Jazz Bonus : Black Lives, From Generation to Generation

“Black Lives - From Generation to Generation” qui paraît chez Jammin’colorS / L’Autre Distribution, réunit un collectif d’artistes qui continuent de lutter contre le racisme à travers la musique.
Quelle distribution ! Cheick Tidiane Seck, Immanuel Wilkins, Stephanie McKay, Sonny Troupé, Jacques Schwarz-Bart, David & Marque Gilmore, Reggie Washington, DJ Grazzhoppa, Jean-Paul Bourelly, Jeremy Pelt, Grégory Privat, Marcus Strickland, Alicia Hall Moran… et beaucoup d’autres sont réunis sur un même album. Tous les droits et bénéfices de cet album iront directement aux talentueux artistes qui ont composé pour cette cause : LA LUTTE CONTRE LE RACISME.
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« La musique est l’arme du futur. » Le slogan du totémique Fela Kuti demeure d’actualité en 2021, tant les problèmes qui divisent depuis trop longtemps le monde en noir et blanc restent prégnants dans une société qui semble avoir dans sa grande majorité été sourde aux messages des artistes. Car le Nigérian est loin d’être le seul à avoir porté le débat des droits civiques sur les scènes publiques. Nina Simone comme Bob Marley, Curtis Mayfield comme Abbey Lincoln, Myriam Makeba, comme James Brown, la liste est trop longue des musiciens qui ont fait de leur médium un instrument de luttes. Si les lignes ont bougé sur le terrain de la musique, les fractures sont encore béantes dans un monde qui tend à se replier vers des identités fermées et des idéologies réactionnaires.
C’est tout l’enjeu de ce projet, dont le titre renvoie au grand mouvement citoyen américain, qui essaime depuis à travers la planète. “Black Lives - From Generation to Generation”, un message plus que nécessaire à l’heure où George Floyd comme Adama Traoré sont décédés. Cette sélection conçue par Stefany Calembert s’en fait l’écho. La productrice entend démontrer la vivacité de ce message qui traverse depuis des décennies les générations et qui aujourd’hui, plus que jamais, incite à agir. Ici, les plus jeunes n’ont guère plus de vingt ans et le vétéran va bientôt fêter ses quatre-vingts printemps. Ils sont nés à Ségou, Bruges, Washington, Chicago, en banlieue de Pointe-à-Pitre comme dans le Bronx. Ils sont américains, martiniquais, sud-africains ou haïtiens, tous unis autour de cette cause commune, qui en rien ne doit gommer la diversité de leurs origines qui s’exprime ainsi dans une profusion stylistique.
C’est l’autre objectif de cette sélection : démontrer en vingt titres la créativité d’une communauté afro-diasporique dont la bande-son raconte à travers un foisonnant éclectisme le destin d’hommes et de femmes qui ont su transcender cet originel arrachement à leur continent. Ce son, c’est celui du fond des cales des navires négriers, c’est celui des rythmes réinventés loin de leur terreau ancestral, c’est celui d’une voix qui parvient à sublimer ses douleurs, celui d’un saxophone qui hurle face à la ségrégation. Ce son, c’est celui de l’Atlantique noir, cet océan composé par tant de vies et de morts, cette zone de flux et de remous, d’allers et désormais de retours, d’où auront émergé aussi bien le blues que le rap, le jazz que la biguine.
Au cœur ou dans les marges de cet espace informel et pourtant bien réel, ceux qui n’avaient pas le droit à la parole se sont exprimés, un temps dans le secret, aujourd’hui sur tous les canaux médiatiques, faisant résonner au plus haut ce message d’émancipation.
La liberté d’expression ne serait qu’un mot vain sans la diversité des voix pour la porter. Que l’on se nomme Cheick Tidiane Seck, piano tambour malien, ou Sonny Troupé, tambour enchanté guadeloupéen, Reggie Washington, maître du groove dont la basse narre toute l’épopée du jazz, ou Jean-Paul Bourelly, érudit chercheur de son qui creuse un singulier sillon en direction d’Haïti.
C’est de cela dont parle cette sélection : des maux dits blues, de la soul engagée, des phrasés qui tonnent… Tous ceux-là cohabitent autour d’un même désir d’en finir avec cette vision en noir et blanc qui n’a que trop duré, aussi bien Alicia Hall Moran, mezzo-soprano qui entremêle culture classique et improvisation débridée, que Kokayi, chantre hip-hop capable de délirer sur les octaves, DJ Grazzhoppa dont la science des platines se joue au-delà des querelles de chapelles comme Jacques Schwarz-Bart dont le saxophone s’est illustré autant du côté de la bonne vieille nu-soul que du jazz aux accents caribéens. Pas de transes portées sans cette fondamentale diversalité d’horizons, tel un juste écho à la féconde pensée postmoderne d’Edouard Glissant qui pour avoir été parmi les activistes du premier Congrès des artistes et écrivains noirs à la Sorbonne en 1956 n’en fut moins, dans les mêmes années, engagé dans la lutte contre la guerre coloniale en Algérie. Le poète philosophe martiniquais ne disait-il pas : « Depuis la révolution de Césaire et tout ce qui s’ensuit, nous commençons à comprendre que nous sommes un peuple et une culture composites. Et ceci, aujourd’hui, n’est pas un manque et un vice, c’est pratiquement un avantage. »
(extrait du communiqué de presse)