Depuis ses origines, l'histoire du jazz est jalonnée de solos légendaires. Ceux qui, nés de l'improvisation, auraient pu être gravés dans le marbre. Bienvenue dans la galerie des sculptures.
Ce pourrait-être un jeu pour île déserte : quels sont vos trois solos préférés dans l'histoire du jazz ? Quelques-uns reviendraient probablement très souvent ; c'est par eux que nous allons ouvrir la collection des deux premières semaines. Ensuite, nous parcourrons les choix de toute une série de jazzmen. Beaucoup révéleront des jardins secrets, un état de grâce éphémère, des musiciens de l'ombre qui un jour transmirent la foudre, des géants se découvrant une sublime fragilité ou articulant leur "short story" avec une logique implacable.
Ce parcours est aussi profondément subjectif que celui des musiques à choisir pour un premier rendez-vous ou un dernier au-revoir. Mais presque toujours un miracle s'accomplit : par la magie de l'enregistrement, l'éphémère a arrêté le temps et il est bien là, sous nos oreilles. Pour en saisir toute l'intensité, il faut peut-être écouter ces quintessences d'improvisation comme si nous étions présents, dans le studio ou le club, à l'instant où elles ont été jouées. Alors on saisit la puissance d'un mystère qui esquisse toute la beauté du jazz. Comme si ces solos relevaient d'une mystique de l'Annonciation. Perceptibles, visibles, audibles, mais défiant - ou déviant - la raison. On peut bien sûr les analyser, les disséquer, en faire des transcriptions. Reste qu'ils ont tous jailli dans une autre réalité.