Jazz Trotter : Bobby West - Leimert Park After Dark

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Jazz Trotter : Bobby West - Leimert Park After Dark

Bobby West
Bobby West
- Darryl Moore aka JMD

A 65 ans, le pianiste et compositeur Bobby West sort son premier album “Leimert Park After Dark” chez Soulville Sound. Redécouverte d’un trésor caché de Los Angeles.

Avez-vous déjà entendu l'histoire de musiciens de jazz locaux qui se produisent inlassablement dans leur ville natale pendant des années, qui ne sont connus que de quelques privilégiés, qui partent à l'étranger pour avoir plus d'opportunités et souvent plus d'appréciation, puis qui reviennent chez eux sur une scène locale qui apprécie davantage leurs dons musicaux ? Ce scénario est la réalité vécue par Bobby West, 65 ans, pianiste et compositeur basé à Los Angeles, qui est revenu chez lui pour enregistrer son premier CD, “Leimert Park After Dark”, sorti sur Soulville Sound Recordings.

Depuis les années 70, Bobby West est un pilier de la scène jazz de Los Angeles, en tant que sideman et leader, très respecté par ses collègues musiciens, mais peu connu du grand public. Bobby West a quitté sa ville natale et a vécu et joué en Asie, au Moyen-Orient et en Europe pendant des décennies, et revenait au pays pour de brèves périodes. Lors d'une récente visite à Los Angeles, il a réalisé le rêve de toute une vie et a mis en boite ce “ Leimert Park After Dark”, son hommage au cœur culturel et artistique vibrant de la communauté afro-américaine de Los Angeles et, étonnamment, son premier enregistrement en tant que leader et patriarche de sa communauté. Le passage du temps et son statut d'aîné ont été les moteurs de sa décision de sortir l'album maintenant.

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"La véritable impulsion est venue du fait que je ne rajeunis pas, et que je veux avoir un grand nombre d'œuvres qui se poursuivront longtemps après que j'aurai quitté la planète", explique M. West. "J'ai la soixantaine maintenant, et vous arrivez à un point où vous devez commencer à envisager de mettre certaines choses en ordre. Et c'était en haut de ma liste des choses à faire en priorité quand nous avons sorti le nouveau disque."

Doté d'un toucher qui englobe l'approche orchestrale d'Ahmad Jamal, le sens harmonique de Herbie Hancock et les sons imprévus du regretté Chick Corea, Bobby West est rejoint sur ces dix titres par d'autres musiciens locaux, le bassiste Jeff Littleton, (Dianne Reeves, Azar Lawrence, Herbie Hancock) et le batteur mexico-américain Daniel Bejarano. (Herb Alpert, Mavis Staples, Dwight Trible).

"Jeff est plutôt discret, mais c'est un excellent bassiste", dit Bobby West. "I_l a une formation classique, et il connaît parfaitement le vocabulaire du jazz. Il comprend la fonction de la basse, et le rôle du bassiste. À bien des égards, il est un peu comme Ron Carter. Danny, lui, est une force de la nature. Il a une grande technique, et une façon exubérante, vibrante, d’aborder son instrument, c'est presque comme s'il dirigeait le groupe depuis sa batterie. Il est tout le temps à l’écoute_."

Avec le soutien sympathique de ses sidemen, l'enregistrement de Bobby West montre sa maîtrise totale de la tradition du piano jazz moderne dans un certain nombre de contextes musicaux. Il est un interprète captivant de standards du jazz et de la musique populaire, comme en témoigne son interprétation de Lullaby of the Leaves dans le style du trio d'Oscar Peterson, son interprétation aux accents latins de Song for Abdullah de Kenny Barron, un magnifique hommage au pionnier du jazz sud-africain Abdullah Ibrahim, pianiste et compositeur sud-africain, et sa version swing de la samba-syncopée Another Star de Stevie Wonder, inspirée des grooves de Gene Harris et The Three Sounds. Le reste des morceaux est composé par le leader. 

