Jazz Bonus : Edward Simon - 25 Years
Célébrant un quart de siècle de musique aux avant-postes, le pianiste, compositeur et chef d'orchestre d'origine vénézuélienne Edward Simon publie la rétrospective de sa carrière sur un double album. “25 Years” sort chez Ridgeway Records.
Ce “retour sur les épisodes précédents” présente 15 morceaux tirés de 13 albums couvrant plus de deux décennies (1995-2018). Ils mettent en vedette un cadre de collaborateurs proches de Edward Simon, dont le saxophoniste ténor Mark Turner, l'altiste David Binney, les bassistes Scott Colley, John Patitucci et Ben Street et les batteurs Brian Blade et Adam Cruz.
"Un des pianistes les plus forts de sa génération, avec une empathie intuitive et une ingéniosité semblable à celle de la batterie, et des solos d'une élégance passionnée." - Ted Panken, DownBeat
Pour les anniversaires, 50 ans, c'est beaucoup. Pour Edward Simon, le fait d'avoir franchi le cap du demi-siècle a été l'occasion de faire le point sur une carrière conséquente qui a repoussé les frontières où le jazz converge sans heurts avec les rythmes latino-américains et les formes classiques européennss. Acclamé en tant que pianiste, compositeur, arrangeur, éducateur et chef d'orchestre, le Vénézuélien Edward Simon, basé dans la baie de San Francisco, a été à l'avant-garde du mouvement qui a considérablement élargi les liens déjà étroits du jazz avec la musique latino-américaine. Ce nouvel album “25 Year”, s’écoute moins comme une rétrospective de sa carrière que comme une tournée dont il a personnellement assuré la direction et qui retrace certains de ses moments forts en tant qu'artiste.
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L'album témoigne aussi du rôle du pianiste en tant que directeur artistique de l'association à but non lucratif Ridgeway Arts de la Bay Area de San Francisco, une organisation artistique fondée et dirigée par Jeff Denson, le bassiste, compositeur et doyen du California Jazz Conservatory.
Plutôt que de susciter l'angoisse chez Edward Simon, le fait d'avoir atteint la cinquantaine l'année dernière l'a incité à prendre du recul et à examiner le cheminement créatif qu'il a suivi. "J'ai senti qu'il était temps de réfléchir à mon travail", dit Edward Simon. "Et j'ai réalisé que beaucoup de belles musiques passaient largement inaperçues. Elles sont sorties sur des labels indépendants sans publicité, ou sur de petits labels européens sans présence aux États-Unis. Je voulais remettre ces enregistrements sur le devant de la scène et les faire écouter aujourd’hui".
Edward Simon n'a pas cherché à dresser un portrait complet de sa carrière. Il n'y a pas d'exemples de son travail de sideman formateur avec Bobby Watson, Terrence Blanchard ou Greg Osby, et certaines des musiques qu'il a enregistrées en tant que leader n'ont pas pu être incluses. Mais “25 Years” capture de manière très vivante un artiste créatif et engagé, qui affine sa voix et trouve une synthèse tout à fait personnelle des styles panaméricains. Edward Simon a sélectionné lui-même tous les morceaux et a décidé de l'enchaînement sans trop se soucier de la chronologie, bien que le premier disque se concentre davantage sur ce que le journaliste Ted Panken décrit dans ses notes de pochette comme les "chefs-d'œuvre de début de carrière du polylinguisme jazz" de Edward Simon.
“I_l y a un sentiment de liberté et, en même temps, une certaine crudité dans ces premiers enregistrements_", déclare Edward Simon, membre fondateur du programme "Racines, jazz et musique américaine" du Conservatoire de San Francisco. "Nous explorions vraiment des idées pour rassembler les traditions que j'aime. J'ai grandi en jouant de la musique latino-américaine. Ce sont des traditions que je continue à explorer et à aimer, en particulier les rythmes mais aussi les formes de chansons qui les accompagnent. Ces premiers albums témoignent de cette exploration, enveloppée par la musique classique que j'aime vraiment et qui fut le contexte de mes études. C’est de ma part l'aspiration à une clarté structurelle dans la composition et l'arrangement et le jeu lui-même".
Si le premier disque présente la matrice des relations qui nourrissent et définissent la musique de Simon, le second se concentre davantage sur son travail d'arrangeur et d'orchestrateur. Avec le soutien de trois bourses de la Doris Duke Charitable Foundation et de Chamber Music America pour les compositeurs de jazz, il s'intéresse de plus en plus à une instrumentation élargie. On y trouve également des extraits de sa participation au SFJAZZ Collective.
À ce jour, Edward Simon a passé une plus grande partie de sa vie aux États-Unis que dans son pays d'origine, mais le Venezuela fournit toujours la moelle épinière de sa musique. Né le 27 juillet 1969 dans le port pétrolier de Punta Cardón, il a grandi dans un foyer rempli de musique. Son père est originaire de Curaçao, dans les Antilles néerlandaises, et il a inculqué l'amour de la musique à ses fils, le percussionniste Marlon Simon, le trompettiste Michael Simon et Edward. Les frères ont interprété de la musique pour danser lors de fêtes et d'événements locaux, en puisant dans une variété de rythmes du Venezuela et d'ailleurs (ils se sont réunis pour la dernière fois en 2010 sous le nom de Simon, Simon & Simon). "Mon frère aîné jouait des timbales à l'époque, et notre groupe jouait lors de fêtes et d'anniversaires", explique Edward. "D'une certaine manière, ce lien fort avec la piste de danse et les danseurs m'a beaucoup marqué. Aujourd'hui encore, le groove est un élément important de ma musique".
Edward Simon était suffisamment motivé par le piano pour quitter le Venezuela à l'âge de 15 ans et s'installer seul en Pennsylvanie pour s'inscrire à la Philadelphia Performing Arts School, un conservatoire privé aujourd'hui disparu. Il poursuit ses études classiques, mais il découvre aussi le jazz, et finit par se lier avec des maîtres de Philadelphie comme le bassiste Charles Fambrough et le guitariste Kevin Eubanks, qui l'encouragent à s'installer à New York. Arrivé à Manhattan en 1988 à l'âge de 19 ans, il s'est rapidement imposé comme une nouvelle voix importante. Un séjour de cinq ans chez le grand saxophoniste alto Bobby Watson a suivi un passage de neuf ans avec le trompettiste Terence Blanchard (qui avaient tous deux joué au sein des Art Blakey's Jazz Messengers), ce qui a fait remarquer Edward Simon comme l'un des meilleurs accompagnateurs de sa génération.
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)