La malédiction de la neuvième symphonie

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La malédiction de la neuvième symphonie

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Page de garde la Neuvième symphonie de Beethoven
Page de garde la Neuvième symphonie de Beethoven
© Getty

La 9e symphonie est à la musique classique ce que la malédiction de la momie est à l’égyptologie. Aucun compositeur jusqu'au milieu du XXe siècle n'est parvenu à dépasser la création de neuf symphonies, sauf un... Véritable fatalité ou malheureuses coïncidences ?

Cent vingt-neuf ans, sept mois et dix jours : c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que Chostakovitch achève la composition de plus de neuf symphonies depuis la mort de Beethoven. Selon la légende, aucun compositeur ne serait parvenu à aller au-delà, et ceux qui l’auraient tenté seraient morts peu de temps après... Le mythe de la malédiction est en marche.  

Ludwig van Beethoven instaurant la malédiction après avoir écrit sa neuvième symphonie
Ludwig van Beethoven instaurant la malédiction après avoir écrit sa neuvième symphonie
© Getty

« Mais que peut-on encore faire après Beethoven ? »  

Derrière cette phrase du jeune Franz Schubert (il avait 15 ans) transparaissent  le désarroi et l’admiration des compositeurs à l’égard de la neuvième symphonie. Elle est celle de tous les excès, représente la quintessence et l’apogée de l’art de Beethoven. Personne ne peut aller au-delà et les compositeurs sont effrayés à l’idée de se mesurer au maître et de passer après lui.  

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« Vous ne savez pas quelles sensations nous, les  compositeurs, nous éprouvons lorsque nous entendons derrière nous les  lourds pas d'un géant comme Beethoven. » Johannes Brahms. 

Ses successeurs écrivent pour des orchestres plus denses, avec plus de cuivres, l’ajout d’un chœur. Ce sera toujours par la surenchère qu’ils  tenteront de le dépasser. Mais la comparaison avec La Neuvième plane telle une épée de Damoclès.  

Esquives et tentatives 

Lorsqu’il entend la première symphonie de Brahms, le critique Hans von Bülow, critique de l'époque, parle de “dixième symphonie”. Mais le compositeur en écrira seulement quatre, et préfère donner une part plus importante à la musique de chambre et à la musique vocale. Wagner lui, n’en composera que deux, préférant suivre la voie de l’opéra.  

Schubert a officiellement composé dix symphonies. La dernière a été reconstituée à partir de fragments, une est dite « inachevée » et la septième a été complétée par deux chercheurs. Mais celui qui a permis d’alimenter la rumeur d’une malédiction est Mahler, qui tente de déjouer le sort. Quand il compose sa neuvième symphonie, il décide de ne pas la numéroter et entame sa dixième en lui attribuant le chiffre maudit. Mais le destin n’est pas dupe, et il mourra avant de l'avoir fini. 

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Le cas Bruckner 

Le compte de ses trois premières symphonies se fait comme le compte des pompes à l’armée : la première est une pour s’entraîner, la seconde est la première validée, et la troisième ne compte pas car il fallait reprendre à zéro. Si l'on omet les numéros attribués par le compositeur, on dénombre en réalité onze symphonies. La première symphonie qu’il compose est une “symphonie d’étude” selon ses notes. Celle qui a droit à  l’attribution de “première symphonie” est la suivante écrite en 1865. En revanche, la troisième composée quatre ans plus tard ne compte pas et est connue sous le nom de « symphonie n°0 ». Volontairement ou non, Bruckner écrit sa neuvième et dernière symphonie en ré mineur, la même tonalité que celle de Beethoven, mais mourra avant de l’achever. 

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En conclusion 

Si l’on s’en tient aux compositeurs que l’Histoire a retenus et que seules  les symphonies numérotées comme le voulait leur auteur, complètes ou non, sont prises en compte alors oui, effectivement, aucun compositeur n’a su écrire plus de neuf symphonies sans trépasser. Seuls deux  compositeurs parmi les plus célèbres sont morts avant d’avoir pu dépasser ce chiffre, ce qui reste minime pour parler de malédiction. Quant aux autres, s’ils n’ont jamais atteint ce seuil, c’est parce qu’ils se sont investis dans d’autres répertoire pour leur livrer des chefs-d'œuvre.