Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier lancent une pétition pour soutenir le monde de l'opéra
Par Victor Tribot LaspièreLes chanteurs Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier ont écrit une pétition à destination de l'Union européenne et de ses gouvernements pour demander au public de soutenir l'art lyrique et les professionnels du spectacle vivant, durement touchés par les conséquences de l'épidémie de coronavirus.
Deux stars mondiales de l'opéra, Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier, ont exhorté le public à soutenir cet art "fragile" face à la "catastrophe" des théâtres fermés en raison du Covid-19, dans une pétition adressée l'Union Européenne et les gouvernements des pays membres.
Ludovic Tézier sera l'invité de Jean-Baptiste Urbain, mercredi 29 avril dans Musique Matin à 8h50
Jonas Kaufmann, ténor allemand, considéré comme le plus grand de sa génération, et Ludovic Tézier, baryton français de renommée internationale, ont appelé le public à signer cette pétition publiée en cinq langues sur change.org pour apporter son "appui fondamental au présent et à l'avenir du monde lyrique, et, au-delà, à toutes les professions du spectacle vivant, gravement menacées".
Ils l'ont prié d'exprimer son "adhésion à l'idée d'une société où le beau et la culture ne doivent pas disparaître et d'une Europe qui a le devoir de pérenniser le plus beau legs de sa propre civilisation: l'Art".
La pétition rappelle aussi que les multiples productions lyriques diffusées actuellement sur les télévisions et plateformes à titre gratuit "ne sont qu'un expédient face à l'ampleur de la catastrophe que représente l'annulation en série, sans compensation, de tous les contrats artistiques".
"L'art lyrique est consubstantiel à ces 'planches' que deux millénaires n'ont pas usées, et la digitalisation actuelle, pour réconfortante qu'elle soit, n'est, malgré cela, qu'un succédané magnifique à une émotion fragile. Nous, artistes, sommes fragiles, l'opéra est fragile", ont souligné les deux chanteurs.
A travers le monde, maisons d'opéras, théâtres et salles de concert muselés par le coronavirus jusqu'à nouvel ordre et toujours dans le flou quant à la réouverture appellent les gouvernements et les publics à l'aide. La situation est notamment dramatique pour les intermittents du spectacle qui demandent un allongement d'un an, à compter de la réouverture des salles, pour recharger leur droit à l'allocation chômage.
Alors que les subventions culturelles étaient déjà à la baisse depuis quelques années dans plusieurs pays européens, les scènes craignent davantage de coupes dans l'aide publique post-épidémie. A cela s'ajoute la question de savoir si en septembre, le public d'opéra et de théâtre sera au rendez-vous.
Aux Etats-Unis, où les aides publiques à la culture sont quasi-inexistantes, de nombreux théâtres et maisons d'opéra font face à une menace existentielle. La plus importante maison d'opéra américaine, le Metropolitan Opera de New York, accuse à lui seul des pertes de l'ordre de 60 millions de dollars en raison des annulations.
Samedi, la maison a organisé un gala virtuel avec une quarantaine de chanteurs lyriques confinés à travers le monde, dont Jonas Kaufmann.
Avec AFP