Jazz au Trésor : Sheila Jordan - Comes Love : Lost Session 1960

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Jazz au Trésor : Sheila Jordan - Comes Love : Lost Session 1960

Par
Sheila Jordan
Sheila Jordan

La séquence des perles et des inédits ressortis de l’oubli. Cette semaine, la Publication chez Capri d’un inédit qui s’avère être le premier enregistrement de la chanteuse Sheila Jordan : « Comes Love - Lost Session 1960 ».

Sorti le 17 septembre 2021, l’album témoigne des tous premiers pas de cette très singulière vocaliste deux ans avant son premier disque officiel sur Blue Note.

« Coquine, importune et rusée, la voix de Sheila Jordan est l'un des grands instruments phares du jazz du milieu du siècle… Elle a toujours ce mélange de sagacité et de charme naïf qui l'a fait aimer des auditeurs exigeants dans les années 1960 » Giovanni Russonello, The New York Times « Sheila Jordan est une artiste unique en son genre qui possède le pouvoir de captiver le public, invitant tout le monde à la rejoindre pour une tournée mystérieuse et magique dans l'histoire du jazz. » – Roseanna Vitro, JazzTimes .

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À 92 ans et toujours aussi vive, l'auteure-compositrice-interprète Sheila Jordan est l'une des voix les plus vénérées et les plus singulières du jazz depuis des décennies. Depuis son premier album, « Portrait of Sheila » de 1963 sur Blue Note, elle a été la pionnière d'une approche bebop du chant, simplement accompagnée d’une contrebasse (un duo avec Steve Swallow sur l'un de ses morceaux phares, Dat Dere, de Bobby Timmons). Après la sortie de cet album, Sheila Jordan s'était retirée de la scène pour se consacrer à l'éducation de sa fille, travaillant comme dactylo pendant les deux décennies suivantes et n'enregistrant plus en tant que leader pendant plus d'une douzaine d'années.   

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C’est pourquoi cet inédit « Comes Love: Lost Session 1960 » , vient ajouter un nouveau chapitre crucial à l'histoire de Sheila Jordan. Enregistrées le 10 juin 1960 aux Olmsted Sound Studios de New York pour le label confidentiel Chatam Records, ces bandes récemment découvertes sont entourées de mystère : Sheila Jordan n'a aucun souvenir de la date ou des noms des accompagnateurs, un trio néanmoins subtilement accordé à sa personnalité naissante.

La musique a été découverte par les disquaires Jeremy Sloan et Hadley Kenslow de SloLow Records à Albuquerque. Ils l'ont achetée parmi une vaste collection d'acétates il y a plusieurs années. Connaissant la proximité du propriétaire de Capri Records, Tom Burns, avec Sheila Jordan, ils lui ont transmis la précieuse découverte. L'enregistrement de 1960 précède « Portrait of Sheila » de plus de deux ans, ce qui en fait le premier témoignage que nous ayons aujourd’hui de la chanteuse à l'aube de sa riche carrière. À l'époque, Jordan travaillait régulièrement au Page Three Club à Greenwich Village, souvent avec les pianistes John Knapp ou Herbie Nichols, les bassistes Steve Swallow ou Gene Perlman, et le batteur Ziggy Willman. Il est possible que certains de ces musiciens puissent être ceux que l’on entend sur « Comes Love », bien qu'il n'y ait aucun moyen de le savoir avec certitude à ce stade. "Ceux qui jouent là sont vraiment bons", atteste Tom Burns. « Le groupe semble avoir une relation empathique avec elle ; je ne pense pas que c'était juste une formation de circonstance. Mais même si c'est gênant de ne pas pouvoir identifier précisément les musiciens, j'ai pensé que c'était un enregistrement qui devrait être publié parce qu'il y a tellement de bonne musique là-dedans. »  

Même sans l'étiquette d'identification sur l'acétate (et le portrait obsédant de la chanteuse qui l'accompagnait, également inclus dans l'emballage de l'album), la voix est incontestablement celle de Sheila Jordan. Son style mature n'est pas encore complètement formé, mais le scat désinvolte qui ouvre le classique de Duke Ellington It Don't Mean aThing (If It Ain't Got That Swing), la flexibilité enjouée et impertinente sur le They Can't Take That Away From Me des frères Gershwin, ou la lassitude ironique qui imprègne le Glad To Be Unhappy de Rodgers et Hart doivent se savourer.  

« Ma première réaction a été " Wow, qu’est-ce qu'elle a l'air jeune ! " » se souvient Burns de son impression initiale de la musique ; une réaction é partagée par Sheila Jordan elle-même après qu’elle ait entendu la session. « Même si ce n'est que quelques années avant « Portrait of Sheila » - elle s'était évidemment davantage développée en tant que chanteuse à ce moment-là -, la façon dont elle a géré une session de standards [à ce stade de sa carrière] m'a impressionné. En plus, le choix du répertoire est étonnant, la plupart des airs sont plutôt rares même pour cette époque. »  

L'album s'ouvre sur le mélancolique I'm the Girl de James Shelton, que Sarah Vaughan avait enregistré quatre ans plus tôt sur « Sassy », ​​bien que l'interprétation de Sheila Jordan mette l'accent sur un mélodrame naïf que l’on retrouve dans When the World Was Young, peut-être l'indication la plus claire qu'il s'agit de ses premiers pas. Le couplet d'ouverture séduisant de Sleeping Bee prend un ton enjoué également présent sur le tonique I'll Take Romance. Une Ballad of the Sad Young Men austère est suivie d'une version cuivrée de Comes Love et d'une version sensuelle du Don't Explain de Billie Holiday qui reflète l'influence de la chanteuse emblématique. « Elle habite les notes et chante comme un instrument à vent », souligne Burns. « Elle vraiment en train d'essayer différentes choses sur cette session. C’est un témoignage passionnant sur son évolution en tant qu’interprète. »  

Sheila Jordan
L'une des chanteuses de jazz les plus originales et les plus créatives, lauréate d’un NEA Jazz Master, Sheila Jordan se décrit elle-même comme "Jazz Child", le titre de l’un de ses célèbres albums. Elle est l'une de ces rares chanteuses dont la voix peut être considérée comme l'un des grands instruments de la musique. Élevée à la campagne dans la pauvreté des mines de charbon de Pennsylvanie, Sheila Jordan a commencé à chanter étant enfant. Au début de l’adolescence, elle travaillait de manière semi-professionnelle dans des clubs de Detroit. La plupart de ses influences ont été des instrumentistes plutôt que des vocalistes, la principale étant Charlie Parker. Après avoir déménagé à New York au début des années 50, elle a épousé le pianiste de Bird, Duke Jordan, et a étudié avec Lennie Tristano. Elle n'a commencé à enregistrer qu'au début des années 60, puis a disparu pendant deux décennies pour élever sa fille. Depuis son retour à la scène à la fin des années 1970, elle est restée l'une des chanteuses de jazz les plus appréciées, bénéficiant de collaborations de longue date avec Cameron Brown, Harvie S et Steve Kuhn et enregistrant avec Carla Bley, Roswell Rudd, Mark Murphy, Arild Andersen et George Russell.  

  • I'm The Girl
  • I Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing)
  • Ballad of the Sad Young Men
  • Comes Love
  • Don't Explain

Sheila Jordan (voix)
Probablement :
John Knapp ou Herbie Nichols (piano)
Steve Swallow ou Gene Perlman (contrebasse)
Ziggy Willman (batterie)
Enregistré à New York le 30 juin 1960