Il était l’un des plus grands compositeurs américains du XXe siècle. À 95 ans, Carlisle Floyd est décédé ce jeudi 30 septembre. Il laisse derrière lui une longue carrière imprégnée de la musique du Sud : les hymnes des réunions de réveil, les chansons folkloriques et les chansons de campagne.
De son enfance en Caroline du Sud, Carlisle Floyd a longtemps conservé les traditions religieuses : des chansons folkloriques aux réunions de réveil. Autant de thèmes qui ont façonné ses opéras. Pourtant, il était « horrifié, comme il le déclarait en 1998 au New York Times, par la coercition de masse, les gens étant forcés de se conformer à quelque chose contre leur volonté sans jamais savoir ce qu'on leur demandait de confesser ou de recevoir. »
En 1955, il compose son opéra le plus connu : Susannah, à partir de l'histoire apocryphe de Susanna et des Anciens. Avec ses hymnes, ses danses carrées et ses arias simulant des chansons traditionnelles, Susannah a connu une renommée nationale au New York City Opera. Cette composition a remporté le prix du Cercle des critiques musicaux de New York, a été présentée à l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 comme un exemple exceptionnel d'opéra américain et, au fil des ans, est devenu un des opéras favoris des compagnies régionales, l'un des plus joués de la scène musicale américaine.
Comme tous les opéras de Floyd – plus d’une douzaine en tout - Susannah était imprégnée de la culture du Sud des Etats-Unis, examinant le Sud de l'après-guerre de sécession, la Grande Dépression et la vie dans les petites villes. Des œuvres telles que Susannah, Of Mice and Men et Cold Sassy Tree ont ouvert les salles d'opéra au répertoire de la province américaine. Pourtant, les critiques new-yorkais étaient négatifs à l'égard de sa musique, voire de sa narration. En 1999, quatre décennies et quelque 800 représentations régionales après sa création, Susannah a finalement été présenté au Metropolitan Opera de New York, le panthéon du grand opéra américain.
Une figure nationale de la musique régionale
La même année, David Gockley, alors directeur général du Houston Grand Opera et admirateur de longue date de l'œuvre de Carlisle Floyd, a déclaré à Opera News que les critiques new-yorkais étaient « injustes » envers les compositeurs comme Floyd. « Carlisle Floyd est le plus grand compositeur d'opéra d'Amérique, insistait Gockley. Si vous ne faites pas partie de l'establishment du Nord-Est, et plus particulièrement de la scène new-yorkaise, vous n'avez aucun statut. Parce que Floyd a toujours vécu et enseigné en Floride ou à Houston, il a été considéré comme une figure régionale, alors qu'il est en fait une figure nationale. »
Carlisle Floyda reçu la National Medal of Arts des mains du président George W. Bush à la Maison Blanche en 2004. En 2008, il a été nommé, avec le chef d'orchestre James Levine et la soprano Leontyne Price, parmi les premiers lauréats de la National Endowment for the Arts pour l'ensemble de leur carrière dans le domaine de l'opéra. Ce jeudi 30 septembre, à Tallahassee, en Floride, où il résidait depuis des décennies, Carlisle Floyd est décédé. L’annonce a été faite dans la journée par son éditeur, Boosey & Hawkes, qui n'a pas communiqué la cause de sa mort.