Jazz au Trésor : les trompettistes de Bird

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Jazz au Trésor : les trompettistes de Bird

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Charlie Parker & Red Rodney - Dizzy Gillespie dans le miroir
Charlie Parker & Red Rodney - Dizzy Gillespie dans le miroir
© Getty - William Gottlieb

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication sur le site allaboutjazz.com d’un article évoquant les douze trompettistes qui firent partie des orchestres de Charlie Parker. Mettons de côté Dizzy Gillespie et Charlie Parker et fouinons dans les archives !

À l’occasion du centenaire de la naissance de Charlie Parker, le trompettiste (et clarinettiste) Matt Lavelle évoque les particularités des trompettistes avec lesquels Bird a collaboré. Cette contribution est publiée sur le site allaboutjazz.com .

Il en dégage trois catégories : ceux qui ont travaillé et enregistré à ses côtés ; ceux qui n’ont que brièvement joué avec lui servant occasionnellement de remplaçant quand le trompettiste titulaire était indisponible ; et Dizzy Gillespie, un cas à part, une sorte d’alter ego et une catégorie à lui tout seul ! Laissant de côté ce dernier ainsi que Miles Davis et Chet Baker, parfaitement connus des mélomanes, ainsi que les plus éphémères "Step-Buddy" Anderson (lors des débuts de Parker dans l’orchestre de Jay McShann), Benny Harris (co-compositeur de Ornithology et seul auteur de Crazeology, qui n’enregistra qu’une fois avec le saxophoniste, pour la séance studio de « South of the Border »), Joe Gordon et Herb Pomeroy qui rejoignirent Parker en club lors de ses engagements à Boston où ils résidaient, respectivement en 1952 et 53.

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  • Howard McGhee (1918-1987)

Bebop
Howard McGhee (trompette)
Charlie Parker (saxophone alto)
Jimmy Bunn (piano)
Bob Kesterton (contrebasse)
Roy Porter (batterie)
Enregistré à Los Angeles le 29 juillet 1946

Comme la plupart des trompettistes de Parker, Howard McGhee avait fait ses premiers pas en big band, notamment chez Andy Kirk. Mais c’est chez Coleman Hawkins qu’il se révéla, fortement influencé (comme Gillespie) par Roy Eldridge et Charlie Shavers. En ce sens il est probablement l’un des passeurs les plus évidents entre le swing et le bop. L’attention portée au jeu de Bird juste avant son internement pour dépression à Los Angeles en juillet 1946 a probablement occulté la totale maitrise dont Howard McGhee fait preuve lors de ces séances douloureuses.

  • Kenny Dorham (1924-1972)

April in Paris
Kenny Dorham (trompette)
Charlie Parker (saxophone alto)
Al Haig (piano)
Tommy Potter (contrebasse)
Roy Haynes (batterie)
Enregistré au Café Society à New York, entre le 8 juin et le 6 juillet 1950

C’est au sein des Modernists de Gil Fuller que, tout comme Fats Navarro, Kenny Dorham découvrit le bebop. Après avoir fait partie des big bands de Billy Eckstine et Lionel Hampton, il succéda à Miles Davis dans le quintet de Parker pour l’engagement de Noël 1948 au Royal Roost new-yorkais. Utilisant fréquemment la sourdine, il développa un style original, contrastant avec celui de ses prédécesseurs, plus « rentre-dedans ». Red Rodney allait lui succéder, mais quand ce dernier fut opéré pour une appendicite à l’été 1950, Charlie Parker le rappela pour l’accompagner au Café Society. Ses prestations là lancèrent sa carrière. On le retrouverait dans la foulée aux côtés de Thelonious Monk, Art Blakey, Sonny Rollins puis Horace Silver.

  • Fats Navarro (1923-1950)

Dizzy Atmosphere
Fats Navarro (trompette)
Charlie Parker (sax alto)
Bud Powell (piano)
Curley Russel (contrebasse)
Art Blakey (batterie)
Enregistré au Birdland à New York, début 1950 ou 15-16 mai 1950

Alors qu’il était l’un des plus prometteurs trompettistes de la fin des années 40, et surtout qu’il respirait le bebop par tous les pores, Fats Navarro ne fut que rarement sollicité par Bird. La raison : il demandait un cachet plus conséquent que ses collègues ! Résultat, sa carrière, fulgurante, se fit en dehors de Parker, alors même qu’il était peut-être le seul à même de rivaliser avec la stature de Gillespie. Il faudra attendre Clifford Brown pour avoir affaire à ce niveau de surdoué. Après qu’il ait échangé avec Bird lors des jam sessions organisées par Barry Ulanov à la fin des années 40, ils se retrouvèrent au Birdland au début de l’année 1950. Avec une section rythmique composée de Bud Powell, Tommy Potter et Art Blakey pour rampe de lancement, Bird et Fats s’envolent très haut. Avec un lâcher-prise exceptionnel.

  • Rolf Ericson (1922-1997)

Anthropology
Rolf Ericson (trompette)
Charlie Parker (saxophone alto)
Gösta Theselius (piano)
Thore Jederby (contrebasse)
Jack Norén (batterie)
Enregistré au Amiralen Dance Hall à Malmö, le 22 novembre 1950

En novembre 1950, lorsque Bird fit une tournée en Suède, Rolf Ericson avait 28 ans. Il avait été repéré par sa collaboration aux orchestres de Charlie Barnett et de Woody Herman. Et même si c’est la découverte de Louis Armstrong qui lui donné envie de devenir musicien de jazz, il avait parfaitement assimilé le jeu des trompettistes bebop qui l’avaient précédé aux côtés du maître. À ce moment-là, Charlie Parker avait cessé l’usage de l’héroïne, mais buvait plus que de raison. Les versions de ses classiques sont prises sur un tempo un peu plus lent qu’à l’ordinaire. Quant à l’écoute entre le jeune trompettiste et le saxophoniste extra-terrestre, elle donne lieu à des échanges où Rolf Ericson affiche beaucoup d’autorité.

  • Red Rodney

Blues for Alice
Red Rodney (trompette)
Charlie Parker (sax alto)
John Lewis (piano)
Ray Brown (contrebasse)
Kenny Clarke (batterie)
Enregistré à New York le 8 août 1951

Lui aussi passé par l’école des big bands (Jimmy Dorsey, Gene Krupa, Benny Goodman, Woody Herman), Red Rodney avait monté les Red Rodney's Beboppers en 1947. Il fit une série de courts séjours auprès de Parker, à partir de novembre 1949, la plupart du temps en concert. Son addiction à l’héroïne allait avoir pour conséquence des disparitions fréquentes pour désintoxication. Il retrouvera le saxophoniste à l’été 1951 pour une tournée en clubs et le 8 août 1951 se retrouvera en studio pour une unique séance avec Bird. Son solo sur Blues for Alice est un bijou d’élégance et de concision.

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