La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, « Flash Back » du guitariste français Jean Bonal, un LP enregistré en 1967 et jamais réédité en CD, mais soigneusement conservé dans les archives de la Discothèque de radio France.
Au dos de la pochette du 30cm Vega de Jean Bonal, ces mots délicieux de Maurice Biraud : « J’ai eu les meilleurs professeurs d’histoire, d’Histoire de France quand j’étais gosse, d’histoires d’amour quand je suis devenu un homme. Mais depuis que je suis artiste, c’est en écoutant mon ami Jean Bonal jouer merveilleusement de la guitare, que j’ai le mieux appris l’histoire du jazz ». Quelques années plus tôt, au verso de l'album « Pile ou face », Jean-Louis Ginibre, alors rédacteur en chef de Jazz Magazine avait ces mots très justes : « Jean Bonal est un tendre et un modeste. De ses deux traits de caractère, l'un est une qualité, l'autre, un défaut, dans ce monde du spectacle où la suffisance est un trop fréquent tremplin pour la réussite. » Avant sa disparition en 2004, Jean Bonal avait publié son autobiographie, « Il était une fois le jazz ».
Jean Bonal résumait ainsi les années qui avaient précédé son enregistrement de « Flash Back » : « C'est de la Libération que datent mes débuts de musicien ; j'avais dix-neuf ans, c'était une époque bénie pour les jeunes qui débutaient car après cette longue période il y avait de la musique partout : bals, brasseries, concerts dans les salles de spectacles etc... Le premier musicien de jazz qui fut prépondérant pour la suite de ma carrière (car j'avais fait mes débuts dans un petit bal musette), c'est André Persiani qui était à l'époque le contrebassiste du guitariste gitan Sarane Ferret. Moi-même je jouais au Floréal, brasserie située boulevard Bonne Nouvelle, avec le quintet swing de l'accordéoniste Aimable où officiait Pierre Nicolas, contrebassiste devenu par la suite l'accompagnateur de Georges Brassens. Donc "Pépé" qui était passé prendre un verre m'a proposé de répéter avec lui, car il avait dans l'idée de former un trio style "King Cole Trio", ce qui m'a donné l'occasion d'apprendre ce qu'était véritablement la musique de Jazz car Pépé possédait une collection de disques de Jazz américains pas encore diffusés en France et de plus, vis à vis de moi, il m'a vraiment guidé d'une manière très sûre. Je rappelle toujours que sans lui je n'aurais certainement pas découvert toute l'étendue de cette merveilleuse musique qu'est le Jazz.
C'est d'ailleurs avec lui que j'ai participé au premier disque de Michel de Villiers. C'était en 1946 pour la marque Swing : époque des derniers 78 tours. Je regrette bien que pour des raisons indépendantes de sa volonté, Pépé n'ait pu participer à cet enregistrement. Pour Jean-Claude Forenbach, Roger Paraboschi et Totol Masselier, c'était l'époque St Germain des Prés. Nous étions dans des clubs différents : Jean-Claude Forenbach jouait au club St Germain, Totol faisait partie de son orchestre. Roger Paraboschi était au Vieux Colombier avec le saxophoniste Braslavski ; ils ont accompagné Sydney Bechet par la suite. Quant à moi, j'avais un orchestre à la Rose Rouge avec le clarinettiste Maurice Meunier et le contrebassiste Alix Bret qui rentrait d'une tournée en Suisse avec Django Reinhardt et Michel de Villers. A l'époque, il y avait des concerts tous les dimanches au théâtre Edouard VII organisés par le journal Jazz Hot ou à l'Ecole Normale de Musique et nous avons eu très souvent l'occasion de jouer ensemble.
Totol et Roger Paraboschi composaient la rythmique du Quintet en 1951. J'arrive aux années 50 où j'ai eu la chance de faire partie du trio du pianiste américain Art Simmons au Ring Side. Il y avait Pierre Michelot qui était déjà un contrebassiste très recherché. Dizzy Gillespie lors de ses passages en France s'attachait toujours ses services. En 1956 Philippe Combelle fit partie de mon quartet avec Ricky Garzon et Jean-Claude André qui fut mon premier élève et qui est actuellement un excellent pédagogue de l'instrument : c'est la démarche à laquelle il se destinait. Nous avons réalisé plusieurs disques à l'époque et avec Phi Phi nous faisions partie du Big Band d'Alix Combelle à qui je dois énormément, indépendamment de ses qualités de soliste mondialement reconnu, pour moi, ce fut certainement le plus grand chef d'orchestre français de grande formation. »
La biographie en ligne la plus complète de Jean Bonal (22 février 1925 – 17 octobre 2004) se trouve sur le site de Guitares et Batteries.
Jean Bonal, guitare,
Jean-Claude André, guitare
Roland Lobligeois, contrebasse
Philippe Combelle, batterie
Enregistré à Paris, les 11 et 12 décembre 1967
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