Jazz Bonus : Happy Birthday Roy Haynes
Anniversaire du batteur légendaire Roy Haynes, né le 13 mars 1925.
Après son apprentissage à Boston avec Sabby Lewis, Frankie Newton et Pete Brown, il fait une entrée remarquée dans l’univers - alors en plein bouillonnement - du bebop. Il accompagne Luis Russell (1945-47), Lester Young (1947-49), Kai Winding, Charlie Parker (pour la première fois le 24 décembre 1949), Thelonious Monk. En 1953, Sarah Vaughan l’engage : il restera 5 ans avec la chanteuse. On le voit également en compagnie de Miles Davis, Lee Konitz, George Shearing.
En 1959, il joue avec Monk au Five Spot et à la Jazz Gallery de New York. La suite de sa carrière est une alternance de prestations ponctuelles avec de grand leaders comme Stan Getz, Jackie McLean, Eric Dolphy, Oliver Nelson, Gary Burton, Sonny Rollins, John Coltrane (il remplace Elvin Jones pendant quelques mois en 1963), et des travaux plus personnels à la tête de son Hip Ensemble, qu’il forme au début des années 70 avec Phineas Newborn et Jamil Nasser et Frank Strozier qui y restera 3 ans.
Peu apte à l’enseignement au grand regret des jeunes batteurs, Roy Haynes n’en dispense pas moins son savoir par le biais de formations (le quartet est sa préférée), qui se dispersent dès qu’elles sont rodées. Il est un perpétuel découvreur de talents : hier, Hannibal Marvin Peterson et George Adams, puis Ralph Moore, David Kikoski et Ed Howard au milieu des années 80. A la fin du 20ème siècle, il accompagne entre autres Chick Corea, Michel Petrucciani, Pat Metheny. Mais depuis le début du 21ème, il a enregistré pas moins de six albums en leader. Jeunes bénéficiaires du soutien toujours vif et allègre de cet octogénaire : Roy Hargrove, Kenny Garrett, David Sanchez et Jaleel Shaw.
Premier héritier des pionniers de la batterie bop (Kenny Clarke, Art Blakey, Max Roach), Roy Haynes lui a apporté toute la délicatesse de son feeling : la sonorité très mate et la rapidité de son drumming à la caisse claire, la variété de son jeu de cymbales, son exploitation des silences, ses solos construits sur des séquences à la fois musicales et percutantes, ses sonorités contrastées et la complicité discrète qu’il témoigne au soliste quel que soit son style, tout cela fait de Roy Haynes un batteure presque secret dont il faut écouter la musique avec attention pour en découvrir, sous de faussement discrètes apparences, la richesse et l’évidence.
( François-René Simon - Nouveau dictionnaire du jazz, ed. Bouquins ).
François-René Simon - Nouveau dictionnaire du jazz, ed. Bouquins