Jazz Bonus : Radka Toneff et Steve Dobrogosz - Fairytales

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Jazz Bonus : Radka Toneff et Steve Dobrogosz - Fairytales

Radka Toneff
Radka Toneff
- Hans Beskov

Réédition de “Fairytales” de Radka Toneff et Steve Dobrogosz chez Odin/Outhere, l'album de jazz le plus vendu de Norvège, enregistré en 1982, a été élu meilleur album norvégien de tous les temps en 2011.

La parfaite collaboration entre Radka Toneff et Steve Dobrogosz a servi d'inspiration à la fois aux musiciens et aux mélomanes durant ces trois dernières décennies, et a gagné une place spéciale dans le coeur de milliers de fans. “Fairytales” a été enregistré avec l'un des tous premiers enregistreurs digitaux à cassettes, la qualité sonore remarquable originelle a pu être retranscrite dans cette "master edition" grâce à la technologie MQA. De quoi vous couper le souffle.

Radka Toneff (1952-1982), née d’une mère norvégienne et d’un père bulgare, était déjà reconnue en Norvège et dans les pays voisins comme une chanteuse unique à la tête de son propre groupe, lorsqu’elle fut rejointe par le pianiste américain Steve Dobrogosz, résident en Suède à l’époque, pour l’enregistrement de “Fairytales” en février 1982. Les deux protagonistes se connaissaient depuis que Dobrogosz avait intégré en 1979 le quartet de Radka, également constitué du contrebassiste Arild Andersen, producteur et très proche collaborateur de la chanteuse durant de longues années, et du batteur danois Alex Riel.

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Radka et Steve avaient pris pour habitude d’ouvrir les concerts du quartet avec un ou deux morceaux en duo. En novembre de la même année, ils avaient également interprété une version improvisée du standard My Funny Valentine, immortalisée par le producteur Erling Wicklund à l’issue d‘une session d’enregistrement à la radio publique norvégienne.

Une session inspirée

Cette remarquable performance, qui deviendra la 5ème piste de Fairytales, donna à Steve Dobrogosz l’idée d’un album en duo, et quelques années plus tard, alors que Radka songeait donner suite à “Winter Poem” (Zarepta, 1977) et “It Don’t Come Easy” (Zarepta, 1979) avec un enregistrement orchestral, Steve lui proposa cette alternative diamétralement opposée. Radka finit par accepter l’idée, mais Zarepta ayant été dissous, il lui fallait trouver une nouvelle maison de disques. Les deux musiciens essuyèrent les refus de plusieurs labels scandinaves, jusqu’à ce que Odin, label lancé par la fédération du jazz norvégien, entre en scène. Rolf Grundensen, à l’époque à la tête de cette fédération, suggéra le Grieg Hall à Bergen, équipé d’un dispositif d’enregistrement digital et d’un excellent grand piano. Neuf chansons furent enregistrées en deux nuits, sous la houlette de Arild Andersen.

Un épilogue tragique

Seulement quelques semaines après la sortie de l'album, dont la popularité ne cessait de prendre de s'accroître, Radka disparut dans des circonstances tragiques. Rétrospectivement, ce n'est pas le souvenir de la perte d'une chanteuse incomparable, mais plutôt ce que Radka et son collaborateur américain ont accompli qui a fait entrer “Fairytales” dans la légende … « Ce n'est pas tant pour le son que pour la façon dont Radka chante, la sensibilité de sa voix, » déclarait Steve Dobrogosz. Il la considère comme une grande artiste, authentique et directe, « à son apogée » lors de l'enregistrement de “Fairytales”. Il rejette toute considération selon laquelle sa performance aurait pu laisser imaginer qu'elle était encline à la dépression et à la solitude, ou que cet ultime album puisse être interprété comme un adieu réfléchi.

On ne peut naturellement pas réduire le talent de Radka uniquement au formidable travail qu'elle a fourni pour Fairytales. Cependant, quand la majorité des chanteuses norvégiennes, de Sidsel Endresen aux plus jeunes générations, ont les yeux brillants lorsqu'elles évoquent Radka comme un idéal artistique, une source d'inspiration, c'est parce qu'elles ont écouté Fairytales et ont été éblouies. Également, le fait que l'album ait entraîné un intérêt pour Radka, qui résulta dans la production d'albums posthumes, de documentaires, de livres et multiples articles, ne fait que confirmer la place importante qu'il occupe encore aujourd'hui.

A écouter dans l'émission su Kamasi Washington : L'actualité du jazz : Kamasi Washington, à la Terre comme au ciel
Open jazz
54 min