Jazz au Trésor : Martial Solal - trio, Complete Sessions 1953 - 1962
La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, une nouvelle réédition de Martial Solal chez Fresh Sound, avec « Martial Solal Trio, 1953-62 ».
Encore un nouvel épisode du travail mené par Jordi Pujol pour Fresh Sound sur les archives de Martial Solal . Cette fois-ci, ses premières faces en trio, notamment celles publiées en 45 tours sur le label Swing en 1953 et 54. Il avait 26 ans. Et si ce double album s’achève par le célèbre « Jazz à Gaveau » et la Suite pour une frise de 1962, ce sont les épisodes précédents qui s’avèrent des redécouvertes indispensables.
Martial Solal avait débarqué à Paris, en provenance d’Alger, en 1950, et immédiatement plongé dans la vie nocturne des clubs parisiens, il avait tapé dans l’oreille du producteur Charles Delaunay qui lui offrit début 1953 d’enregistrer avec Pierre Michelot et Pierre Lemarchand, tous les deux « la » référence sur leur instrument à l’époque. Ces séances allaient immédiatement positionner Martial comme un innovateur de premier plan.
On peut encore deviner que Art Tatum, Erroll Garner et Bud Powell étaient alors des influences marquantes pour le jeune pianiste. Le bop était son royaume, à condition – déjà – que ce fut à sa manière. D’emblée, un sens aigu des contrastes, des changements de tempo aussi, et un swing aiguisé par l’imagination harmonique. Un mois après sa séance mythique avec Django Reinhardt du 8 avril 1953, Martial Solal naissait à lui-même. Paradoxalement c’était le jour précis de la disparition de Django.
Une séance avec Jean-Marie Ingrand et Jean-Louis Viale, les deux membres réguliers du trio de Martial eut lieu en février 1954, et huit mois plus tard, Charles Delaunay profita de la présence à Paris de Joe Benjamin et Roy Haynes comme accompagnateurs de Sarah Vaughan dans le trio de Jimmy Jones, pour mettre en boîte quatre standards revus et corrigés par Solal. Mais il faudra attendre le rendez-vous du 18 juillet 1960, en compagnie de Guy Pedersen et Daniel Humair, pour voir enfin Martial Solal oser un album entier sur ses propres compositions. Audacieuses, cinglantes, insolites, bourrées d’intelligence et d’humour, elles signaient la maturité. À 33 ans.
- Dinah
Martial Solal (piano)
Pierre Michelot (contrebasse)
Pierre Lemarchand (batterie)
Enregistré à Paris, 16 mai 1953
- Poinciana
Martial Solal (piano)
Jean-Marie Ingrand (contrebasse)
Jean-Louis Viale (batterie)
Enregistré à Paris, 24 février 1954
- The Way You Look Tonight
Martial Solal (piano)
Joe Benjamin (contrebasse)
Roy Haynes (batterie)
Enregistré à Paris, 28 octobre 1954
- Ouin-Ouin
Martial Solal (piano)
Guy Pedersen (contrebasse)
Daniel Humair (batterie)
Enregistré à Paris, 18 juillet 1960