Au-delà des bouquets de fleurs et des pots en pâte à sel, la Fête des Mères est surtout une vieille tradition qui puise ses origines dans la mythologie grecque. Des histoires de guerre et de déesses qui ont beaucoup inspiré les compositeurs...
C’est une tradition : chaque dernier dimanche de mai, en France, on célèbre la Fête des Mères. Cadeaux, fleurs, chocolats ou fameux colliers de nouilles fabriqués sur les bancs de l’école… tout est bon pour faire plaisir aux mamans.
Simple argument commercial ? Pas seulement, car les origines de cette tradition remontent bien plus loin que l’avènement de la publicité et de la consommation. On célébrait déjà les mères du temps de l’Antiquité…
Rhéa et Cybèle, mères mythiques
Le titan Cronos a l’esprit pratique : puisqu’on lui prédit qu’il sera tué par l’un de ses fils, il dévore chacun de ses enfants. Heureusement, une mère veille.... Il s’agit de son épouse, Rhéa, fille de la Terre (Gaïa) et du Ciel (Ouranos). Elle décide de protéger et cacher son dernier né, Zeus, en donnant à son mari une pierre enveloppée dans un lange. Cronos avale la pierre, Zeus grandit, revient venger ses frères, et ainsi débute le règne du plus important dieu de la mythologie grecque.
Près de deux mille ans plus tard, le thème de 'mère de Dieu', la mère originelle et cosmique, inspire toujours. En 1976, le compositeur britannique John Tavener en fait d'ailleurs une oeuvre, Canticle Of The Mother of God.
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Dans la mythologie romaine, Rhéa prend le nom de Cybèle. La déesse est célébrée à travers tout l’empire, en particulier à Rome, et une grande fête annuelle lui est consacrée. Cybèle est la « Mère des Dieux », la « Grande Mère » : elle symbolise la fertilité, la nature, et peut influencer la reproduction des plantes comme des hommes.
La déesse Cybèle est aussi connue pour s’être éprise du berger Attis, alors que ce dernier est promis à une autre : la nymphe Sagaritis. Une histoire d’amour et de jalousie racontée par le poète latin Ovide, mais aussi - bien des siècles plus tard, en 1676 - par l’opéra Atys de Jean-Baptiste Lully.
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Avec la fin de l’Antiquité et l’avènement du christianisme en Europe, les fêtes données en l’honneur de la « Grande mère » sont supprimées du calendrier. Le Dieu unique n’a plus de mère, mais il a un fils, Jésus, mis au monde par la Vierge Marie.
Côté musique, les inspirations religieuses prédominent jusqu’à la Renaissance, et on ne compte plus les diverses versions du Ave Maria, prière pour Marie.
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La Fête des Mères, made in USA
Il faut attendre le début du XXe siècle pour que ressurgisse l’idée d’une Fête des Mères. Aux Etats-Unis, une jeune femme du nom d’Anna Jarvis, qui évolue dans le milieu très masculin des assurances, lance l’idée d’un hommage national (et religieux).
Le Mother’s Day naît dans une petite ville de l’état de Virginie, sous l’impulsion de la très décidée Anna Jarvis qui ira jusqu’à contacter journalistes, sénateurs et autres personnalités d'influence pour que la tradition soit reconnue par le gouvernement américain. Des efforts qui portent leur fruit, puisque le 8 mai 1914, le Mother’s Day est déclaré journée nationale.
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« Parfois je me sens comme un orphelin, quand je suis loin, très loin de chez moi » chante Louis Armstrong, dans les années 1950. Et ce n’est pas sans faire écho à la vocation première du Mother’s Day : citoyenne, humaniste. Car Anna Jarvis avait évidemment en tête l’idée de rendre hommage aux mères, mais aussi d’apporter présence et soutien à ceux qui n’en avaient pas. Elle regrettera d’ailleurs la tournure commerciale de son Mother’s Day, devenu un simple prétexte d’achats et de cadeaux.
La Fête des Mères, version cocorico !
En France, dans la première moitié du XXe siècle, le gouvernement doit faire face à une inquiétante baisse de la natalité. Les Français font moins d’enfants, la Grande guerre a décimé une partie de la population et les femmes occupent une nouvelle place dans la société en participant à l’effort de guerre (dans les usines, par exemple).
Après 1918, la France doit reconstituer ses forces vives. A vos postes, Mesdames ! Mais celui-ci n’est pas au front ou au travail, le gouvernement vous prie de bien vouloir regagner votre foyer. Et si en 1929, la Fête des Mères est inscrite au calendrier national, c’est toujours dans l’idée d’encourager la natalité.
« Écoutez, ô Français, les leçons de la guerre
Et faites des enfants, vous qui n'en faisiez guère »
Final des Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc, d'après la pièce homonyme de Guillaume Appollinaire.
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Celui qui va totalement adopter le concept de Fête des Mères, c’est le Maréchal Pétain. La représentation traditionnelle de la femme au foyer, l’image du sexe féminin avant tout (pour ne pas dire seulement) voué à procréer… cela correspond bien à la devise officielle de son gouvernement : “travail, famille, patrie”.
Après la Seconde guerre mondiale et la chute du régime de Vichy, la Fête des Mères se maintient au calendrier, car elle est populaire. Elle est même officialisée par un texte de loi en mai 1950, sous la IVe République.
Puis arrivent les Trente Glorieuses, la société de consommation et la publicité qui s’empare aussitôt de ce parfait argument commercial. La Fête des Mères, c’est une occasion de plus pour consommer, acheter un parfum, des chocolats, un maillot de bain ou, même, de la lessive. De quoi énerver, un peu beaucoup, à la manière de la Reine de la Nuit, la plus célèbre des colères maternelles de l’histoire de la musique.
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