Jazz au Trésor : Kurt Weill’s Songs

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Jazz au Trésor : Kurt Weill’s Songs

Par
Kurt Weill
Kurt Weill
© Getty - Bettmann

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication chez Frémeaux de « Kurt Weill’s Songs » reprenant de multiples versions jazz, instrumentales et vocales, souvent rares, des grands classiques du compositeur. Comme ces dix versions de September Song.

Né avec le siècle, le 2 mars 1900, à Dessau, Kurt Weill arriva aux États-Unis en 1935, contraint de fuit le nazisme. Il allait s’éteindre le 15 mars 1950, autrement dit en n’ayant pas eu l’occasion de constater à quel point les jazzmen et jazzwomen américains allaient s’emparer de son répertoire. Avant de quitter l’Allemagne, il avait composé « L’Opéra de Quat’ Sous », « Grandeur et décadence de la ville de Mahoganny » et « Happy End ».  Fasciné par les réalisations de Broadway, il allait écrire toute une série d’œuvres de théâtre musical (terme qu’il préférait à celui de comédie musicale : « Johnny Johnson », « Knickerbocker Holiday », « Lady In The Dark », « One Touch of Venus », « Street Scene », « Love Life » et « Lost In The Stars ». Parmi les titres les plus communément repris, Mack The Knife, bien sûr, mais aussi Speak Low, My Ship, Lost In The Stars, Lonely House… et September Song

September Song est issu de « Knickerbocker Holiday » (1938), œuvre pour laquelle Kurt Weill fit appel comme parolier à Maxwell Anderson (1898-1959). Dans le livret d’accompagnement, Teca Calazans et Philippe Lesage rappellent que « Journaliste, scénariste et dramaturge, Maxwell Anderson avait obtenu le prix Pulitzer en 1933 pour sa pièce « Both Your Houses » et son récit autobiographique écrit sous pseudonyme (« Morning, Winter & Night ») où il évoque l’inceste et le sadomasochisme à la ferme de sa grand-mère avait connu un immense retentissement. Il participera aussi aux scénarios des films « Key Largo » (1939), « Faux coupable » (1956) et « Ben Hur » (1959). Il est donc un auteur d’envergure aux sensibilités sociales prononcées. »

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« Knickerbocker Holiday » traite du mythe américain en se situant en 1647 au moment de la création de New Amsterdam (qui allait devenir New York). Peter Stuyvesant, le personnage principal, est présenté comme un dictateur corrompu évoquant le Mussolini alors contemporain. À côté de l’allégorie politique, on a affaire à un triangle amoureux où une jeune femme est contrainte d’épouser le dictateur alors qu’elle en aime un autre. La pièce tint l’affiche durant 6 mois à Broadway. Le rôle de Peter Stuyvesant était confié à Walter Huston, le père du cinéaste John Huston). Immense comédien, mais piètre chanteur, il voulait absolument avoir une chanson en solo. En deux heures, Kurt Weill lui écrivit sur mesure September Song, pour sa voix rocailleuse et son registre limité, pour qu’il puisse la fredonner avec naturel. 

Bing Crosby fut le premier à reprendre la chanson sur scène en 1943, avant que Frank Sinatra en face un succès en 1946. Elle est une métaphore du temps qui passe, décrivant une année comme le fil d’une vie entière, de la naissance à la mort. Certains vers ont été aménagés au fil du temps, par rapport à la version initiale. En ce qui concerne les instrumentistes de jazz, Django Reinhardt fut un des premiers à reprendre September Song en 1947, avec le Quintette du Hot Club de France. Il y reviendra en 1953. C’est durant les années 50, après la disparition de Kurt Weill, que les versions se multiplièrent de tous côtés, en dehors de celles présentées ici : Artie Shaw, Dave Brubeck, Erroll Garner, Sidney Bechet, jusqu’à Art Pepper ou Biréli Lagrène… À chaque fois, l’occasion d’un arrangement radicalement différent.

Au cinéma, on retrouve la chanson en 1950 dans « September Affair », dans « Radio Days » de Woody Allen (1987). De nombreuses séries télévisées l’ont également reprise et l’on peut ainsi entendre Angelica Huston – la petite fille de Walter – la chanter dans le 14ème épisode de la saison 1 de Smash !  

  • September Song
  • « Nat King Cole Sings, George Shearing Plays » (Capitol)

Nat King Cole (voix)
George Shearing (piano)
Ralph Carmichael (direction orchestre, arrangeur)
Enregistré en décembre 1961 à Los Angeles

OPEN JAZZ - Nat King Cole : September Song

4 min

  • Red Norvo trio, « Move » (Savoy)

Red Norvo (vibraphone)
Tal Farlow (guitare)
Charles Mingus (contrebasse)
Enregistré le 13 octobre 1950 à Chicago

OPEN JAZZ - Red Norvo : September Song

4 min

  • Django Reinhardt, « Django et ses rythmes » (Blue Star)

Django Reinhardt (guitare)
Maurice Vander (piano)
Pierre Michelot (contrebasse)
Jean-Louis Viale (batterie)
Enregistré les 10-11 mars 1953 à Paris 

OPEN JAZZ - Django Reinhardt : September Song

4 min

  • Joe Loco, « Loco Motion » (Fantasy)

Joe Loco (piano)
José Lozano (flûte)
Felix « Puppi » Garetta, Gonzalo Martinez (violons)
Victor Venegas (contrebasse)
Nicolas Martinez (guiro)
Mongo Santamaria (conga, batterie)
Willie Bobo (timbales)
Bayardo Velarde, Rudy Calzado (voix)
Enregistré en 1960

OPEN JAZZ - Joe Loco : September Song

3 min

  • « Chico Hamilton Quintet » (Pacific)

Chico Hamilton (batterie)
Paul Horn (flûte, clarinette, sax alto, sax ténor)
John Pisano (guitare)
Fred Katz (violoncelle)
Carson Smith (contrebasse)
Enregistré les 21 et 24 octobre 1956 à Los Angeles

OPEN JAZZ - Chico Hamilton : September Song

4 min

  • Art Tatum Trio (Capitol)

Art Tatum (piano)
Everett Barksdale (guitare)
Slam Stewart (contrebasse)
Enregistré le 20 décembre 1952 à New York

OPEN JAZZ - Art Tatum : September Song

4 min

  • « Sarah Vaughan with Clifford Brown » (Emarcy)

Sarah Vaughan (voix)
Clifford Brown (trompette)
Herbie Mann (flûte)
Paul Quinichette (sax ténor)
Jimmy Jones (piano)
Joe Banjamin (contrebasse)
Roy Haynes (batterie)
Enregistré le 16 décembre 1954 à New York

OPEN JAZZ - Sarah Vaughan : September Song

6 min

  • Chet Baker, « Chet » (Riverside)

Chet Baker (trompette)
Kenny Burrell (guitare)
Paul Chambers (contrebasse)
Connie Kay (batterie)
Enregistré le 30 décembre 1958 à New York

OPEN JAZZ - Chet Baker : September Song

4 min

  • Betty Roché, « Singin’ & Swingin’ » (Prestige)

Betty Roché (voix)
Jimmy Forest (sax ténor)
Jack McDuff (orgue)
Bill Jennings (guitare)
Wendell Marshall (contrebasse)
Roy Haynes (batterie)
Enregistré le 3 juin 1960 à Englewood Cliffs (New Jersey)

  • Frank Sinatra (Columbia)

Frank Sinatra (voix)
Alex Stordhal (direction orchestre)
Enregistré le 30 juillet 1946

Musicopolis
28 min