Grand maître du répertoire symphonique romantique, Bernard Haitink nous a quittés le 21 octobre 2021 à l’âge de 92 ans. Au cours de sa carrière, il a notamment dirigé l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre Philharmonique de Londres et la Staatskapelle de Dresde.
Pendant sa longue carrière, des années 1950 à 2019, Bernard Haitink a dirigé les orchestres les plus réputés, notamment le prestigieux Concertgebouw d’Amsterdam, à la tête duquel il est resté pendant 27 ans.
Il a en partie consacré sa carrière aux grandes symphonies du XIXe siècle, entre autres celles de Beethoven, Brahms, Mahler, tout en excellant dans le répertoire lyrique, un genre abordé à la quarantaine.
Du violon à la direction
Bernard Haitink voit le jour le 4 mars 1929, à Amsterdam. Sa vocation musicale se dessine dès l’âge de huit ans, quand il assiste à un concert dirigé par le chef néerlandais Willem Mengelberg. Dans un premier temps, Bernard Haitink s’essaie au violon, suit des cours au Conservatoire d’Amsterdam, puis fait ses débuts à l’Orchestre Symphonique de la Radio Néerlandaise.
Très vite pourtant, il se passionne pour la direction, qu’il étudie aux côtés de Felix Hupka, puis de Ferdinand Leitner qui lui confie le poste de second chef de l’Orchestre de l'Union des radios néerlandaises en 1955.
27 ans à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Un an plus tard, il fait ses débuts avec l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam et, en 1959, âgé de 30 ans, il remplace le chef Eduard von Beinum, récemment décédé, pour un concert anniversaire célébrant les 75 ans de l’Orchestre, qu’il dirige pour la première fois dans la musique de Gustav Mahler. Cette rencontre musicale avec Mahler est une révélation, il sera d’ailleurs l’un des premiers chefs à enregistrer l’intégrale de ses symphonies. Bernard Haitink devient officiellement chef principal du Concertgebouw d’Amsterdam en 1961 et restera à sa tête pendant 27 ans.
Au cours de sa carrière, il est amené à diriger d’autres orchestres prestigieux parmi lesquels l’Orchestre Philharmonique de Londres, dont il devient chef principal en 1967, jusqu’en 1979.
Il s’intéresse en particulier au répertoire symphonique des compositeurs romantiques, et enregistre notamment les intégrales des symphonies de Johannes Brahms, Ludwig von Beethoven, Gustav Mahler, Anton Bruckner, mais aussi les symphonies de Chostakovitch, les poèmes symphoniques de Franz Liszt ou encore les ballets de Stravinsky.
Pas de côté vers l’opéra
À partir de 1972, Bernard Haitink s’oriente vers l’opéra et en 1978, il prend les rênes du Festival de Glyndebourne, où il restera jusqu’en 1988. Il devient également directeur musical du Royal Opera House de Covent Garden à Londres. Il excelle tant dans la direction lyrique qu’il reçoit un Grammy pour son interprétation de l’opéra Jenufa de Janacek en 2003.
En 2002, il devient directeur musical de la Staatskapelle de Dresde, puis quatre ans plus tard, il est nommé chef principal de l’Orchestre Symphonique de Chicago aux côtés du chef Pierre Boulez. Entre-temps, il est invité à diriger d’autres formations comme l’Orchestre Symphonique de Londres et l’Orchestre National de France à plusieurs reprises : il produit notamment avec ce dernier un enregistrement de référence de Pelléas et Mélisande.
Fin de carrière
En juin 2018, il fait une chute à l’issue d’un concert avec l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, événement qui précipite sa décision de mettre fin à sa carrière. Comme il le confiait au journal Volkskrant, « Je ne veux pas qu’on dise de moi 'il est gentil mais il devrait s’arrêter là’ ».
Sa carrière prend officiellement fin le 6 septembre 2019 à l’occasion d’un concert à Lucerne, en Suisse, avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Alors âgé de 90 ans, il dirige le Quatrième Concerto pour piano de Beethoven avec le pianiste Emmanuel Ax et la Septième Symphonie de Bruckner.
France Musique rend hommage à l'immense chef d'orchestre tout au long des prochains jours.