Jazz Trotter : William Parker - Universal Tonality

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Jazz Trotter : William Parker - Universal Tonality

William Parker
William Parker
- ©williamparker.bandcamp.com/album/universal-tonality

Un courant constant d'inspiration et de communication ouverte était présent au club Roulette ce soir du 14 décembre 2002. “Universal Tonality”, sorti des archives de William Parker paraît chez Centering Records.

L'idée de la tonalité universelle est venue à William Parker en un éclair. Il fait remonter l'origine du concept à une nuit du début des années 90, lorsqu'il a participé à un spectacle à Philadelphie qui réunissait plusieurs improvisateurs chevronnés, un groupe de didgeridoo et une troupe de danseurs Cherokee. Malgré l'absence de toute répétition ou planification, le spectacle s'était déroulé à merveille. "Tout s'est mis en place sans dire un mot", se souvient William Parker à propos de cette soirée d’il y a 20 ans. "Donc, après ce concert, j'ai dit : 'Wow, c'est la tonalité universelle - le concept selon lequel si nous respirons tous ensemble, nous chantons ensemble.'"

L’exemple concret en est publié chez Centering Records (via AUM Fidelity) sur un nouvel album de William Parker portant le nom du principe lui-même. D'une durée de près de deux heures et comprenant six longues pièces réparties sur deux disques, “Universal Tonality” documente une performance qui a eu lieu à la Roulette, dans le quartier TriBeCa de Manhattan, le 14 décembre 2002 (l'un des derniers concerts dans le loft d'origine du lieu). William Parker a invité 16 musiciens d'âges, de cultures et d'horizons divers à se joindre à lui pour une expérience de "respiration commune". Qu'il incarne un big band s'élevant au-dessus des toits ou un ensemble de chambre interculturel tablant sur l’intimité, le collectif entendu ici fait toujours preuve d'une cohérence et d'une sensibilité impressionnantes. Les résultats de la communion du groupe, qui n'a duré qu'une nuit, peuvent maintenant prendre leur place parmi les nombreuses œuvres marquantes de William Parker pour moyen et grand ensemble, qui couvrent les trois dernières décennies, y compris des pièces précédemment publiées, axées sur la tonalité universelle, comme “Double Sunrise Over Neptune”, enregistré en 2007 et publié l'année suivante, et “Red Giraffe with Dreadlocks” de 2012, publié sur le coffret de 2015 “For Those Who Are, Still”.

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Les musiciens présents sur l'album représentent différents courants de la vie musicale de William Parker. Le violoniste Billy Bang et le multi-instrumentiste Daniel Carter ont travaillé avec le bassiste au sein du Music Ensemble, groupe de l'époque du loft des années 70. Jerome Cooper - surtout connu comme percussionniste du Revolutionary Ensemble - a parfois participé au Music Ensemble, et le batteur Roger Blank (qui, comme Jerome Cooper, joue ici du balafon d'Afrique de l'Ouest) a fait équipe avec William Parker dans un autre collectif des années 70, le Melodic Art-Tet. L'histoire du violoniste Jason Kao Hwang avec William Parker remonte au quartet Commitment du début des années 80, tandis que le pianiste Dave Burrell et le tromboniste Grachan Moncur III - ce dernier est décédé au début de l'année et n'est apparu que rarement sur disque dans les années 2000 - étaient des piliers de l'avant-garde du jazz des années 60 qui avait inspiré le bassiste à ses débuts. Grachan Moncur a également joué dans le premier petit groupe clé de William Parker, In Order to Survive, au début des années 90 ; le saxophoniste Rob Brown, le tromboniste Steve Swell et la chanteuse Leena Conquest ont également fait partie des projets de travail du bassiste dans les années 90 et au début des années 2000. Le batteur Gerald Cleaver, le guitariste Joe Morris et Jin Hi Kim (qui joue du komungo, une cithare coréenne de six pieds) avaient travaillé avec William Parker dans divers contextes et ont continué à le faire jusqu'à aujourd'hui, tandis que Miya Masaoka (qui avait créé un espace pour le koto, une cithare japonaise, dans la musique expérimentale et de libre improvisation) et Cale Brandley étaient des musiciens qu'il admirait et qui se produisaient avec lui ici pour la première fois.

William Parker a écrit une partition pour cette performance à Roulette en 2002, mais il l'a rendue entièrement facultative pour les participants. En parcourant les nombreux moments forts de cet ensemble, il est facile de comprendre à quel point ces musiciens ont été inspirés - et libérés - par le concept ouvert de William Parker. En réfléchissant à ces performances et à son concept de tonalité universelle dans son ensemble, William Parker peut donner l'impression d'exposer une philosophie de vie. Ce qu'il espère en fin de compte, c'est qu'au cours d'un concert donné, comme lors de cette nuit spéciale de 2002, chaque musicien fasse suffisamment confiance à son instinct - et à celui des musiciens qui l'entourent - pour laisser le son trouver sa forme en temps réel.

"C'est comme naviguer avec une voile", explique-t-il. "Tant que le vent souffle, le bateau va. Oh oh, le vent s'arrête, qu'est-ce que je fais ? Jetez un œil à la partition : vous remettez le moteur, juste un peu, et vous continuez. Mais plus tu le fais, plus tu t'entraîne à ne pas avoir peur quand le vent s'arrête. Puis vous réalisez quelque chose de fondamental : le vent ne s'arrête jamais. Il souffle toujours.
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)

À écouter dans l'émission sur Michael Wollny : Michael Wollny, les bons génies
Open jazz
54 min