La lutherie à Mirecourt (Vosges) rayonne à travers six jeunes musiciens
La région Grand-Est souhaite mettre en avant le savoir-faire des luthiers de Mirecourt, dans les Vosges. Lors d'une cérémonie organisée à la Philharmonie de Paris, six jeunes musiciens de la région ont reçu des instruments à corde fabriqués par des luthiers de la ville.
C'est le berceau de la lutherie en France : Mirecourt, dans les Vosges, est une commune de 5 400 habitants où sont installés l’école nationale de la lutherie et six ateliers de luthiers et archetiers.
La région Grand-Est a décidé de mettre en valeur ce savoir-faire en remettant des instruments à six jeunes musiciens. Deux violons, trois altos et un violoncelle, fabriqués par des artisans de Mirecourt, ont été remis lors d'une cérémonie donnée à la Philharmonie de Paris le mercredi 13 février.
Les six jeunes, âgés de 16 à 26 ans, ont été sélectionnés en fonction de leur mérite et de leur potentiel artistique. Parmi eux, Eleni Fakaj, réfugiée albanaise et originaire de Metz, a reçu un violon : « Quand je suis arrivée d'Albanie, je n'avais pas de papiers, j'étais dans une situation très compliquée et je ne pouvais pas acheter un violon de 15000 euros. J'ai vraiment de la chance d'avoir cet instrument, je remercie le professeur qui m'a aidée pour faire les demandes et le luthier qui a fait un magnifique travail, c'est un violon extraordinaire », confie la jeune violoniste qui souhaite intégrer le Conservatoire de Paris.
Mirecourt, capitale de la lutherie depuis le XVIe siècle
Le violon d'Eleni Fakaj a été réalisé par Alain Carbonare, maître luthier à Mirecourt depuis 30 ans. « Ce projet met en valeur la musique et notre patrimoine en aidant les jeunes talents. Il faut souligner ce patrimoine pour que tout le monde le sache. C'est une renommée, une marque : c'est comme une écharpe Louis Vuitton, il y a les copies et les originaux », compare Alain Carbonare, dont le fils Antoine est également luthier à Mirecourt.
Les instruments sont prêtés aux jeunes musiciens pour une durée de trois ans renouvelable. Eva Garnet, 17 ans, originaire de Nancy, souhaite se perfectionner en musique contemporaine avec son nouveau violon : « Ce qui est bien avec ces instruments, c'est qu'ils s'adaptent à nous et à notre personnalité, contrairement à des instruments qui auraient été faits en avance ou qui auraient été de moins bonne qualité. Cela nous permet de nous épanouir et de développer un jeu qui pourrait peut-être faire la différence pour des concours. En tout cas, cela nous motive à travailler pour sortir le meilleur de l'instrument et ne plus avoir de barrière matérielle », explique Eva Garnet, qui vise le Conservatoire de Paris ou de Lyon.