Jazz au Trésor : Bob James - Once Upon A Time, The Lost 1965 New York Studio Sessions

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Jazz au Trésor : Bob James - Once Upon A Time, The Lost 1965 New York Studio Sessions

Par
Bob James
Bob James
- Tom Copi

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication chez Resonance/Pias de « Once Upon A Time » révélant des enregistrements du pianiste Bob James en 1965. Un souffle d’air free.

Né sous une bonne étoile avec l’oreille absolue, le 25 décembre 1939, Bob James avait été découvert par Quincy Jones en 1962 alors qu’il était encore étudiant. Membre du jury qui le vit participer à un concours d’orchestres d’universités du Michigan, Quincy le fit immédiatement enregistrer chez Mercury. Le free jazz manifesté dans ce « Bold Conceptions » indique bien l’ouverture d’esprit du mentor… 

Cet album allait impressionner George Klabin, aujourd’hui patron de Resonance Records (cf. les inédits de Nat King Cole, Wes Montgomery ou Bill Evans sortis ces dernières années) et alors étudiant à la Columbia University de New York. En 1965, Bob James, qui était alors le pianiste de Sarah Vaughan, vint donner deux concerts à l’université, en janvier et en octobre, avec deux trios différents, que George Klabin enregistra en tant que fervent admirateur. C’est d’ailleurs lui qui le recommanda à Bernard Stollman, le boss de ESP-Disk attaché à documenter l’émergence du free jazz new-yorkais (Ornette Coleman, Albert Ayler, Sun Ra, Paul Bley, Pharoah Sanders…). « Explosions », enregistré par Bob James en mai 1965, en trio avec Barre Phillips et Robert Pozar, demeure un ovni de ces années-là et du catalogue ESP. Par la suite, Bob James réapparaitrait dans les expressions plus commerciales du label CTI de Creed Taylor et filerait vers le smooth jazz avant de fonder le quartet Fourplay dans les années 90. 

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George Klabin n’avait jamais songé à ressortir ces bandes, mais c’est en travaillant avec Bob James à la publication du « Night Kisses » de Eddie Daniels, que le souvenir de ces concerts lui est revenu et que le pianiste a tout de suite donné son accord à la publication.

En 1965, il est une sorte de diamant brut. On perçoit son appétence pour le swing et le lyrisme, mais avec un regard déterminé sur les explorations contemporaines du free. Interrogé par Zev Feldman pour la sortie de ce « Once Upon A Time », le pianiste explique : « En écoutant ces bandes, j’ai réalisé que je me trouvais alors à un moment charnière de ma carrière. Entre 1961 et 65, j’étais très impliqué dans le monde de l’avant-garde. Pas seulement dans le domaine du jazz, mais l’avant-garde en général me passionnait. J’avais étudié la composition à l’université du Michigan et à l’époque on ne jurait que par John Cage et Stockhausen. J’avais envie de voir jusqu’où on pouvait repousser les limites en matière musicale. »

Pour la première session, Bob James est entouré du contrebassiste Larry Rockwell qui accompagnait Sarah Vaughan avec lui et du batteur Robert Pozar qu’il avait connu à la Michigan University. « À la fac, Bob James pouvait rivaliser avec n’importe qui. Au piano, c’était un tueur ! » témoigne le batteur dans une interview de 2011 reprise dans les notes de pochette.

En octobre, avec le bassiste Bill Wood, c’est un autre copain de fac, Omar Clay qui se retrouve à la batterie. Il était également le batteur du trio de Sarah Vaughan…

À réécouter : L'arrangeur Bob James
La chronique de Christophe Chassol
5 min

Zev Feldman, co-producteur de l’album fait remarquer que « Bob James a un parcours exceptionnel. Rien de simple, de prévisible ou de confortable. On le retrouve dans des esthétiques extrêmement différentes, du funk au R’n’B en passant par les standards ou l’accompagnement de divas du jazz. Et avant d’être samplé par les rappeurs, il a aussi été un pionnier de l’avant-garde ! »

« Once Upon A Time : The Lost 1965 New York Studio Sessions » a été d’abord publié en vinyle, édition limitée à 5000 exemplaires, à l’occasion du Record Store Day du 28 août dernier, avant d’être aujourd’hui disponible en CD et en numérique.

  • Serenata

Bob James (piano)
Larry Rockwell (contrebasse)
Robert Pozar (batterie)
Enregistré au Wollman Auditorium, New York City, le 30 janvier 1965

  • Airegin
  • Indian Summer
  • Solar

Bob James (piano)
Bill Wood (contrebasse)
Omar Clay (batterie)
Enregistré au Wollman Auditorium, New York City, le 9 octobre 1965