Jazz Bonus : Dave Liebman Expansions Quintet - Selflessness
Le saxophoniste Dave Liebman célèbre son 75e anniversaire avec “Selflessness” qui paraît chez Dot Time. Un vibrant album hommage à John Coltrane avec son groupe, Expansions.
"J'ai "pourchassé" Trane pendant plus de 60 ans. Je peux dire en toute honnêteté qu'il est en grande partie responsable de ce que je suis... et de ce que je souhaite être" - Dave Liebman
La sortie est prévue pour ce 3 septembre 2021 - la veille du 75e anniversaire de Dave Liebman. “ Selflessness” présente neuf classiques de John Coltrane nouvellement arrangés et repensés par Dave Liebman et son groupe Expansions. Dave Liebman, qui joue exclusivement du saxophone soprano sur cet enregistrement, est accompagné du saxophoniste alto Matt Vashlishan, du pianiste Bobby Avey, du batteur Alex Ritz et du bassiste Tony Marino. Pour célébrer cette sortie, Dave Liebman se produira au Dizzy's Club de New York, qui vient de rouvrir ses portes, les 4 et 5 septembre. L’album est disponible sous forme de téléchargement numérique, de CD et d'une édition spéciale de vinyle numérotée à la main.
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Dave Liebman a toujours déclaré que s'il devait nommer une influence et une inspiration principale, ce serait John Coltrane. La première fois qu'il a vu Coltrane au Birdland en février 1962, il avait 15 ans. Comme il le raconte dans son autobiographie, “What It Is”, c'est la nuit où il a vu la lumière, bien qu'il ne l'ait pas réalisé pendant des années. "Une fois que vous avez vu la lumière, explique-t-il, vous ne pouvez plus jamais vous en détourner, même si vous essayez. À partir de ce moment-là, je suis allé voir Coltrane, chaque fois que je le pouvais."
“Selflessness” est le dernier opus de la série d'hommages à John Coltrane qui jalonnent la carrière de Dave Liebman avec des titres tels que _“_Homage To John Coltrane”, “Compassion” (avec Joe Lovano), “Joy”(avec le Dave Liebman Big Band), “John Coltrane's Meditations” et _“_Lieb Plays the Blues a la Trane”. Il a également participé à divers hommages à Coltrane tels que Live Under the Sky, un célèbre concert à Tokyo avec Wayne Shorter en 1987.
Il est également évident que Dave Liebman possède un style unique et reconnaissable, une forte personnalité musicale qui n'est en aucun cas une imitation de celle de Coltrane. C'est clair dès le premier morceau, Mr. Day. Ce n'est pas pour rien que Dave Liebman est un NEA Jazz Master : sa fluidité, sa clarté et son originalité au soprano sont époustouflantes.
John Coltrane a enregistré Mr. Day en septembre 1960 pour Roulette Records et à nouveau pour Atlantic Records en octobre 1960. Lorsque Roulette a sorti le sien à l'automne 1961, il s'appelait "One and Four". Le nom "One and Four" faisait référence à l'ostinato de la basse, qui frappe sur les temps un et quatre, mais ce n'est pas le cas dans cet arrangement du batteur Alex Ritz. Comme l'explique Ritz, dans sa version, "le thème est entièrement dans un Big 5 ou 10/4 - je l'ai écrit dans des mesures alternées de 6/4 et 4/4. L'idée est partie d'un prolongement sur quelques temps de la figure de basse emblématique de la composition, puis de la création d'un jeu sur l'ostinato du piano dans cette nouvelle mesure, et enfin de l'adaptation de la mélodie à ces deux parties répétées. Le seul écart par rapport à ce schéma est la figure de walking bass dans le retournement, qui consiste essentiellement en des noires pointées dans la mesure 6/4 et des noires dans la mesure 4/4". Le brillant solo de saxophone alto de Matt Vashlishan se déroule sur un 4/4 swinguant. Le Big 5 revient pour le solo de piano aventureux de Bobby Avey, sur la batterie inventive de Alex Ritz, puis pour le solo de Dave Liebman.
Compassion crée une atmosphère obsédante, dans l'arrangement de Dave Liebman, avec Matt Vashlishan au synthétiseur à vent et Bobby Avey à son Vintage Vibe - un piano électrique moderne qui ressemble à un Wurlitzer mais qui sonne plutôt comme un Fender Rhodes.
Le morceau suivant s'ouvre sur une longue et dramatique improvisation au piano solo qui s'inspire de My Favorite Things et y conduit. C'est probablement la valse la plus célèbre du jazz, mais ici elle est en 4 temps.
Olé était l'arrangement par John Coltrane d'une chanson traditionnelle espagnole appelée Venga Vallejo. Il a été répertorié comme une composition de John Coltrane parce que les maisons de disques avaient l'habitude de créditer autant que possible l'artiste qu'elles avaient sous contrat. Cette pratique profitait financièrement à la fois à l'artiste et à la maison de disques, alors qu'une "chanson folklorique du domaine public" ne leur rapportait rien, et que les crédits aux compositeurs non contractuels leur coûtaient en fait de l'argent. De même, Impulse a crédité le Spiritual du domaine public à John Coltrane. L'introduction de Liebman à Olé souligne les origines folkloriques de la chanson par l'utilisation de sa flûte en bois et du tambour sur cadre de Alex Ritz. Mais le clavier de Bobby Avey introduit un effet de distorsion semblable à celui d'une guitare. Matt Vashlishan joue de la clarinette sur ce morceau.
Le morceau suivant est la contribution de Matt Vashlishan en tant qu'arrangeur. Cette version originale de Lazy Bird propose une nouvelle progression d'accords et un rythme cubain, mais joué de manière libre et ouverte. Elle est suivie d'une interprétation poignante de Peace on Earth, avec Dave Liebman et la flûte de Matt Vashlishan.
Dans l'arrangement de Dave Liebman de One Up, One Down, le thème est suivi d'un long solo de batterie sur les "hits" rythmiques. Il y a ensuite un duo fougueux de batterie et de soprano. Dave Liebman note qu'ils ont "essayé de capturer la façon dont Trane et Elvin jouaient en duo quelque part dans le set. Ces duos dépassaient les bornes en termes d'énergie, de passion et de technique, jamais rencontrés dans le jazz à ce niveau."
John Coltrane s'était intéressé à des concepts tels que le "selflessness" à travers ses lectures sur les religions orientales. Dans la reprise de Bobby Avey, un motif de batterie quelque peu funky et quelque peu "cassé" intervient après le thème, ajoutant de la tension aux différents solos.
Le dernier morceau de l’album, Dear Lord, ralentit le rythme. Il commence avec la contrebasse à l’archet de Tony Marino, tranquille et méditative, seule. Matt Vashlishan entre avec la mélodie à la flûte tandis que Dave Liebman improvise autour de lui, soutenu par les nuages de sons du clavier de Bobby Avey, les longues tonalités d'archet de Tony Marino et les éclaboussures de couleur de Alex Ritz. Une fin idéale pour un magnifique hommage au maître John Coltrane.
(traduction E. Lacaze / A. Dutilh des notes de Lewis Porter dans le livret)