Jazz Trotter : Mehmet Ali Sanlikol - An Elegant Ritual

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Jazz Trotter : Mehmet Ali Sanlikol - An Elegant Ritual

Mehmet Ali Sanlikol
Mehmet Ali Sanlikol
- Christo Tsiaras

“An Elegant Ritual” qui paraît chez Dünya, est le premier enregistrement en trio du pianiste, compositeur et enseignant Mehmet Ali Sanlikol.

Ce nouvel enregistrement approfondit l'approche singulière de Mehmet Ali Sanlikol consistant à fusionner les sonorités de la musique turque avec le langage du jazz contemporain, en trouvant un équilibre entre tradition et innovation. Sur son tout premier enregistrement en trio, le prolifique multi-instrumentiste réalise cette vision avec James Heazlewood-Dale à la contrebasse et George Lernis à la batterie et aux percussions, gongs et bendir (un tambour à cadre en bois typique de la musique du Moyen-Orient).

L'ensemble transcende le format typique du trio avec l'ajout des vocalisations expressives de Mehmet Ali Sanlikol et de son habileté au ney, ainsi qu'avec l'utilisation par George Lernis de gongs indonésiens et du bendir. “An Elegant Ritual” fait suite à l'album “The Rise Up : Stories of Strife, Struggle and Inspiration”, publié par Mehmet Ali Sanlikol en 2020 et acclamé par la critique, qui mettait en vedette son orchestre de jazz Whatsnext ? avec Dave Liebman en soliste.

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Bien que Mehmet Ali Sanlikol se produise régulièrement en petites formations depuis près de deux décennies, il s'agit de son premier enregistrement en trio. Il révèle que ce retard est en partie dû à un désir profond d'innover et de dire quelque chose d'entièrement nouveau dans ce format éprouvé. "Peut-être que mon obsession de vouloir dire quelque chose de nouveau vient du fait que j'ai vu les bustes de Beethoven, Mozart et Chopin sur le piano de ma mère depuis ma plus tendre enfance", dit-il. "Je me rends compte que ce modèle est problématique parce qu'il définit la nouveauté et l'innovation d'une manière eurocentrique, ce qui exprime une sorte d'exotisme local". 

Si “An Elegant Ritual” repousse sans aucun doute les limites, Mehmet Ali Sanlikol a fait un effort conscient pour rester fidèle à la tradition du trio de piano jazz, par respect pour sa riche histoire et son savoir-faire. Dans cet esprit, l'ensemble de l'album a été enregistré dans les conditions du direct, sans overdubs ni effets spéciaux. En outre, des morceaux tels que Invitation - le seul standard présent - et Lost Inside évoquent l'esthétique du trio avec piano en conservant l'instrumentation traditionnelle du jazz, sans ajout d'instruments supplémentaires ou d'influences de musique turque explicite

La structure de l’album est calquée sur celle d'un rituel de derviche tourneur soufi, avec des influences de la pièce phare de John Coltrane, A Love Supreme. Le rituel soufi comporte généralement une composition centrale encadrée par un appel d'ouverture et un morceau préparatoire à l'avant, et deux morceaux rythmés à la fin. Ici, la composition centrale comporte quatre mouvements (comme A Love Supreme) avec des apparitions stratégiques des gongs et du ney. Et comme dans A Love Supreme, Mehmet Ali Sanlikol a voulu insuffler un sentiment de spiritualité dans la musique, une qualité évidente sur le morceau titre en particulier. 

"An Elegant Ritual" présente aux auditeurs des idées et des timbres entièrement nouveaux. "Le duo d'ouverture de la basse et du ney à l'unisson a été réalisé en faisant jouer à la basse les difficiles harmoniques naturelles tout en haut de sa gamme, ce qui complète parfaitement la nature microtonale du ney. D'autre part, l'utilisation des gongs est née il y a plus de 20 ans, lorsque j'ai entendu pour la première fois le gamelan javanais. Après avoir étudié le gamelan javanais pendant plusieurs années et avoir fini par assembler notre propre ensemble de gongs, j'ai écrit le motif de gong et d'usul imbriqués basé sur les structures cycliques de cette tradition, qui sert de base à la composition", décrit Mehmet Ali Sanlikol. S'il a fallu plus de six mois à George Lernis et Mehmet Ali Sanlikol pour trouver, ordonner et disposer correctement les gongs de leur ensemble, la réussite la plus étonnante est que George Lernis a appris à jouer le motif complexe de gong et d'usul imbriqués en très peu de temps et avec une précision étonnante. 

Bien que des instruments comme le ney soient régulièrement utilisés dans des contextes de jazz de nos jours, Mehmet Ali Sanlikol observe qu'il est difficile de réaliser une véritable synthèse entre le jazz et la tradition musicale ethnique. “Après de nombreuses années de jazz suivies d'une longue et intense période de musique turque strictement traditionnelle, je me suis retrouvé à un point où j'ai commencé à "parler" ces deux langages musicaux sur un certain nombre d'instruments et en tant que chanteur", décrit-il. En conséquence, Mehmet Ali Sanlikol a choisi de s’installer au piano tout en improvisant simultanément sur le ney.

On peut entendre la voix de Mehmet Ali Sanlikol notamment dans le Prelude et dans Hasret. Le compositeur décrit son style vocal comme un mélange de l'esthétique turque et du scat, agissant comme un pont entre deux traditions. L'album se termine par le seul morceau non original Invitation, un clin d'œil aux trios de jazz d'antan.
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)

A écouter dans l'émission sur Edouard Ferlet : Édouard Ferlet, le piano, puissance quatre
Open jazz
54 min