Jazz Bonus : Ray Charles au saxophone alto
Réédition intégrale inédite avec bonus de « Live at Newport, 1960 » de Ray Charles chez Frémeaux & Associées.
La publication de la prestation de Ray Charles à Newport en 1960 « Live at Newport, 1960 » , tout comme, avant elle, celle enregistrée à ce même endroit en 1958 et celle d’Atlanta en 1959 (respectivement publiées par Atlantic sur les albums « Ray Charles at Newport » et « Ray Charles in Person »), ainsi que le DVD réunissant tout ce qui a survécu en vidéo de ses « sets » à Antibes en 1961 (« Ray Charles Live in France», Eagle Vision ) représentent d’inestimables témoignages de ce qui reste sans doute la musique la plus intensément personnelle qu’ait produite Ray Charles : celle du temps où il arrangeait la quasi-totalité de son répertoire, en écrivait une partie lui-même, et n’était pas avare de ses propres soli instrumentaux.
Une constante de ces enregistrements publics est que l’on y découvre toujours des morceaux qu’il n’a jamais enregistrés en studio. Ray estimait d’ailleurs avoir écrit une centaine d’arrangements qu’il avait interprétés sur scène sans les avoir jamais enregistrés. Des descriptions que lui-même ou ses musiciens donnaient parfois d’un show « standard » où ils jouaient pour la danse dans les années 1950 donnent un aperçu vertigineux de ce que nous avons manqué, car, semble-t-il, aucun de ses nombreux engagements de ce type n’a jamais fait l’objet d’un enregistrement : trois heures de scène,** la première instrumentale avec Ray jouant de l’alto**, la deuxième avec Ray au piano chantant des reprises, dont des succès R’n’B du moment, et la troisième (le summum) Ray interprétant les chansons de ses propres disques.
Ray Charles aura utilisé le saxophone-alto de façon moins éphémère que l’orgue Hammond, mais néanmoins très parcimonieuse à partir des années 1960. Ce n’est qu’en 1962 – et lors d’un unique concert – qu’il avait joué pour la première fois en France de cet instrument. Lorsque l’orchestre avait commencé à jouer et que le rideau s’était levé à l’Olympia, ce 21 mai 1962, les projecteurs avaient plongé sur le piano : vide… Ray se tenait debout au centre de la scène, jouant à l’alto la composition* Blue stone* de Hank Crawford (lequel allait bientôt se glisser au piano). Il s’agit de la seule version connue de ce thème par le Genius. Chorus après chorus inspiré, Ray Charles y délivrait ce qui est certainement sa plus belle interprétation à l’alto qui ait été enregistrée.
Ray Charles aimait à se définir comme un non-spécialiste, un « homme à tout faire » de la musique et il l’a surabondamment prouvé au cours d’une carrière professionnelle couvrant six décennies qui l’aura vu puiser régulièrement dans le répertoire de la Country Music (dont la popularité auprès du grand public américain lui doit beaucoup) tout comme dans celui des Beatles, et flirter plus furtivement avec le Gospel, les chants de Noël, et jusqu’au Disco et au Hip Hop.
Mais, sur scène, il n’avait jamais abandonné l’essence R&B et jazz de sa musique – dont la magie culminait dans les années 1950 et les premières années 1960.
[Joël Dufour]
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