Jazz au Trésor : Dany Doriz All Stars - Anthologie 1962-2021

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication chez Frémeaux d’une anthologie consacrée à Dany Doriz : « All Stars, 1962-2001 ».
En parallèle à son illustre carrière de « patron » du Caveau de la Huchette, temple souterrain du jazz à Paris et dernier club au monde où le jazz se danse, Dany Doriz est un grand maître du vibraphone et un chef d’orchestre hors pairs. Regroupant de nombreux documents rares et sessions inédites, cette rétrospective 3 CD parcourt 60 ans de l’histoire du jazz que le vibraphoniste traverse toutes voiles dehors avec un sens du swing inaltérable. Fils spirituel de Lionel Hampton (adoubé par le maître), sa carrière d’instrumentiste commence au début des années 1960 et va poursuivre un sillon incroyable, avec Stéphane Grappelli, Lionel Hampton, Claude Bolling, Rhoda Scott, Sacha Distel, mais également Memphis Slim, Manu Dibango ou Marcel Azzola…
(Augustin Bondoux et Patrick Frémeaux)
Dany Doriz rappelle l’ensemble de son parcours dans les notes de pochette. Extraits : de cette « Anthologie All Stars, 1962-2021 » .
Ma mère était artiste peintre, probablement à l’origine de ma fibre artistique. A partir de 4 ans j’étudie la musique classique (piano et saxophone pendant 10 ans). Après avoir vu en concert le « Modern Jazz Quartet » avec Milt Jackson, j’ai eu le coup de foudre pour le vibraphone à 16 ans. J’ai pris des cours avec Geo Daly, star française du vibraphone, ma passion du jazz est née quand Geo m’a fait écouter « Plaid » par Lionel Hampton et Art Tatum. J’ai travaillé l’instrument, plusieurs années, plusieurs heures chaque jour, une passion qui ne m’a jamais quittée. Dans le Jazz Hot de septembre 1997, Geo m’a touché en disant « Mon seul élève a été Dany Doriz… j’ai été plus que récompensé… il est devenu un musicien exceptionnel qui n’est pas reconnu à sa juste valeur, un immense vibraphoniste ». J’étais très motivé pour jouer, je descendais au 2e sous-sol du Slow-Club avec le vibraphone, (qu’il fallait monter/démonter) juste pour faire un « bœuf ». Marc Laferrière, ami de toujours, me laissait jouer avec son orchestre.
La vie d’un musicien de jazz est composée de chapitres comme un livre, et les aventures musicales sont soit des choix, soit le fruit du hasard, mais toutes riches d’enseignement, avec de belles rencontres humaines et artistiques. J’ai joué avec moults solistes et rythmiques, toutes aussi talentueuses que différentes.
Premier engagement professionnel le 28 février 1959 pour la Nuit de l’Île d’Oléron à Paris au cinéma Astor. À partir de 1960, Quintet avec Jean-Luc Ponty, Festival de Zurich en Suisse (1961), et sextet avec le clarinettiste Gérard Badini. Grande nuit du jazz Salle Wagram à Paris, J’enregistre mon premier disque (33 tours-25 cm) avec Jean-Luc Ponty et Jean Tordo. Nous avions écrit nos chorus, car à l’époque nous n’étions pas capables d’improviser.
Saison d’été au Casino de Cherbourg, et engagement aux « 3 Mailletz » (du 11 août 1961 jusqu’à décembre 1962) dans l’orchestre de Michel Attenoux, puis de Dominique Chanson avec Mezz Mezzrow, Albert Nicholas, Peanuts Holland, Don Byas, Benny Waters. Deux fortes émotions en 1961 quand Milt Jackson et l’autre star française Michel Hausser sont venus faire le bœuf sur mon vibraphone.
Très nombreux concerts pendant plusieurs années… Et en 1972 premier enregistrement pour Decca avec Maxim Saury et Daniel Humair. En janvier 1970 l’opportunité se présente : je deviens le propriétaire du Caveau de la Huchette, et même si j’y joue, je suis fier d’avoir pu y programmer des « pointures » comme Art Blakey et ses jazz Messengers ou le big band de Lionel Hampton. J’ai aussi beaucoup donné leur chance aux jeunes musiciens sans limiter la programmation aux seules « vedettes ».
L’une des plus fortes rencontres, c’est avec Lionel Hampton en 1975 à New-York. Nous nous lions d’amitié – grandes tournées à partir de 1976 avec son big band, où nous jouons ensemble sur le même vibraphone et nous enregistrons chez Barclay. Je joue actuellement sur le Musser qu’il m’a offert.
Dans les décennies 1970-1980 des concerts de folie en Hollande dont le « North Sea Jazz Festival » en 1983 à La Haye avec le FLASHBACK QUARTET. Ces musiciens excellaient sur des rythmes d’enfer. 4 Albums. Emission de TV produite par Bert de Kort dont sont extraits « Hi’Ya Sophia » et « I’ve Got Rhythm », fournis gracieusement. À la même époque, et jusqu’à sa disparition, le trio du célèbre bassiste belge Roger Van Haverbeke m’a fait parcourir la Belgique. Avec les pompiers bloquant les rues, la nacelle montant le vibraphone dans les clubs en étages, ou avec l’aide d’un croquemort pour des escaliers à pic, il manipulait les cercueils, alors un vibraphone…
J’ai partagé avec bonheur, concerts et tournées avec Wild Bill Davis. En trio avec le batteur Michel Denis, « SWING SYSTEM D » était une vraie machine à swing. Plusieurs années de succès. Trio choisi par le Hot Club de Limoges pour célébrer son 30e anniversaire en 1978. L’enthousiasme sonore de Jean-Marie Masse était une récompense. Un double album a gravé ces concerts mémorables. J’ai choisi deux titres « In a Mellow Tone » et « Take the A Train ». Le groove exceptionnel de Michel Denis m’a accompagné pendant des décennies depuis 1970. François Laudet, (seul batteur à avoir remplacé Butch Miles avec Count Basie) m’a invité sur son big band.
- How High The Moon
Stéphane Grappelli (violon)
Dany Doriz (vibraphone)
Marc Hemmler (piano)
Pierre Sim (contrebasse)
Teddy Martin (batterie)
Enregistré en concert le 28 novembre 1965
- Mademoiselle de Paris
Gérard Badini (sax ténor)
Dany Doriz (vibraphone)
Gabriel Garvanoff (piano)
Jean-Pierre Mulot (contrebasse)
Teddy Martin (batterie)
Enregistré en studio le 25 janvier 1968
- Sweet Sue, Just You
Maxim Saury (clarinette)
Dany Doriz (vibraphone)
Gérard Raingo (piano)
Guy Ray (contrebasse)
Robert Peguet (batterie)
Enregistré en studio les 19 et 20 novembre 1968
- Dorizuck
Daniel Huck (voix)
Dany Doriz (vibraphone)
Alain Fougeret (piano électrique)
Pierre Sim (contrebasse)
Michel Denis (batterie)
Enregistré en studio le 8 février 1974
- If I Had You
Manu Dibango (sax alto)
Dany Doriz (vibraphone)
Nicolas Grymonprez (trombone)
Nicolas Peslier (guitare)
Patrice Galas (piano)
Patricia Lebeugle (contrebasse)
Didier Dorise (batterie)
Enregistré en studio, le 29 septembre 1974