Jazz Bonus : Marjolaine Reymond - Splendour of Blood
Marjolaine Reymond évoque dans "Splendour of Blood” le thème de l’amour passion inspiré par le film original d'Elia Kazan “Splendour in the Grass”, qui est aussi le titre du poème de William Wordsworth qu’elle met en musique, et en image dans son clip.
Se déclinent ainsi onze titres sur des poèmes d’amour enflammés où figure féminine et masculine s’embrassent et se consument. Faut-il renoncer à la passion et se soumettre à l’ordre social comme le propose le poète William Wordsworth ? Ou bien peut on dans l’idéal d’Elisabeth Browning à travers les Sonnets portugais vivre l’évidence d’un amour absolu qui dérange la morale ?
Tout au long de l’album se trame une fresque d’inspiration biblique autour du judaïsme : « Sur une terre promise annoncée par Moïse (Le nombre Moïse), l’amour désintéressé magnifie et glorifie ce que l’enfant de Jéricho avait pourtant perdu (L’enfant de Jéricho). La splendeur de la lumière éternelle réunira par le sang ce que les amants partagèrent (Lux Aeterna). La femme créatrice enfante l’idée et la forme sans jamais se soumettre à quelque ordre politique (Genitrix l’insoumise). » Marjolaine Reymond
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Une déclinaison symbolique de l’amour associée au sang, Sang Passion, Sang Genèse, Sang Sacrifice et Sang Éternité, organise en quatre mots d’hébreu déclamés par le récitant, l’ensemble de l’album.
Christophe Monniot se voit confier les onze arrangements aux mesures impaires dont six nonets (pour voix, saxophones sopranino et alto, clarinette, cor en Fa, tuba, basse électrique, batterie), un septet et un sextet. Deux quintets et un quatuor à vent sous forme d'interludes instrumentaux très courts sont destinés à aérer, colorer, et séquencer la forme du disque de façon conceptuelle et dramatique. Sur ce thème de l’amour aux augures bibliques il aborde les compositions de Marjolaine Reymond comme il le fait pour ces thèmes qui lui sont chers dans « Hymnes à l’Amour » (ONJ), « Deuxième chance » (Emouvance), « Jéricho Sinfonia » (Ayler Records).
La voix est lyrique, naturelle ou transformée, pop ou machiavéliquement distendue selon le propos. Ses improvisations sont totalement libres et agissent de façon organique avec la rythmique.
L’écriture instrumentale renoue ici avec des fondements rythmiques proches de Herbie Hancock ou de Joe Zawinul mais teintée d’harmonies originales propres au langage de l’arrangeur. Les mélodies lyriques trouvent alors un déploiement dans ce contexte orchestral inédit (Splendour of Blood). Dans ce retour aux sources, c’est un écho à « Juju » de Wayne Shorter version rock qui inspire l’artiste (L’enfant de Jéricho). Une langoureuse féminité se référant à la musique de Maria Schneider, une prosodie « cartoonesque » comme un clin d’œil à Frank Zappa dans (Stefano e la Rosa) participent aux différentes couleurs de l’album.
L’allusion lointaine au « West Side Story » de Leonard Bernstein nous laisse percevoir un orchestre aux rêveries latines des films noirs des années 1940 (La panthère de Séphora). Parfois proche d’Arthur Honegger et du groupe des six, l’écriture des instruments à vent progresse avec emphase (Psyche Immaterial, Le nombre Moïse, Genitrix l’insoumise, Cielo e Raffaello). Les entrées en canon des bois et cuivres rappellent « O King » de Luciano Berio (Lux Aeterna).
Une musique répétitive propulse cette voix pop et diabolique sur une batterie aux accents hip-hop (Eternity of Gold). Dans le dernier titre (Cantique 5791) le cantique des cantiques, interprété par Javier Leibiusky en hébreu (poème de Salomon, versets 4 et 7), représente l’ultime prière d’un prisonnier de guerre à son aimée. Le poème d’amour d’Elisabeth Browning (Catarina Camoens) répond telle une mélodie suspendue aux patterns superposés et nous évoque « This prophetic » de John Adams.
(extrait du communiqué de presse)