Jazz au Trésor : le centenaire de André Hodeir

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Jazz au Trésor : le centenaire de André Hodeir

André Hodeir
André Hodeir
- Vogue

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine est marquée par le centenaire de la naissance d’André Hodeir. L’occasion de picorer quelques jalons du splendide et confidentiel parcours d’un compositeur farouchement singulier.

Il nait à Paris le 12 janvier 1921 et meurt à Versailles le 1er novembre 2011. Entre ces deux dates, André Hodeir déploie une œuvre aussi irréductible (rien de similaire, que ce soit au plan musical ou littéraire) qu’intransigeante. À sa disparition, la nécrologie que lui consacré Le Monde, sous la plume de Francis Marmande, rappelait ainsi : « intimidant, caustique, séduisant, Hodeir est ce dilettante activiste à qui Quincy Jones dit un soir, à la fin des années 1950 : "Tu vois, tout ça, c'est bien joli, mais ça ne nous remplit pas le portefeuille." Ils étaient aussi fauchés l'un que l'autre : "Désormais, il va falloir faire de la musique pour les gens qui n'ont pas d'oreille. Mais toi, André, tu n'y arriveras jamais." »

Open jazz
53 min

En 2017, le musicologue Pierre Fargeton publiait un ouvrage de 772 pages aux éditions Symetrie « André Hodeir, le jazz et son double » . La référence absolue pour saisir la dimension innovatrice d’André Hodeir.

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Dans sa remarquable chronique pour Jazz Magazine, Franck Bergerot campe parfaitement le personnage et ses problématiques : « Un temps violoniste de jazz, puis “compositeur de jazz” (métier qu’il inventa d’une certaine manière lui qui aimait faire une sévère distinction entre l’auteur de thèmes, l’arrangeur et le compositeur), écrivain passé progressivement de la critique musicale et la musicologie à la pure littérature, André Hodeir est né en 1921 dans un milieu modeste, d’une mère passionnée d’opérette, décidée à faire de son fils un prodige du violon, à la suite de la révélation conçue lors d’un récital du tout jeune Yehudi Menuhin. Or le fils, pourl’éducation musicale duquel cette mère sacrifie l’argent du ménage, au risque de confisquer au jeune garçon une part de son enfance, n’est pas un génie du violon et mêmes ses études d’écriture au Conservatoire seront émaillées de déceptions. C’est à force de volonté qu’il se construit cependant, naviguant entre le monde du classique et celui du jazz qu’il adopte au violon sous le pseudonyme de Claude Laurence (et finit par abandonner au profit de la composition vers 27 ans) ; entre Hugues Panassié et Charles Delaunay (avec le soutien desquels il se hissera au poste de rédacteur en chef de Jazz Hot ; entre les maîtres du jazz qu’il prend pour modèles (Duke Ellington, Charlie Parker, le nonette de Miles Davis) et ses professeurs de musique (de Norbert Dufourcq à Olivier Messiaen) ; entre ses compagnons de route sur la scène du jazz (d’André Ekyan à Kenny Clarke), les travaux alimentaires (de la musique de brasserie à la musique de film) et les figures montantes de la musique contemporaine (Pierre Boulez, Jean Barraqué) ; entre le journalisme, la musicologie et la composition, celle-ci prenant une place grandissante, alimentée par les réflexions du critique et musicologue. Où l’on voit d’où va venir le soupçon. Le monde du jazz (et plus largement de nos jours, le monde de la musique) n’a jamais aimé les musiciens “pensant”. La pensée est sensée être préjudiciable au swing. Certes, dans le feu de l’improvisation, il n’est effectivement plus temps de penser, mieux vaut avoir pensé avant, encore faut-il l’avoir fait. Un sujet qui sera au cœur des préoccupations d’André Hodeir. »

Vidéo Ina avec André Hodeir évoquant sa collaboration avec le Commandant Cousteau ICI

  • Concert Anna Livia Plurabelle - l'ONJ joue André Hodeir, direction Patrice Caratini, samedi 06 mars à 20h30 au Studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique à Paris dans le cadre des concerts Jazz sur le vif de Arnaud Merlin.
  • Un peu de rêve

Joseph Reinhardt et son Ensemble
Claude Laurence (alias André Hodeir) (violon)
Joseph Reinhardt, Pierre Ferret (guitare)
Emmanuel Soudieux (contrebasse)
Gaston Léonard (batterie)
Paris, décembre 1943

  • Laurenzologie

Kenny Clarke and his Orchestra
Dick Collins (trompette)
Hubert Fol (sax alto)
Jean-Claude Fohrenbach (sax ténor)
Claude Laurence (alias André Hodeir) (violon)
Jacques Denjean (piano)
Harry Montaggioni (guitare)
Alf Masselier (contrebasse)
Kenny Clarke (batterie)
Paris, 4 mai 1948

  • Autour d'un récif (Part 1)

Tony Proteau Orchestra
Joe Boyer (trompette)
Hubert Rostaing (sax alto, clarinette)
Don Byas (sax ténor)
Bernard Peiffer (piano)
Geo Daly (vibraphone)
Jean Bouchety (contrebasse)
Kenny Clarke (batterie)
André Hodeir (arrangement, direction)
Paris, 1949

  • Jazz et jazz

Groupe de Recherches Musicales (GRM)
Roger Guérin (trompette)
Jean Barraqué (piano préparé)
Emmanuel Soudieux (contrebasse)
Richie Frost (batterie)
Enregistré en 1952
Martial Solal (piano)
Improvisation sur la bande de 1952 enregistrée en 1960
(merci à Xavier Prévost pour les précisions)

  • Paradoxe (II)

André Hodeir et le Jazz Groupe de Paris
Jean Liesse, Buzz Gardner (trompette)
Nat Peck (trombone)
Jean Aldegon (sax alto)
Bobby Jaspar (sax ténor)
Armand Migiani (sax baryton)
Sadi (vibraphone)
Pierre Michelot (contrebasse)
Jacques David (batterie)
Paris, 13 décembre 1954

  • Anna Livia Plurabelle (Part I)

Monique Aldebert (voix soprano)
Nicole Croisille (voix contralto)
Maurice Thomas, Christian Bellest, Roger Guérin (trompette)
Raymond Katarzinski, Camille Verdier, Christian Guizien (trombone)
Raymond Guyot (flûte)
Hubert Rostaing (clarinette)
Pierre Gossez, Georges Grenu, Michel Portal, Armand Migiani (saxophones)
Jean-Luc Ponty (violon)
Michel Lorin, Bernard Lubat (vibraphone)
Pierre Cullaz (guitare)
Pierre Michelot ou Guy Pedersen (contrebasse)
Roger Fugen, Christian Garros, Franco Manzecchi ou Daniel Humair (batterie)
Paris, juin 1966