Jazz Trotter : Steven De bruyn & Jasper Hautekiet - Aanhou Geraas Maak

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Jazz Trotter : Steven De bruyn & Jasper Hautekiet - Aanhou Geraas Maak

Jasper Hautekiet & Steven De bruyn
Jasper Hautekiet & Steven De bruyn
- Titus Simoens

Concert for One – le premier jour. Sur ces mots, l'harmoniciste Steven De bruyn a monté seul l'escalier du grenier, a fermé le volet de son studio, s'est assis et a soufflé.

Il y a eu le jour deux du confinement, le jour trente, et le jour soixante. Chaque jour où ce confinement nous a empêché de vivre, le Gantois originaire du Limbourg a organisé un Concert for One. Jusqu'à ce que ce soit le moment pour un Concert for Two. ‘Pendant la pandémie, j'ai commencé à réfléchir au fait d'être un musicien quand on ne peut plus se produire en public, dit Steven De bruyn. J'ai remarqué qu'il était important de jouer tous les jours, pour continuer à chercher le bon son. J'aurais pu facilement enregistrer un album tout seul, mais faire de la musique ensemble est le plus beau des cadeaux. ‘

Dès que cela a été possible, Steven De bruyn a fait appel à son partenaire habituel : le contrebassiste Jasper Hautekiet, avec qui il a joué dans le groupe, The Rhythm Junks, pendant quinze ans, et avec qui il a sorti son premier album solo “The Eternal Perhaps” en 2020. “La grande différence”, souligne Steven De bruyn, c'est que cette fois-ci, il s'agissait d'un disque en duo”. Ils ont réservé le Jet Studio à Bruxelles, et ont décidé de ne rien décider : ils allaient improviser. “Contrairement à Steven De bruyn, j'avais un peu oublié la musique pendant la pandémie”, dit Jasper Hautekiet. “Pendant les concerts qui ont suivi The Eternal Perhaps, mon rôle avait déjà pris de l'ampleur, alors j'ai senti que cette fois-ci, nous allions dialoguer ensemble, sans inhibition. Lorsque je me suis retrouvé dans le studio, j'ai été confronté à la question suivante : "Qu'ai-je à dire après des mois d'isolement social ?".

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Le résultat, “ Aanhou Geraas Maak” ( “Continuer  à faire du bruit”), n'est pas une musique instrumentale de fond. Il s'agit d'une musique immersive qui emmène l'auditeur juste sous la surface de l'eau, où la lumière se brise magnifiquement et où les tons sont atténués. Et vous pouvez le prendre au pied de la lettre. Steven De bruyn : "Pendant la pandémie, j'ai reçu une commande de la directrice Cathérine Ongenae. Sa demande : faire de la musique sur des contes populaires concernant des créatures des marais. Je suis donc allé dans des zones marécageuses avec un microphone sous-marin. Cela s'est avéré être une merveilleuse découverte : un monde plein de vie, et du bonheur pour les oreilles. Sur l’album vous retrouverez ces sons dans les titres tels que Wake-Up Call et Fever Dream. “

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Le résultat est un headphone record, tout en profondeur. Les loopers, delays et des microphones à grilles sont leurs jouets préférés. Les amateurs du producteur américain Mitchell Froom et du trio de jazz Martin Medeski & Wood seront comblés.

Tout cela donne à “Aanhou Geraas Maak” une touche cinématographique. ““The Eternal Perhaps” était un film noir, mais contenait aussi beaucoup de mélancolie. Nous voulions nous en débarrasser. Avec “Aanhou Geraas Maak”, nous préférons célébrer la vie. « La musique comme antidote", dit Steven De bruyn. Ce n'est donc pas un hasard si Almost Summer ressemble à un film français des années 1970, avec une lumière jaunâtre.

Le titre de l'album, et la composition du même nom, leur viennent du poète néerlandais Alfred Schaffer, traduit de l’afrikaans. “Ne nous laissons pas pétrifier en ces temps", a-t-il déclaré dans une interview. Vous devez ‘ aanhou geraas maken ‘, continuez à faire du bruit.

De plus, il faut rester créatif malgré les circonstances. Le morceau, qui semble avoir été composé minutieusement mais qui, selon Steven  De bruyn, est un hasard dans lequel il n'a pas maîtrisé les effets sonores, part d'une mélodie ensoleillée mais fait un grand écart : l'entêtement, l'irritation, le chaos et la décompression vous passent en tête - comme un résumé de l'année écoulée.

Speechless est une ode à la solitude que Steven De bruyn recherche de plus en plus. “Je choisis de plus en plus souvent de me retrouver avec moi-même, souvent en marchant. On apprend ainsi à distinguer les sons de la ville, à entendre la musique d'une meule et son écho. De cette façon vous aurez une autre écoute de l’actualité. Le silence est un art perdu” reconnaît Jasper Hautekiet. “Pouvoir se taire ensemble, sans que cela ne devienne inconfortable et sans vouloir combler les silences, est très intime.

Korogocho Flashback ramène Steven De bruyn et Jasper Hautekiet dans un bidonville de Nairobi par lequel ils sont passés autrefois. « J'ai entendu un rythme africain, mais avec une touche“, dit Jasper Hautekiet. “Dans mon esprit, je conduisais le bus pour retourner dans ces vastes bidonvilles, où nous allions jouer dans une école. Pendant un moment, la pauvreté m'a pris complètement au dépourvu, mais après avoir fait de la musique avec les enfants, mes batteries étaient rechargées. Une expérience forte.”

Finalement, Terra incognita était pour nous la découverte d’un nouveau monde. Steven De bruyn : "Quand la basse a commencé, j'ai pensé : c'est un pied sur une planète inconnue. Notre planète, que nous avons découverte ensemble pendant un Concert for Two . Et bientôt : lors des Concerts for Many.”
(extrait du communiqué de presse)

À écouter dans l'émission sur Kit Downes : Kit Downes, les couleurs londoniennes
Open jazz
54 min