Jazz Bonus : Baroque Jazz Trio
Réédition en vinyle par le Souffle Continu du Baroque Jazz Trio, qui décloisonne les frontières entre les genres en fusionnant les musiques.
Mélangeant baroque, jazz libertaire et musiques du monde, l'unique opus du Baroque Jazz Trio (en fait les 3/5 du Bach Modern Quintet) est un objet sonore difficilement étiquetable et pas franchement typique du psychédélisme associé à la première moitié des années 1970. Car si la fusion des musiques indiennes (entre autres) et du jazz (mais aussi de la pop) était alors en vogue, rarement ces univers ont été tous ensemble associés à la musique baroque. On aura beau citer Jacques Loussier reprenant Bach, on sera très loin du compte, tant ici tous les décloisonnements sont tentés et en tous sens, avec une audace dont témoigne au premier chef une utilisation singulière et sidérante du clavecin, instrument inattendu en pareil contexte bien que justifié par le concept "baroque" sous-jacent.
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Certes les spécialistes du jazz ne manqueront pas de citer Johnny Guarnieri dans le Gramercy Five d'Artie Shaw, Martial Solal reprenant Four Brothers en 1965, voire Lalo Schifrin dans son hommage au Marquis de Sade… Sauf que non, aucune de ces références ne fait l'affaire, fades qu'elles paraissent en comparaison des folies auxquelles se livre Georges Rabol, probablement plus proche d'un Call Cobbs chez Albert Ayler, ou, mieux, d'une Odile Bailleux dans cet autre remarquable ensemble français qu'est Armonicord, que de qui que ce soit d'autre.
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À ses côtés, la rythmique n'est d'ailleurs pas en reste non plus : Jean-Charles Capon, deux ans plus tard auteur du magnifique “L'Univers-solitude” pour le même label, virevolte en virtuose du violoncelle, tandis que Philippe Combelle, très bon batteur peu entendu en contrées aussi novatrices, se lance aux percussions dans des métissages osés. À noter aussi, la présence du flûtiste Michel Roques sur un morceau, lui aussi signataire d'un album pour Saravah, le splendide “Chorus”. En France et sur un terrain voisin aussi dépaysant, que l'on songe ou pas à Moravagine, Confluence ou Synchro Rhythmic Eclectic Language, rares ont été ceux qui, comme le Baroque Jazz Trio, ont su brouiller les repères à ce point, surtout en ajoutant une exotique bouffée d'air frais héritée du Troisième Courant.
Ce disque, comme celui de Brigitte Fontaine avec l'Art Ensemble of Chicago, intronise Pierre Barouh comme producteur pionnier de l'atomisation des frontières stylistiques.
(extrait du communiqué de presse)