Jazz au Trésor : La Discothèque Idéale de France Musique

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Jazz au Trésor : La Discothèque Idéale de France Musique

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La discothèque idéale de France Musique
La discothèque idéale de France Musique

La séquences des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, à l’occasion de la sortie de « La Discothèque idéale de France Musique », une pépite débusquée côté jazz. Aujourd’hui, « Songs – The Art of the Trio, vol 3 » de Brad Mehldau.

L’art du trio ! Gonflé, quand deux ans plus tôt, le producteur Matt Pierson proposa au jeune pianiste de titrer ainsi un cycle de cinq albums en cinq ans. Brad Mehldau protesta : « L’Art de la fugue, c’est un monument, et moi j’ai à peine 25 ans… ». La réponse ne lui laissa aucune échappatoire : « Les premiers albums de Monk s’intitulaient « The Genius of Thelonious Monk », ceux de Bud Powell « The Amazing »… ». Alors, l’art du trio ? Immensément justifié. Et sur la série des cinq albums en cinq ans – dont deux live au Village Vanguard – celui-ci est le sommet.

La conjonction des planètes y est spectaculaire. D’abord les musiciens : Brad a trouvé ses compagnons de voie lactée depuis déjà quelques années, Larry Grenadier (qui est toujours son contrebassiste) et Jorge Rossy, le batteur qui le quittera en 2006 pour tenter une carrière de pianiste ! Une élégance commune pour habiter les silences, commenter les suggestions de l’autre en lui laissant le cap, saisir les rebonds du tempo pour en faire des ricochets… Ensuite les travailleurs de l’ombre : un ingénieur du son, James Farber, comme quatrième homme du trio, accentuant les dynamiques, précis dans chaque nuance, donnant à entendre le flux inexorable du discours ; et un producteur privilégiant le son de groupe au mixage.

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Enfin, le répertoire : cinq compositions de Brad Mehldau qui comptent parmi les plus lyriques qu’il ait jamais signées, à chanter à tue-tête, particulièrement Convalescent, Sehnsucht ou Unrequited ; un tube de Radiohead, Exit Music (For A Film), complétement réapproprié et dont Brad donnera de multiples versions, un River Man de Nick Drake à épuiser les stocks de mouchoirs jetables, et trois standards dont un Bewitched, Bothered and Bewildered en guise d’autoportrait.

À la place de Matt Pierson, j’aurais suggéré « L’or du trio ».
Alex Dutilh