"La Symphonie neuronale"-Sélection du Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2021
Par Maud NourySélectionné, pour le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2021, "La Symphonie neuronale" d'Emmanuel Bigand & Barbara Tillmann est publié chez Humensciences.
- Le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel (anciennement Prix des Muses), a choisi cet ouvrage pour La Sélection 2021.
Les auteurs
Emmanuel Bigand a été musicien d’orchestre et il est aujourd’hui professeur de psychologie cognitive, membre de l’Institut universitaire de France rattaché à Dijon au laboratoire CNRS de l’apprentissage et du développement. Il s’est spécialisé dans l’étude des processus cognitifs impliqués dans la perception de la musique.
Barbara Tillmann est directrice de recherche au CNRS au Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Ses travaux ont contribué à révéler le rôle bénéfique de la musique dans le traitement de certains troubles cognitifs. Elle est médaille d’argent du CNRS 2016.
Le livre
À quoi sert la musique ? Sans doute seriez-vous tenté de répondre qu’il s’agit d’un passe-temps agréable ou d’un art, mais rien de vraiment essentiel.
Pour la première fois, un livre démontre le contraire. La musique est une nécessité biologique pour l’être humain : elle contribue à construire notre cerveau et a probablement joué un rôle décisif pour la survie de l’espèce.
En racontant les découvertes scientifiques majeures de ces vingt dernières années, les auteurs expliquent comment la musique relie, même avant la naissance, notre intelligence cognitive à notre intelligence affective, et crée une « symphonie neuronale » aux multiples bienfaits pour l’éducation et la santé tout au long de l’existence. La musique contribue au développement de l’enfant, favorise la sociabilité et s’avère être un excellent soutien scolaire. Elle permet de lutter contre le vieillissement cognitif et de remédier aux pathologies du cerveau.
- Quelle est la place de cet ouvrage dans votre carrière ?
Cet ouvrage est l'aboutissement d'un travail de recherche minutieux que nous avons menée en commun pendant un quart de siècle avec notre communauté scientifique. Personne n'imaginait alors que la musique s'enracinait profondément dans le cerveau et qu’elle pouvait avoir autant d’influence sur le développement de facultés cognitives et socio affectives générales des individus. Au cours des nombreux contrats de recherche que nous avons fédérés, dont le contrat européen EBRAMUS qui s’achève en 2014 par le congrès international des neurosciences de la musique à Dijon, nous avons cherché à comprendre pourquoi il en était ainsi et quelles étaient les implications de ces découvertes pour la société. Comme dans un roman policier, nous sommes allés de découvertes en découvertes surprenantes, et c’est cela que résume notre livre.
- Qu’avez-vous cherché à montrer avec cet ouvrage ?
Ce livre invite à repenser la musique dont la fonction reste mal comprise en occident. La musique est beaucoup plus qu’une activité de divertissement ou une activité artistique. C’est une forme de peau à peau sonore biologiquement indispensable pour l’évolution de l’espèce humaine qui induit une synergie bénéfique entre cognition, affect et action. Le plaisir qu’elle procure est neuro-physiologiquement identique à celui créé par les stimuli biologiquement pertinents. De fait, elle nous accompagne et façonne nos cerveaux bien avant la naissance, elle provoque un feu d’artifices d’effets incroyablement diversifiés sur le cerveau tout au long de la vie. Elle redonne la mémoire ou la marche à ceux qui l’ont perdu, elle facilite les acquisitions scolaires et la socialisation des enfants, elle régule les émotions des bébés, et contribue à diminuer la médicamentation dans de nombreuses pathologies.
- Quels sont vos prochains projets ?
Il nous faut désormais aller plus loin et expliquer comment la société peut tirer le meilleur parti de ces découvertes tant dans le domaine de l’éducation et de la santé, et dans la vie quotidienne. Le livre explique les avantages à musicaliser l’éducation, à lutter contre le vieillissement cognitif de la population et à accompagner de nombreuses pathologies cérébrales et plus généralement à favoriser le bien être. Il faut maintenant expliquer comment s’y prendre pour mettre cela en œuvre. Les recherches progressent et permettent aujourd’hui de démocratiser les pratiques musicales pour que tout un chacun puisse, quelque soit son âge et ses moyens, prendre plaisir et bénéficer des effets de la musique. Cela ouvre des perspectives considérables pour les métiers de la musique dont l’apprentissage doit être entièrement repensé.