – You’re the Top (1962)
Dean Eliott enregistre en 1962 un album concept : « Zounds what sounds ! ». Il y a ici une véritable ambiance de dessin animé absolument hilarante et bluffante. Le label Capitol a produit beaucoup de disques de jazz et de musique lounge dans les années cinquante et soixante mais celui-ci reste certainement le plus inventif de tous.
- Dean Elliott & His Big Band – Lonesome Road (1962)
La particularité de cette chanson en est tous ces bruits de bouche ajoutés dans l’orchestration. Ceux-ci ont été ajoutés sans truquages.
- Georges Brassens & Patachou : Maman, Papa (1952)
À la première écoute, il est possible d’avoir un doute en se demandant qui chante en compagnie de Patachou. Nous reconnaitrons finalement Georges Brassens qui enregistre ce duo en 1952 avec la chanteuse qui l’a révélé en le faisant jouer dans son célèbre cabaret Parisien. C’est étonnant, en effet, d’entendre l’auteur du Gorille avec un orchestre complet, lui qui en général s’accompagnait uniquement de sa guitare avec tout au plus la compagnie de son contrebassiste.
(textes de Jean-Baptiste Mersiol, extraits du livret de l’album)