Jazz Trotter : Baldych, Courtois, Telderman - Clouds
Dans "Clouds", sorti vendredi chez Act, Adam Bałdych, Vincent Courtois et Rogier Telderman ont trouvé une gamme d'expression à la fois intime et exubérante, ouatée et audacieuse.
"L'Europe est différente, chaque pays est différent", dit le violoniste Adam Bałdych, "mais la musique est un langage qui peut nous rassembler, en un seul lieu". Avec le pianiste néerlandais Rogier Telderman et le violoncelliste français Vincent Courtois ils combinent et juxtaposent leurs différents sons et héritages. C'est le concept central du trio égalitaire qu'ils ont formé il y a deux ans. "Nous avons trois personnalités très différentes, nous apportons chacun des couleurs très différentes", résume Adam Bałdych.
Le groupe a donné son concert inaugural lors d'un festival qui porte en son nom une forte mission européenne : le directeur artistique du "Sounds of Europe Festival", dont la toute première édition s'est tenue à Breda en Hollande en février 2018, a donné carte blanche au pianiste néerlandais Rogier Telderman pour former un nouvel ensemble, et le pianiste a choisi d'inviter Adam Bałdych et Vincent Courtois.
"C'était agréable dès le début", se souvient Rogier Telderman. Après leur premier concert, il était clair que les trois membres, qui dirigent chacun leur propre ensemble, pensaient "nous devrions faire cela plus souvent". Et puis, au fur et à mesure qu'ils ont commencé à donner des concerts, le respect mutuel, l'écoute réciproque, la volonté d'expérimenter ont grandi : "_Nous avons amené ces différences au point où nous nous sentons tous à l'aise pour partager, écrire - et chacun d'entre nous écrit très différemmen_t", dit Rogier Telderman, qui apprécie également le défi de travailler dans un ensemble avec des caractères aussi forts : "Ce sont des personnalités qui vous poussent, qui suivent leur intuition, qui vous emmènent dans de nouvelles directions".
La constitution du trio et cet album, “Clouds”, enregistré pendant deux jours aux studios de La Buissonne dans le sud de la France, ont permis à Adam Bałdych d'accentuer un aspect particulier de son jeu. Alors que les violonistes virtuoses du passé étaient presque condamnés à jouer beaucoup de notes, l'instrument pose des exigences très différentes au virtuose moderne : "_habiter des ambiances différentes, faire en sorte que chaque note ait sa propre histoir_e", explique Adam Bałdych. Sur cet album, je voulais jouer moins que jamais". Cette tendance à l'économie d'expression est évidente dès l'ouverture de l'album. La composition Clouds de Adam Bałdych est réfléchie, personnelle et intime. C'est un univers sonore délicat qui rappelle la musique de chambre des compositeurs polonais qui étaient aussi des violonistes tels que Karol Szymanowski et Grazyna Bacewicz. Il y a une mélancolie profonde, mais il y a aussi une sorte d'espoir et d'optimisme, un désir d'aller de l'avant et de créer du mouvement. Et c'est un aspect du travail du groupe qui a séduit les critiques qui ont entendu le groupe en concert : "La musique s'est construite de manière totalement instinctive, encore et encore", a écrit Jazznu après un concert à Tilburg.
Une couleur sonore particulière de Adam Baldych est prédominante dans cet enregistrement, celle des violons de la Renaissance, notamment sur le court morceau Interlude, ainsi que dans la composition de Vincent Courtois In Love In Hanoï qui suit. Il s'agit certes d'un instrument moderne, à cordes en boyau, mais accordé une septième en dessous du violon normal et une tierce en dessous de l'alto. Qu'est-ce qui enchante Adam Bałdych à propos de cet instrument ? "Le plus grand sustain_… Quand vous en jouez pizzicato, le son semble durer toujours_ !"
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour Vincent Courtois, la combinaison instrumentale du violon, du violoncelle et du piano présente des associations très inspirantes. Il se souvient d'une expérience qui l'a ouvert en tant que musicien. Un peu avant la trentaine, il avait été invité à jouer au New Jazz Meeting de Baden-Baden avec le violoniste Dominique Pifarély et le pianiste Joachim Kühn : "Je me suis soudain mis à jouer de la musique improvisée et de la vraie musique de violoncelle avec un son puissant comme dans la musique classique. Cela a changé mon point de vue. J'ai commencé à tout mélanger et à être un violoncelliste complet et pas seulement un violoncelliste de jazz". Deux décennies plus tard, son jeu sur cet album affiche une véritable autorité et un merveilleux sens lyrique.
Rogier Telderman, qui a également produit l'album, est un pianiste aux capacités exceptionnelles dont les idées claires et l'articulation marient la formation classique à l'attaque du jazz et à l'expression chargée de notes bleues. Comme l'a noté un critique de Jazzenzo après un concert du groupe à Utrecht, ce trio a été pour lui une véritable transformation : "C'est un véritable magicien du clavier qui a fait des pas de géant avec son trio de piano [...] il a trouvé une nouvelle forme avec Bałdych et Courtois." Telderman, bien connu en Hollande, et cette aventure lui permettra de toucher un public plus large.
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)