Jazz au Trésor : Michel Legrand - Hier & demain

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la publication chez Decca d’un coffret de 5 CDs consacré à Michel Legrand « Hier & demain ». Le CD #3 est consacré au jazz. Un partenariat France Musique.
Dans le livret d’accompagnement, Stéphane Lerouge présente le volet consacré aux enregistrements jazz :
Le 18 février 1948, le jeune Michel Legrand assiste d’affilée à deux concerts de Dizzy Gillespie, Salle Pleyel. Pour l’élève d’Henri Challan et Nadia Boulanger au Conservatoire de Paris, c’est un électrochoc, un séisme, une césure. La révélation du jazz moderne va bousculer ses convictions et, plus encore, son identité. « Le bebop, analysait-il, c’est une autre voix, un autre air, une alternative à l’enseignement du Conservatoire. Bach, Mozart ou Ravel, c’était ma langue maternelle ; le jazz, ma première langue vivante. Symphoniste ou bopper, quelle voie emprunter ? Comment choisir ? Ou plutôt : pourquoi choisir ? Existait-il une autre façon de combiner, d’amalgamer toutes ces cultures ? Cette question existentielle, que je me suis posée dès seize ans, a sous-tendu ma vie de compositeur. »
Pendant soixante ans, Legrand épousera le monde du jazz dans sa pluralité, en expérimentant toutes les combinaisons, du trio au big band, du piano solo au quintet, en se frottant à des figures clés comme Sarah Vaughan, Toots Thielemans, Stéphane Grappelli, Ray Brown, Shelly Manne, sans oublier « l’axe cubain » avec Chucho Valdés et Arturo Sandoval. Il aimait aussi voir ses compositions lui échapper, subir des relectures aussi iconoclastes que celles qu’il avait lui-même données des œuvres de Richard Rodgers ou John Lewis. Parmi ses reprises préférées, celle de La Valse des lilas, arrangée par Gil Evans pour Miles Davis ; Je vivrai sans toi (I Will Say Goodbye) par un trio de Bill Evans en lévitation. « Ma fascination pour ces versions n’est pas de l’auto-satisfaction, souriait Michel*. Je n’ai pas pris part à ces enregistrements. C’est ma musique, transcendée par deux génies directement reliés à Dieu.* »
- I Will Say Goodbye (Je vivrai sans toi)
The Bill Evans Trio « I Will Say Goodbye »
Bill Evans Trio
Bill Evans, piano
Eddie Gomez, contrebasse
Eliot Zigmund, batterie
Enregistré à Berkeley, 11-13 mai 1977
- Flight
Stan Getz, Michel Legrand « Communications ‘72 »
Stan Getz, saxophone ténor
Eddy Louiss, orgue
Michel Legrand, arrangements et direction orchestre, cordes et chœur
Enregistré à Paris, novembre 1971
- Thème d’Élise
Bud Shank « Plays the Music and Arrangements of Michel Legrand - Windmills of Your Mind »
Bud Shank, flûte, saxophone alto
Gary Barone, Bud Brisbois, Conte Candoli, trompette
Billy Byers, trombone
Ernie Watts, saxophone tenor
Michel Legrand, piano, clavecin, direction
Artie Kane, orgue
Howard Roberts, guitare
Ray Brown, contrebasse
Shelly Manne, batterie
Enregistré à Los Angeles, 1969
- The Jitterburg Waltz
Michel Legrand « Legrand Jazz »
Michel Legrand, direction et arrangements
Miles Davis, trompette
Herbie Mann, flûte
Phil Woods, saxophone alto
John Coltrane, saxophone tenor
Jerome Richardson, saxophone baryton,
Betty Glamann, harpe
Eddie Costa, vibraphone
Bill Evans, piano
Barry Galbraith, guitare
Paul Chambers, contrebasse
Kenny Dennis, batterie
Enregistré à New York, 25 juin 1958
- The Windmills of Your Mind
Oscar Peterson Trio « Walking the Line »
Oscar Peterson, piano
George Mraz, contrebasse
Ray Price, batterie
Enregistré à Villingen, 10-13 novembre 1970