La Culture se fait une place dans le Grand débat national

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La Culture se fait une place dans le Grand débat national

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5 février 2019 à Vesoul en Haute-Saône. Franck Riester, ministre de la Culture, prend la parole lors d'une réunion publique organisée dans le cadre du Grand débat national
5 février 2019 à Vesoul en Haute-Saône. Franck Riester, ministre de la Culture, prend la parole lors d'une réunion publique organisée dans le cadre du Grand débat national
© Maxppp - Alexandre Marchi

Absente du Grand débat national, la Culture fait enfin son entrée dans cette consultation citoyenne. A l'initiative de Beaux Arts Magazine et de la Fondation du Patrimoine, acteurs culturels et particuliers pourront s'exprimer via une plateforme numérique et lors de réunions publiques.

Elle était considérée comme la grande absente du débat national. L'injustice vient enfin d'être réparée par l’initiative commune de Beaux Arts Magazine et la Fondation du Patrimoine. Depuis lundi 18 février 2019, la Culture a enfin son grand débat. Une plateforme numérique a été lancée pour recueillir les propositions des acteurs culturels, des artistes et des citoyens. Elle recense également les dates des réunions publiques qui se tiendront partout en France.

Les deux organisateurs du débat ont retenu trois thématiques à partir desquelles il sera possible de s'exprimer : La culture pour tous, l’éducation artistique et culturelle, et le patrimoine. « Avec beaucoup de regrets, nous avons constaté que la Culture était absente des thématiques explorées par le Grand débat national, explique Frédéric Jousset, propriétaire de Beaux Arts Magazine et co-organisateur du Grand débat de la Culture_. Pourtant il y a bel et bien une fracture culturelle, au même titre que la fracture sociale ou numérique. Quand on regarde la composition des publics qui viennent dans les centres culturels, musées, salles de concert, théâtres, cinémas, on remarque qu'il y a une surreprésentation de certaines catégories sociales. Aujourd'hui, on se rend compte que cette volonté de démocratisation culturelle qui avait présidé au ministère de la Culture avec André Malraux en 1959 arrive à une forme d'échec. Et on voit avec le phénomène des Gilets jaunes qu'il y a urgence à agir »._

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Frédéric Jousset, en association avec la Fondation pour la patrimoine, pointe des problèmes comme le fait que les classes défavorisées bénéficient moins de l'offre culturelle, ou l'inégale répartition de la culture sur le territoire. Des problèmes qui font écho aux principales revendications des Gilets jaunes dans les domaines économiques et sociaux. Frédéric Jousset émet des propositions qui sont chères à la vision que défend Beaux Arts Magazine, comme « accroître l'accessibilité des horaires des équipements culturels » ou « créer des structures mobiles permettant la diffusion d’œuvres ».

Remettre la culture au cœur du débat citoyen

Depuis lundi 18 février et jusqu'au 15 mars, les utilisateurs de la plateforme numérique du Grand débat de la Culture peuvent publier des propositions pour améliorer l’accès à la culture. Chacun peut ensuite commenter, voter pour ou contre. C’est ce qu’a fait Stéphane Cuttaïa, coordinateur de C’est déjà ça, un café culturel associatif situé à Saâcy-sur-Marne, village de 1 800 habitants de Seine-et-Marne. Concerts, expositions, conférences, débats, etc. Malgré l'absence de subventions de la part de l'Etat, le lieu se bat pour maintenir une offre culturelle dans un territoire totalement vampirisé par la proximité de Paris.

Nous avons l'impression d'être ignoré par le ministère de la Culture

Stéphane Cuttaïa espère donc un meilleur soutien des lieux culturels dans les territoires ruraux et périphériques et l'a fait savoir sur la plateforme du Grand débat. Proposition qui est à ce jour l'une des plus appréciée par les utilisateurs. « Nous avons l'impression d'être ignoré par le ministère de la Culture et nous n'avons pas le sentiment d'avoir l'écoute des dirigeants politiques. Ils sont beaucoup plus axés sur les scènes nationales, tout ce qui est prestigieux. Alors que les cafés culturels sont inscrits dans la vie locale. Nous souhaitons avoir un minimum de reconnaissance parce que nous sommes des lieux de rencontres, de débats, d'échanges et ce genre de lieux devraient exister dans tous les quartiers, dans tous les villages de France. Hors, c'est le contraire qui se passe ». 

Stéphane Cuttaïa explique que son café culturel associatif, comme les 64 autres du réseau national, ne peut pas répondre aux appels à projets du ministère de la Culture puisqu'ils ne « correspondent pas à un établissement associatif de ce type ». Idem avec le ministère de la Cohésion social en raison des « limites budgétaires ». Stéphane Cuttaïa espère pouvoir se rendre à la réunion publique organisée le mardi 5 mars à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et pouvoir rendre compte de la réalité de la place de la culture en milieu rural. 

Réunion à laquelle assistera Franck Riester, ministre de la Culture, qui a déclaré encourager « tous les artistes et les acteurs culturels, publics ou privés à participer » au Grand débat. Il a ajouté qu'il sera « particulièrement attentif aux propositions qui en ressortiront ». Après le 15 mars, date de clôture de la plateforme numérique, un rapport viendra compiler une cinquantaine de propositions choisies parmi les plus soutenues et les plus débattues. Le 15 avril, ce rapport sera remis entre les mains d'Emmanuel Macron et Franck Riester.