Le morceau-titre, mélodiquement complexe, est la pièce maîtresse du CD. Bobby West y célèbre avec émotion l'enclave culturelle afro-américaine emblématique qui abrite The World Stage, une salle de spectacle cofondée par le légendaire batteur Billy Higgins, où des musiciens de jazz locaux, dont Kamasi Washington et Terrace Martin, ont fait leurs armes. Bobby West compare The World Stage à l'époque faste de Central Avenue au milieu du XXe siècle. "J'ai grandi sur Central Avenue, à la fin d'une période spectaculaire", dit Bobby West. "C'était le point de départ des artistes, musiciens, acteurs, dramaturges et poètes noirs dans les années 30, 40 et au début des années 50. La seule chose à laquelle on pourrait la comparer serait la Renaissance de Harlem. World Stage est notre Mecque du jazz : la seule que nous ayons à Los Angeles".

Comme de nombreux Afro-Américains, l'histoire de Bobby West à Los Angeles est celle de la Grande Migration, né le 4 juin 1956 en Louisiane dans une famille ouvrière. "Nous sommes arrivés à LA quand j'avais cinq ans, et j'ai commencé à jouer du piano vers sept ans". se souvient Bobby West. "J'ai été élevé par mes grands-parents dans la culture baptistes du Sud, donc je n'étais pas autorisé à jouer quoi que ce soit qui ressemble au blues ou au jazz, et je n'ai eu un piano que pour pouvoir jouer à l'église. Je me souviens de ma première professeur de piano classique, une femme juive russe. Et vers 12 ans, mon oncle, un excellent tromboniste, est revenu avec ces disques d'Horace Silver et de Jazz Crusaders.

Lorsque Bobby West a fréquenté le lycée Jefferson, il a voulu approfondir ses études de musique et a eu la chance de trouver une professeur volontaire et attentionnée nommée Patsy Payne. "Elle est ma mère de substitution", dit Bobby West. "Quand je suis arrivé au lycée Jefferson, elle a pensé que j'étais spécial et elle s'est immédiatement intéressée à mon développement musical. Elle est devenue comme une véritable véritable amie. L'une de mes amies les plus proches à ce jour, elle a fait en sorte que j'aille à l'université."

Un autre mentor fut le légendaire pianiste/compositeur/activiste Horace Tapscott. "Horace m'a parlé de la musique qui était Noire, fière, puissante", dit Bobby West. "Et c'était à l’opposé de tout ce que j'avais entendu. Il a en fait été la première personne à associer cette musique, le jazz, à quelque chose qui pouvait faire de vous un homme. J'ai entendu cet humanisme dont Horace parlait dans la musique. J'ai entendu les luttes, la douleur, la férocité. Il m'a dit que la musique n'est pas frivole. C'est sérieux, mec, et c'est spirituel."

Bobby West est retourné en Louisiane et a obtenu son diplôme de composition de l'Université d'État de Grambling en 1977, avant de poursuivre des études de composition à la Louisiana State University, Il a vécu à Bâton-Rouge et à la Nouvelle-Orléans pendant deux ans, et a dirigé un combo qui comprenait Branford Marsalis, alors adolescent, avant de retourner à Los Angeles en 1980. Là-bas, il a joué avec des musiciens locaux, dont le chanteur Dwight Trible, le regretté bassiste James Leary, le flûtiste Cyril Carlo et le musicien de l'Orchestre du CNA. James Leary, le flûtiste Cyril Carr et dirige ses propres ensembles. Bobby West a quitté la maison en 1993 et Il a travaillé et vécu au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Asie et en Europe. Taiwan, où il a passé une grande partie de la pandémie, et prévoit d'y résider jusqu'à son retour à Los Angeles en janvier 2022. jusqu'à son retour à Los Angeles en janvier 2022.

La sortie de “Leimert Park After Dark”, est la preuve que Black Los Angeles reconnaît et apprécie son fils natif, Bobby West. A tel point que la Leimert Park Jazz & Blues Society l'a désigné comme une légende vivante du jazz pour sa 11e édition annuelle en lui attribuant le Leimert Park Jazz & Blues Society Founders Award le 31 juillet 2021. Malgré les accolades, Bobby West voit sa carrière sous un autre angle plus significatif. "J'ai étudié dans des endroits très éloignés. J'ai rencontré des gens extraordinaires de différentes parties du monde, je me suis engagé avec des gens de différentes cultures, de différentes langues et de différentes expériences que je n'échangerais pour rien au monde. Mais maintenant, je veux enseigner et composer et me concentrer pour laisser un corpus d'œuvres qui seraient représentatives de ce que j'ai essayé de faire tout au long de ma carrière musicale".
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)

A écouter dans l'émission sur De Beren Gieren : De Beren Gieren, éloge de l'épure
Open jazz
54 min