Jazz Bonus : Yelena Eckemoff - Nocturnal Animals

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Jazz Bonus : Yelena Eckemoff - Nocturnal Animals

Jon Christensen, Yelena Eckemoff, Arild Andersen et Thomas Strønen
Jon Christensen, Yelena Eckemoff, Arild Andersen et Thomas Strønen
- Yelena Eckemoff

Yelena Eckemoff présente une exploration du règne animal nocturne sur les "Nocturnal Animals", paru sur son label L&H.

La pianiste-compositrice Yelena Eckemoff ajoute un autre maillon à sa chaîne d'albums conceptuels avec “ Nocturnal Animals”, que son propre label L&H Production vient de publier. Fidèle à son titre, le double album présente 14 impressions musicales des créatures qui régissent la nuit. Les morceaux sont animés par un quartet qui place la pianiste aux côtés du bassiste Arild Andersen et des batteurs Jon Christensen et Thomas Strønen.

Yelena Eckemoff aime créer ce genre de galeries de portraits musicaux. Les albums précédents ont exploré des sujets aussi disparates que le désert, les psaumes bibliques et les couleurs. Pourtant, jamais auparavant le pianiste de Caroline du Nord (originaire de Moscou) n'avait affronté une telle variété de bêtes sauvages. Les Nocturnal Animals regorgent de vie : dans la musique, bien sûr, mais aussi dans les poèmes libres que Yelena Eckemoff a écrits en complément de chacune des compositions de l'album.

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"Personne ne sait comment pensent les animaux", dit-elle. "Mais dans mes écrits poétiques sur eux, je perçois chacun d'eux comme un être à la personnalité intrigante ; ils pensent et agissent tous de manière identique à ce que des gens feraient dans certaines situations".

Cette personnification se manifeste dans le suspense saisissant de Bat, le swing sournois mais furtif de Fox, la Firefly errante et scintillante, et la Sea Turtle gracieuse et déterminée. Un certain nombre de pièces prennent des dimensions surprenantes qui s'écartent de la sagesse reçue sur ces animaux. Par exemple, Walkingstick a une beauté souple et délicate qui compense ses étranges syncopes, Toad est majestueux et imposant et Scorpion a des teintes de chaleur et d'empathie enveloppées dans ses structures lunatiques et mystérieuses.

En bref, “Nocturnal Animals” transmet une énorme quantité de nuances. Arild Andersen, avec qui la pianiste entretient la plus longue collaboration, agit en grande partie comme second ou contre-modéliste pour elle, tandis que les deux batteurs dessinent des motifs rythmiques autour de chacun d'eux (et entre eux). "Jon Christensen est si unique, si follement original ; il ne joue pas de motifs ou de rythmes, il joue autour du rythme, contre le rythme, en construisant des couches", explique Yelena Eckemoff. "Thomas Strønen a grandi en écoutant Jon. Si quelqu'un pouvait travailler avec lui, c'était bien Thomas... Vous pouvez entendre à quel point ils jouent différemment et en même temps vous émerveiller de leur remarquable compatibilité et de leur interaction".

Yelena Eckemoff est née à Moscou, où elle a commencé à jouer à l'oreille et à composer de la musique à l'âge de quatre ans. À sept ans, elle fréquentait l'école Gnessins pour enfants doués en musique. Mais alors qu'elle était ainsi préparée à la musique classique, notamment à des études de piano au Conservatoire d'État de Moscou, Yelena Eckemoff voulait faire du rock and roll.

Son amour du rock l'amènera à jouer avec le Mahavishnu Orchestra, ce qui lui ouvre la porte du jazz dès l'âge de vingt ans. Cette nouvelle passion a été scellée lorsqu'elle a assisté au concert de Dave Brubeck à Moscou en 1987. Cette expérience l'a reconfigurée dans sa façon de composer et de jouer, et l'a amenée à former un groupe de jazz.

Jouer du jazz s'est avéré être une proposition difficile, en raison de la complexité de ses compositions et de la nature répressive du régime soviétique. Sur ce dernier point, elle se consacre (à grands frais personnels) à l'obtention d'un visa américain, ce qu'elle fait finalement en 1991 et s'installe en Caroline du Nord.

Dans le premier cas, il s'agissait de trouver des musiciens de haut niveau avec qui jouer, ce qu'elle finira par faire également. “Cold Sun”, son premier enregistrement en 2010, met en vedette le grand bassiste danois Mads Vinding et le légendaire batteur américain Peter Erskine. En 2018, avec “Better Than Gold and Silver”, elle a réussi à attirer une équipe de stars qui comprenait le trompettiste Ralph Alessi, le guitariste Ben Monder, le bassiste Drew Gress et le batteur Joey Baron.

“Nocturnal Animals” est la quinzième sortie de la pianiste-compositrice en dix ans, démontrant ainsi son extraordinaire source d'inspiration. "Il y a tellement d'idées qui me passent par la tête à tout moment", dit-elle. "Je ne sais pas ce que je vais explorer ensuite".

A écouter dans l'émission sur Joey Alexander : Joey Alexander en Verve
Open jazz
54 min